Son histoire commence en 1993, lorsque le préparateur allemand Jochen Dauer présente au Salon de Francfort une version homologuée pour la route de la 962 C, victorieuse des 24 Heures du Mans en 1986 et 1987. Baptisée Dauer 962 Le Mans, elle attire immédiatement l’attention de Porsche, en quête de renouveau après les succès sarthois des Peugeot 905 et les changements de réglementation des prototypes en 1992. La réintroduction au Mans des voitures dérivées des GT de route à partir de 1994 va offrir à Porsche, Jochen Dauer et Reinhold Joest (qui assure le soutien technique) l’occasion de faire courir aux 24 Heures dans cette catégorie deux exemplaires de cette 962 ! Ce subterfuge technique n’est pas sans rappeler celui qui avait présidé à la naissance de la légendaire Porsche 917 en 1969 : 25 exemplaires devaient être construits pour son homologation en catégorie « sport » (cylindrée maximale : cinq litres), contournant ainsi la limitation de la cylindrée des prototypes à trois litres.

En course, la Dauer Porsche 962 LM remplit sa mission haut la main, en restant toujours dans le peloton de tête. Yannick Dalmas, Mauro Baldi et Hurley Haywood prennent définitivement le commandement à deux heures de l’arrivée, à la faveur des ennuis de la Toyota de Jeff Krosnoff-Eddie Irvine-Pierluigi Martini. Dans les derniers tours de course, cette dernière offre un somptueux duel avec l’autre 962 LM de Thierry Boutsen-Danny Sullivan-Hans Joachim Stück pour la seconde place, que la Toyota conservera finalement. Encore une fois, Porsche a été fidèle à sa réputation : le constructeur de Stuttgart a osé, est venu et a vaincu, faisant une nouvelle fois preuve d'un savant mélange de science technique et d'opportunisme, aussi bien dans l’élaboration de sa voiture que dans la lecture des règlements techniques. Et ce n’était pas fini…