Gérard Larrousse : « Entre Porsche et Renault, ça a été un duel de pignon de cinquième »
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Gérard Larrousse : « Entre Porsche et Renault, ça a été un duel de pignon de cinquième »

Avant de remporter les 24 Heures du Mans 1973 et 1974 avec Matra, Gérard Larrousse fut un pilote Porsche entre 1969 et 1971. Par la suite, il est aussi intervenu au Mans comme patron de Renault Sport, notamment en 1978. Il revient d'ailleurs sur cette année en livrant une anecdote surprenante.

Lors de la dernière édition de la Voix aux Calandres, organisée dans le Musée des 24 Heures du Mans à l'occasion de l'exposition consacrée aux 70 ans de Porsche (jusqu'au 24 février), Gérard Larrousse s'est livré à quelques confidences.

Que vous inspire la saga Porsche aux 24 Heures du Mans de 1951 à aujourd'hui ?

« Ce que je trouve formidable c'est l'évolution que la marque a connue depuis ses débuts. Partir d'une petite voiture comme la 356 jusqu'à la 919 Hybrid, c'est quelque chose d'extraordinaire. J'aurais adoré piloter le 911 RSR de 2018. J'ai pu visiter l'exposition du Musée des 24 Heures du Mans, Porsche at Le Mans, et c'était une grande émotion pour moi de revoir ces voitures car elles sont impressionnantes. »

En 1969, il vous a manqué 120 mètres pour remporter les 24 Heures du Mans avec la Porsche 908 et votre équipier Hans Herrmann. Est-ce pour vous une cicatrice non refermée ?

« Absolument pas. Sur le coup, j'étais déçu bien entendu. J'ai revu des photos sur lesquelles je faisais la moue mais cela n'a pas duré. Ce jour-là, j'ai obtenu une grande notoriété sur le plan international car auparavant, je n'avais jamais contribué à des courses aussi importantes que les 24 Heures du Mans. »

"Ferry Porsche était un homme simple, facilement accessible. C'était quelqu'un d'assez extraordinaire"
Gérard Larrousse

La Porsche 917 que vous avez pilotée en 1970 et 1971 a marqué l'histoire des 24 Heures du Mans. Que pouvez-vous nous dire sur cette voiture ?

« La Porsche 917 que j'ai pilotée en 1970 et 1971 était une voiture aboutie et très réussie. Elle était très différente de la première version de 1969 que je n'ai pas eu l'occasion de piloter. Elle n'était pas difficile à piloter. Elle était extraordinaire et très rapide en ligne droite. On pouvait atteindre la vitesse de 390 km/h. Sa tenue de route était presque parfaite. Cette voiture m'a laissé un super souvenir car elle m'a permis de terminer deuxième du classement général en 1970 malgré une météo très compliquée. Ce fut une course angoissante et mon plus gros problème c'était de doubler les 911 dans les lignes droites parce qu'elles projetaient un brouillard de pluie et si on accélerait trop fort, on partait en aquaplaning. Malheureusement, en 1971 nous avons été contraints à l'abandon. »

Quel souvenir gardez-vous de Ferry Porsche ?

« Mon principal souvenir c'est qu'il venait assister pratiquement à toutes les courses et qu'il était souvent accompagné de sa femme. Il avait su créer une ambiance familiale au sein de l'équipe. C'était un homme simple, facilement accessible. C'était quelqu'un d'assez extraordinaire. »

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Quel coéquipier vous a le plus marqué ?

« Vic Elford était mon coéquipier fétiche et favori. Au début, il était un peu mon héros car il m'a aidé à entrer chez Porsche. J'ai fait toute la saison de 1971 avec lui et ça reste un très bon souvenir pour moi. Cette année-là, nous avions remporté les 12 Heures de Sebring. »

Après avoir piloté pour Porsche de 1969 à 1971, vous avez affronté cette marque de 1973 à 1974 comme pilote avec Matra, puis comme directeur de Renault Sport à la fin des années 70 ?

«Justement cette bagarre Renault-Porsche, je dois vous avouer que ça a été un duel de pignon de cinquième (ndlr, il rigole). Nous avons gagné les 24 Heures du Mans (1978) car Porsche a cassé le pignon de cinquième de sa boîte de vitesse, problème que nous avions connu nous aussi lors de nos essais à de nombreuses reprises. C'était même la bête noire de mes ingénieurs. Pour le résoudre, nous étions d'abord aller faire des essais de haute vitesse aux États-Unis dans un centre technique. Nous roulions à fond pendant des heures et des heures jusqu'à ce que le pignon se casse. Ensuite nous avions créé un banc d'essais spécifique pour le circuit du Mans chez Renault Sport. Nos ingénieurs pilotaient un programme adapté. Finalement nous l'avons renforcé et il a tenu durant la course. Ce que Norbert Singer, ingénieur de Porsche, m'a appris par la suite, c'est que leur pignon de cinquième avait un défaut d'usinage. C'est la preuve qu'aux 24 Heures du Mans, la victoire tient à peu de choses. »

PHOTO : Gérard Larrousse lors de la conférence La voix aux calandres, Porsche at Le Mans, au Musée des 24 Heures du Mans.

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