À 42 ans, Anthony Davidson a décidé de mettre un terme à sa carrière de pilote. Lors des Bapco 8 Heures de Bahreïn où il a terminé cinquième du classement général et en deuxième position de la catégorie LMP2, il a disputé sa toute dernière course en endurance. Ce pilote britannique a ainsi mis un terme à 23 années de compétition. S’il compte 24 départs en Formule 1, c’est en endurance qu’il s’est véritablement forgé un palmarès.

Sa première participation aux 24 Heures du Mans remonte à 2003 au volant d’une Ferrari 550 du Team Veloqx (abandon). Il est de retour dans la Sarthe en 2009 sur une Lola-Aston Martin (13e du classement général) avant d’intégrer l’aventure Peugeot. En 2011, il se classe quatrième aux côtés d’Alexander Wurz et Marc Gêné. Puis, lorsque la marque française se retire, il rejoint Toyota pour six saisons marquées par un titre de champion du monde d’endurance en 2014, deux deuxièmes places (2013 et 2017) et une troisième place (2014). Ces trois dernières années, il pilotait une Oreca 07-Gibson en catégorie LMP2 aux côtés du mexicain Roberto Gonzalez avec comme meilleur résultat une deuxième place de catégorie en 2020.

Anthony Davidson explique sa prise de décision : « C’est une décision assez facile à prendre à 42 ans. Ce n’est pas la première fois que des pilotes prennent leur retraite à cet âge. Je me souviens avoir parlé avec David Coulthard quand il a pris sa retraite et je lui ai demandé : comment sais-tu quand il est temps de prendre sa retraite ? Parce qu’en tant que jeune pilote, j’étais obsédé par ça, je vivais et respirais la course et je ne pouvais imaginer arriver à ce stade où vous ne voulez plus piloter une voiture de course. Il m’a juste regardé et m’a répondu : quand ça arrivera, tu le sauras. C’est probablement lors de ma dernière année chez Toyota que j’ai commencé à ressentir cela. Les choses sont devenues plus compliquées à mesure que j’ai vieilli. Je suis devenu père de famille et je voulais passer plus de temps à la maison. Puis, j’ai commencé à réaliser qu’il y avait plus important dans la vie que la course automobile. Ensuite, j’ai rencontré Roberto Gonzalez et Elton Julian et j’ai eu l’opportunité de rouler avec eux en LMP2. J’ai longuement réfléchi puis je me suis dit que je devais essayer pour en profiter à nouveau. Je ne connaissais pas grand-chose à la catégorie LMP2 mais j’ai vu que leurs courses étaient toujours très amusantes et pleines de batailles très serrées. Je voulais faire partie de cela et juste profiter à nouveau de la course comme beaucoup de pilotes amateurs pour qui ce n’est pas le métier. Je suis alors retombé amoureux de tout ce que la course a à offrir. Roberto et Elton m’ont donné la chance d’être, non seulement, à nouveau en piste mais aussi d’évoluer à mon meilleur niveau. J’ai réalisé la pole position à Fuji et nous avons terminé deuxième aux 24 Heures du Mans 2020 avec JOTA, plus d’autres victoires. J’avais vraiment l’impression d’être capable de faire de mon mieux et c’est comme ça que je voulais finir. Je ne voulais pas terminer sur une pente ascendante au fur et à mesure que je vieillissais. Je devais juste être honnête avec moi-même. J’ai passé trois bonnes saisons et je ne l’aurais jamais imaginé. Je peux désormais partir comme je l’entends ».

Le pilote britannique évoque aussi les réalités d’une carrière de pilote : « Ce sont plus les montagnes russes émotionnelles qu’un pilote traverse dans sa carrière. J’ai eu assez de chance car j’ai eu de bonnes opportunités mais il y a toujours des moments tristes et des moments où vous avez l’impression que tout espoir s’arrête. Le téléphone devient silencieux. Vous avez des noëls où vous ne savez pas si aurez un travail ou non. Il y a des moments de solitude et vous vous sentez vulnérable. Toutefois, quand vous recevez ces appels téléphoniques, cela vous donne un nouveau bail comme Peugeot en LMP1 par exemple. Nous sommes allés à Sebring et nous avons gagné pour la première fois avec l’équipe et je n’ai pas vraiment réalisé, à l’époque, que gagner cette course était un grand exploit. Maintenant, je peux regarder en arrière avec des yeux expérimentés et être impressionné. C’était un moment très fort de ma carrière. Peugeot s’est retiré et j’ai eu l’opportunité de rejoindre Toyota. Il y a eu cette sortie de piste aux 24 Heures du Mans 2012. Je me suis retrouvé une nouvelle fois à l’hôpital, comme en 2003 avec la Ferrari 550 Maranello. Je me suis demandé si je reviendrais un jour car nous connaissons tous des pilotes qui n’y sont pas parvenus. La convalescence fut difficile mais je suis revenu et j’ai gagné des courses et un titre de champion du monde en 2014. J’ai piloté des voitures rapides et belles et ça fait partie des bons moments. Désormais, je peux me retourner sur ce que j’ai réalisé et c’est un peu comme regarder à travers des lunettes teintées. C’est une sensation agréable en fait. »

À travers la galerie photo ci-dessous, retrouvez quelques-unes des voitures qu’Anthony Davidson a piloté lors de ces participations aux 24 Heures du Mans.