1990-1991 : le soleil levant brille sur les 24 Heures
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1990-1991 : le soleil levant brille sur les 24 Heures

CENTENAIRE DES 24 HEURES – HISTOIRES DE MARQUES ⎮ Objet d’un véritable culte au Japon, les 24 Heures du Mans ont vu au début des années 1990 les deux premières performances majeures des constructeurs nippons en Sarthe : pole position en 1990 et victoire en 1991.

Au début des années 1990, le Japon occupe une place de choix sur l’échiquier mondial du sport automobile en circuit. En Formule 1, Honda a cumulé cinq titres pilotes et autant de couronnes constructeurs de 1986 à 1990, avec Williams puis McLaren. Chez Toyota, Mazda et Nissan, la priorité est donnée aux 24 Heures du Mans. Le premier y débute en 1985 alors que le deuxième a déjà inauguré son palmarès sarthois par ses premières victoires de catégorie. Et en 1990, le troisième va entrer dans l’histoire mancelle.

1990 : Nissan contre Jaguar

Cette 58e édition est d’abord marquée par un changement majeur sur le circuit : l’apparition de deux ralentisseurs sur les six kilomètres de la ligne droite des Hunaudières, pour une perte sur les temps au tour estimée à une quinzaine de secondes.

Lors des essais du mercredi soir, Mark Blundell et sa R90 CK établissent la première référence en 3’33’’28, avant d’enfoncer le clou le lendemain. En 3’27’’02, le Britannique fait de Nissan le premier constructeur japonais en pole position des 24 Heures du Mans. Ajoutons le symbole à la performance : cette Nissan est frappée du numéro 24… La course annonce donc un duel anglo-nippon avec Jaguar, arbitré par les Porsche 962 C privées, après la dernière apparition de l’équipe d’usine en 1988, et aussi l’absence de Sauber-Mercedes, vainqueur l’année précédente.

Cette bataille tient toutes ses promesses en course. La Nissan de Mark Blundell/Julian Bailey/Gianfranco Brancatelli fait honneur à sa pole position en pointant en tête du classement horaire à l’issue des deuxième et troisième heures, avant d’être retardée par un accrochage qui lui coûte deux tours.

C’est au tour de la Nissan de Geoff Brabham/Chip Robinson/Derek Daly de tenir la dragée haute à Jaguar ainsi qu’à la Porsche de Walter Brun/Jesus Pareja/Oscar Larrauri, meilleure 962 C privée. Le prototype japonais est leader des 8e, 9e et 10e heures, mais doit renoncer le dimanche peu avant 9 heures, alors qu’il occupe la troisième position et que la n°24 a elle aussi été contrainte à l’abandon pendant la nuit sur un problème de transmission.

Jaguar s’impose, mais Nissan quitte cette édition la tête haute avec la pole position et le meilleur tour en course, signé par l’Américain Bob Earl (3’40’’030), pilote de la n°84, 17e à l’arrivée en compagnie de Steve Millen et Michael Roe. Par ailleurs, la n°23 termine cinquième en ayant, elle aussi, écrit une page d’histoire le samedi : en piste lors du dixième tour, Masahiro Hasemi, et in extenso ses deux coéquipiers Toshio Suzuki et Kazuyoshi Hoshino, sont les premiers Japonais à mener la course, par le jeu des arrêts ravitaillement des leaders.

Toyota figure également dans le top 10 grâce à la sixième place de Geoff Lees/Masanori Sekiya/Hitoshi Ogawa, tandis que Mazda, vingtième du classement général, signe une nouvelle victoire de catégorie. Mais son rendez-vous avec la légende approche…

Mazda, une victoire pour l’histoire

En 1991, Toyota et Nissan sont absents, Sauber Mercedes est de retour, Jaguar toujours présent, et Peugeot se taille un beau succès auprès du public avec la première apparition de son prototype 905. Pour Mazda, qui aligne trois voitures, c’est en quelque sorte la course de la dernière chance pour sa technologie fétiche du moteur rotatif, autorisée pour la dernière fois par le règlement.

Après un court leadership en début de course, salué comme il se doit à l’applaudimètre par les spectateurs français, la Peugeot 905 cède la tête à Sauber-Mercedes, qui va conserver le commandement du classement horaire de la deuxième à la 21e heure.

Pendant ce temps, aux mains de Johnny Herbert, Bertrand Gachot et Volker Weidler, la Mazda de pointe (n°55) progresse avec régularité dans la hiérarchie. Apparue dans le top 5 à la dixième heure, et s’installe sur la troisième marche du podium provisoire à mi-parcours, avant de grimper en deuxième position à la treizième heure.

Exemptes de tout gros souci de fiabilité, les deux autres Mazda sont tout aussi régulières : David Kennedy/Stefan Johansson/Mauricio Sandro-Sala (n°18) et Pierre Dieudonné/Yojiro Terada/Takashi Yorino (n°56) pointent dans les dix premiers du classement général le dimanche au lever du jour.

Rien ne semble devoir la marche victorieuse de la Sauber-Mercedes de Jean-Louis Schlesser/Jochen Mass/Alain Ferté, partie de la pole position et leader depuis plus de seize heures. Mais la course bascule à 12 h 54, lorsque Ferté rentre au stand pour plus d’une demi-heure sur un problème de refroidissement. Après avoir tenté de repartir, la Sauber-Mercedes n°1 abandonne, après 257 tours en tête.

Alors que Herbert, Gachot et Weidler s’installent en tête, les télévisions japonaises chamboulent leurs programmes pour diffuser la fin de course en direct. Mazda devient, pour l’éternité, le premier constructeur vainqueur des 24 Heures du Mans, suivi sous le drapeau à damier par trois Jaguar qui  n’ont jamais pu se mêler à la lutte pour la victoire. Après une prestation parfaite, les Mazda n°18 et 56 terminent respectivement sixième et huitième. Consultant de luxe, Jacky Ickx s’offre une manière de septième victoire en ayant fait profiter la marque nippone de son inestimable expérience de sextuple vainqueur.

Vingt-sept ans et de nombreux podiums plus tard, Toyota rejoint Mazda au panthéon des 24 Heures du Mans. Et, pour cette édition du Centenaire, peut espérer égaler Ferrari et Porsche le 11 juin prochain en tant que troisième constructeur comptant six victoires consécutives aux 24 Heures du Mans.

PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS 1990-1991 - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : La Mazda 787B victorieuse en 1991 (n°55) sous la passerelle Dunlop : elle signe la 34e et dernière victoire en date du manufacturier de pneus britannique ; les Nissan de Blundell/Brancatelli/Bailey (n°24), Brabham/Robinson/Daly (n°83), Hasemi/Hoshino/Suzuki (n°23) et Roe/Earl/Millen (n°84) en 1990 ; quatre Mazda étaient présentes aux vérifications techniques des 24 Heures 1991, mais trois ont disputé la course ; les Mazda 787B de Kennedy/Johansson/Sandro Sala (n°18) et 787 de Dieudonné/Terada/Yorino (n°56) en 1991 ; en 2011, la célébration du vingtième anniversaire de la victoire de Mazda, qui était encore à cette époque le seul constructeur japonais vainqueur aux 24 Heures du Mans, sept ans avant la première victoire de Toyota.

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