Panoz, de la naissance d’une marque à la renaissance de l’endurance
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Panoz, de la naissance d’une marque à la renaissance de l’endurance

CENTENAIRE DES 24 HEURES – UNE HISTOIRE DE MARQUES ⎮ Une histoire de marques ? Pas seulement. Car la réussite de Panoz va bien au-delà de celle d’un simple constructeur. Industriel, propriétaire de circuit et promoteur de championnat, Don Panoz (1935-2018) a été l’un des plus importants rénovateurs de l’endurance telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Parmi les constructeurs américains vus dans la Sarthe, les personnalités hautes en couleurs ne manquent pas. Carroll Shelby a été instructeur de vol pendant la Seconde Guerre mondiale puis éleveur de volailles. Briggs Cunningham a remporté comme skipper l’America Cup, l’une des plus prestigieuses compétitions de voile. Fondateur de Chaparral, Jim Hall est milliardaire texan du pétrole. Aujourd’hui, Jim Glickenhaus est un ancien metteur en scène et producteur de cinéma. Et Don Panoz est un autre personnage d’exception, à qui l’endurance doit quasiment sa renaissance.

Du patch nicotine au sport automobile

Don Panoz, c’est un destin comme seule l’Amérique sait en inventer. Et pour le raconter, il faut remonter jusqu’en Italie, à Avezzano, dans la région italienne des Abruzzes, où nait Eugene Panunzio. En émigrant aux Etats-Unis à l’aube du XXe siècle, il raccourcit son nom de famille, devenu Panoz, il réalise dans le monde de la boxe un parcours honorable en catégorie poids plume.

Né le 13 février 1935, son fils Don construit sa fortune dans l’industrie pharmaceutique. Après avoir ouvert deux officines, il dirige le groupe de chercheurs qui met au point le patch nicotine. Il exploite ce brevet, dont il a eu l’intelligence de garder la propriété, par l’intermédiaire d’Elan Corporation. Désormais milliardaire, il se lance dans l’automobile en 1989 avec la création de Panoz Auto Development, dont son fils Dan prend la direction.

Près de son domaine vinicole de Braselton, dans l’Etat américain de Georgie, Don Panoz crée en 1998 l’épreuve de Petit Le Mans (en français dans le texte) sur le circuit de Road Atlanta, dont il est également devenu le propriétaire. Le 18 septembre 1999, à l’issue de la deuxième édition de cette course de 1000 miles (1 600 kilomètres ou dix heures maximum), il a le bonheur de voir s’imposre une de ses voitures, la Panoz LMP-1 Roadster S. A son volant, le Français Eric Bernard est associé au Britannique Andy Wallace et à l’Australien David Brabham, respectivement ancien (en 1988) et futur (2009) vainqueurs des 24 Heures du Mans.

Mais au-delà de Petit Le Mans, Don Panoz voit encore plus loin. Toujours en 1999, et avec l’agrément de l’ACO, il lance l’American Le Mans Series sur la base de la réglementation technique des 24 Heures du Mans. Ce championnat restaure la place de l’endurance dans l’échiquier du sport automobile d’outre-Atlantique. C’est la première étape de la renaissance de la discipline, qui aboutira à l’actuelle pyramide de l’endurance : Michelin Le Mans Cup, Asian Le Mans Series, European Le Mans Series, jusqu’à la création en 2011 de l’Intercontinental Le Mans Cup puis de l’actuel Championnat du Monde d’Endurance FIA l’année suivante. Cette même année, il est également l’un des initiateurs de la DeltaWing, première allocataire du 56e Stand des 24 Heures du Mans, réservé à un prototype innovant courant hors classement.

De la « Batmobile » à la DeltaWing

Côté piste, Don Panoz ressuscite à sa manière la tradition des prototypes à moteur avant. Leurs formes spectaculaires et le son caractéristique des moteurs V8 américains leur valent aux 24 Heures du Mans une popularité jamais démentie.

De 1998 à 2007, on compte 22 Panoz engagées aux 24 Heures du Mans. Neuf d’entre elles terminent la course, avec six top 10 (7e en 1998 et 99, 6e et 8e en 2000) au classement général. En 2000, l’Américain Johnny O’Connell, le Français Pierre-Henri Raphanel et le Japonais Hiroki Katoh terminent cinquièmes. C’est le meilleur résultat sarthois de la marque, égalé en 2003 par le Monégasque Olivier Beretta, l’Italien Gunnar Jeannette et l’Italien Max Papis. Mais c’est en GT que Don Panoz va inscrire son nom au palmarès manceau. En 2006, l’Esperante de Tom Kimber-Smith, Richard Dean et Lawrence Tomlinson remporte sa catégorie, avec sous le drapeau à damier la quinzième place du classement général.

En 2012, Don Panoz confirme également son désir d’innovation en tant que partenaires de la création de la DeltaWing, première allocataire du 56e stand des 24 Heures du Mans, réservé à une voiture de compétition de technologie innovante courant hors classement. Confiée à l’Ecossais Marino Franchitti, à l’Allemand Michael Krumm et au Japonais Satoshi Motoyama, la Nissan DeltaWing est malheureusement contrainte à l’abandon le samedi soir.

Don Panoz a également œuvré pour le développement du sport automobile au féminin. Parallèlement à la création de l’American Le Mans Series en 1999, il avait lancé le Women’s Global GT Series, championnat entièrement dédié aux femmes pilotes. Parmi les pilotes de la version coupé de la DeltaWing vue en piste aux Etats-Unis figurait la Britannique Katherine Legge. Cette action a valu à Don Panoz le trophée Women in the Winner’s Circle Leadership Award, qui lui a été remis lors de l’édition 2015 de son épreuve fétiche de Petit Le Mans.

L’ACO a également salué Don Panoz en donnant son nom en 2021 à une passerelle piétonne du circuit. Et en cette année du Centenaire, ses voitures occupent aujourd’hui une place de choix dans la mémoire collective des 24 Heures du Mans.

PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS 1998-2012 - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : quatre instantanés des voitures de Don Panoz aux 24 Heures du Mans, avec l'Esperante GTLM victorieuse de sa catégorie GT en 2006 (n°81), l'Esperante GTR-1 septième en 1998 (n°45), le prototype LMP01 de 2002 (n°11) et la Nissan DeltaWing de 2012 (n°0).

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