Ferrari aux 24 Heures du Mans 1960-1965 (5/6) – Trois patrons d’écurie, trois pionniers
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Ferrari aux 24 Heures du Mans 1960-1965 (5/6) – Trois patrons d’écurie, trois pionniers

Il y a soixante ans, Ferrari remportait le premier de ses six succès consécutifs aux 24 Heures du Mans, de 1960 à 1965. Un cycle dominateur encore jamais vu dans la Sarthe qui, s’ajoutant aux victoires déjà conquises en 1949, 54 et 58, allait permettre au constructeur italien de dépasser Bentley et Jaguar, à l’époque codétenteurs du record de victoires aux 24 Heures avec cinq succès chacun. Ce cinquième chapitre se penche sur trois fortes personnalités qui ont enrichi le fabuleux palmarès de Ferrari pendant cette période.

Par leurs activités parallèles d’importateurs et de patron d’écurie, l’Italo-Américain Luigi Chinetti, le Belge Jacques Swaters et le Britannique Ronnie Hoare ont contribué à la fois au rayonnement de Ferrari aux 24 Heures du Mans et au développement commercial de la marque sur les routes.

Luigi Chinetti, le précurseur – Triple vainqueur en tant que pilote (1932, 34 et 49), Luigi Chinetti est aussi l’homme qui a convaincu Enzo Ferrari de l’importance du marché américain, tout particulièrement avec des GT personnalisées pour leurs propriétaires, aujourd’hui adjugées à prix d’or dans les ventes aux enchères. Il devient également propriétaire d’écurie avec le NART (North American Racing Team), qui figure régulièrement dans le peloton de tête des 24 Heures du Mans de 1960 à 1965. En 1960, l’équipe de Luigi Chinetti termine deuxième (Ricardo Rodriguez-André Pilette), cinquième (George Arents-Alan Connell Jr) et septième (Ed Hugus-Augie Pabst). En 1963, Pedro Rodriguez signe la première pole position de l’histoire des 24 Heures au volant d’une Ferrari du NART. Et en 1965, outre la victoire de Masten Gregory et Jochen Rindt, Pedro Rodriguez et Nino Vaccarella sont septièmes. La place de Luigi Chinetti dans l’histoire des 24 Heures du Mans est singulière à double titre. Après avoir signé pour Alfa Romeo la première victoire sarthoise d’un constructeur italien, il offre en tant que pilote son premier succès à Ferrari en 1949, puis son dernier en date en 1965 en tant que propriétaire d’écurie.

Jacques Swaters, un autre jaune pour Ferrari – Le jaune est doublement historique dans la saga du sport automobile et des 24 Heures du Mans : couleur de la ville de Modène, terre natale d’Enzo Ferrari, et aussi de la Belgique, à l’époque où une couleur unique d’une voiture de course identifiait un pays avant l’arrivée du sponsoring. Ce jaune était ainsi arboré par les voitures de Jacques Swaters, devenu en Belgique, grâce à son Garage Francorchamps, le premier importateur Ferrari basé sur le continent européen, après une belle carrière de pilote. De 1960 à 1965, les Ferrari jaunes de Jacques Swaters sont des pensionnaires régulières du top 10 et même du podium, avec une série de superbes résultats. Après avoir terminé troisième en 1962, deuxième en 1963 puis cinquième en 1964, Jacques Swaters passe tout près de la victoire en 1965. A la lutte avec la Ferrari 250 LM des futurs vainqueurs Gregory-Rindt (NART), celle de Pierre Dumay et Gustave Gosselin perd la tête de la course sur un déchappage de son pneu arrière droit le dimanche en fin de matinée. Elle termine finalement deuxième, devant une autre Ferrari belge, la 275 GTB de Willy Mairesse-Jean Blaton. Par la suite, Jacques Swaters sera jusqu’à son décès en 2010 l’un des plus précieux gardiens de la mémoire du cheval cabré, sollicité notamment lors de la création de Ferrari Classiche, le département dédié à la restauration et à la certification officielle des Ferrari anciennes.

Maranello Concessionaires, Ferrari à l’anglaise – En devenant l’importateur du cheval cabré au Royaume-Uni, Ronnie Hoare est le troisième pionnier du développement de Ferrari. En 1958, il fait l’acquisition d’une 250 GT auprès de Mike Hawthorn. Pilote Ferrari en Formule 1 à cette époque et ancien vainqueur des 24 Heures (en 1955 sur Jaguar), ce dernier envisageait d’en importer en Grande-Bretagne après sa retraite de pilote. Mais il trouve prématurément la mort dans un accident de la route en 1959. Ronnie Hoare décide alors de reprendre cette activité et fonde en juillet 1960 Maranello Concessionaires. Par la suite, son implication en compétition voit Ronnie Hoare rejoindre le NART et l’Ecurie Francorchamps comme partenaire privilégié de Ferrari aux 24 Heures du Mans. En 1963, la première apparition sarthoise de Maranello Concessionaires s’achève sur la cinquième place de la 330 LMB de Jack Sears et Mike Salmon. En 1964, les Ferrari de Ronnie Hoare adoptent pour la première fois leurs couleurs distinctives rouge à bande bleu ciel et signent le meilleur résultat de l’écurie au Mans avec Jo Bonnier-Graham Hill (2e) et Innes Ireland-Tony Maggs (6e). Après un double abandon en 1965, l’autre haut fait de Maranello Concessionaires au Mans est une victoire de catégorie pour la 275 GTB/C de Piers Courage et Roy Pike, première Ferrari classée (8e du général) en 1966.

Trois importateurs, trois propriétaires d’écuries… trois anecdotes – Deux générations de Chinetti ont disputé les 24 Heures du Mans. Outre les victoires de Luigi père en tant que pilote puis propriétaire d’écurie, son fils Luigi Jr, dit « Coco », compte trois participations sarthoises. Son meilleur résultat est une cinquième place en 1971 dès son premier départ, au volant d’une Ferrari 365 GTB4 partagée avec Bob Grossman. En 1970, Jacques Swaters était en charge des Ferrari 512 utilisées pour le tournage de Le Mans, à la suite du refus d’Enzo Ferrari de s’impliquer dans la production d’un film dont le scénario… offrait la victoire à une Porsche 917 ! Dans le monde du sport automobile et des passionnés de l’histoire de Ferrari, Ronnie Hoare était connu sous le surnom du « Colonel », en référence à son passé dans l’armée britannique, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale.

PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS. De haut en bas : engagée par le NART, la Ferrari de Pedro et Ricardo Rodriguez (n°17) est en 1961 le plus coriace adversaire de celle des futurs vainqueurs Olivier Gendebien-Phil Hill (n°10). En 1965, la 250 LM de Pierre Dumay-Gustave Gosselin (Ecurie Francorchamps, n°26) porte sur son aile arrière les stigmates du déchappage qui lui a probablement coûté la victoire. En 1963, l'écurie Britannique Maranello Concessionaires boucle ses premières 24 Heures en cinquième position, avec la 330 LMB (n°12) de Jack Sears-Mike Salmon.

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