24 Heures du Mans – Nigel Bailly (Association SRT41) : « C’est une chance inouïe »
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24 Heures du Mans – Nigel Bailly (Association SRT41) : « C’est une chance inouïe »

Nigel Bailly, pilote à mobilité réduite de l’Association SRT41 s’apprête à participer à ses premières 24 Heures du Mans au volant d’une Oreca 07-Gibson engagée en catégorie Innovative Car et sous la direction de Frédéric Sausset, premier pilote quadri amputé à avoir terminé l’épreuve en 2016. Ce pilote belge évoque ce défi humain et sportif avec excitation et en toute humilité.

Quel est votre parcours dans les sports mécaniques ?

« Tout à débuter à l’âge de six ans lorsque j’ai commencé le motocross. À 14 ans, j’ai été victime d’un accident qui m’a rendu paraplégique. Deux mois et demi après cet accident, j’étais au volant d’un karting. Je voulais poursuivre dans les sports mécaniques au grand dam de mes parents. L’amour pour ce sport ne m’a jamais délaissé. Ensuite, j’ai entrepris des études durant lesquelles j’ai mis tout ça de côté. Puis j’ai effectué mes premiers tours de roues sur le circuit de Mettet (Belgique) avec ma voiture personnelle. Ça m’a plu et l’idée de faire du sport automobile me tentait de plus en plus. C’est même devenu mon plus grand rêve. En 2017, j’ai débuté à Spa-Francorchamps lors d’une course d’endurance d’une durée de 6h40 qui s’est soldée, à ma grande surprise, par une 14e place au classement général sur 60 engagés et la deuxième dans la catégorie Clio Cup. Puis, j’ai eu connaissance de la Filière Frédéric Sausset by SRT41 qui était à la recherche de pilotes. Je me suis inscrit en me disant que je n’avais rien à perdre. Je n’avais pas beaucoup d’expérience mais malgré ça, en janvier 2018, on m’a annoncé que j’allais faire partie de l’aventure. En 2020, nous étions supposés participer aux 24 Heures du Mans mais la crise sanitaire internationale a repoussé d’une année.
Mon parcours signifie qu’il faut savoir prendre la balle au bond et croire en ses rêves. Nous n’avons pas de raison de vivre si nous ne croyons pas en nos rêves et si nous n’essayons pas de les concrétiser. »

Vous allez donc participer à la 89e édition des 24 Heures du Mans au volant d’une Oreca 07-Gibson engagée en catégorie Innovative Car. Quel effet cela vous fait ?

« C’est une chance inouïe. Il y a l’excitation et l’inconnue. J’espère vivre cette aventure avec les étincelles qui rendent l’épreuve magique à savoir le public, l’effervescence et l’engouement. Les pilotes expriment souvent leur vécu aux 24 Heures du Mans à travers ces éléments. En outre, participer à la plus grande course d’endurance et avoir l’opportunité d’inscrire son nom au palmarès c’est merveilleux. Je ne pourrais pas trouver d’autre terme et je ne sais comment remercier nos partenaires et l’ACO. Ils ont la bonté de faire en sorte que ce projet puisse exister et que nous puissions prendre beaucoup de plaisir à concrétiser nos rêves. Toutefois, je n’y pense pas trop car ça serait se mettre une pression inutile. Le mieux c’est d’aborder les étapes les unes après les autres et y aller crescendo. »

En 2019, vous avez participé à Road to Le Mans avec la Ligier JS P3-Nissan de l’équipe de Frédéric Sausset. Quel souvenir en gardez-vous ?

« J’en garde un très bon souvenir. Il y avait du stress bien entendu car il s’agissait de la première étape vers les 24 Heures du Mans. Nous ne devions faire aucune erreur. À l’issue de cette expérience, j’ai pu dire : j’ai roulé au Mans, sur le grand circuit mythique des 24 Heures. Désormais, nous franchissons une autre étape avec la LMP2. Ça ira plus vite et ça sera plus technique. »

Vous avez déjà eu l’occasion de piloter l’Oreca 07. Quelles ont été vos toutes premières impressions sur cette voiture ?

« C’était il y a un an au Paul Ricard. Nous sommes montés dans une voiture que nous ne connaissions pas mais tellement aboutie que ça semblait facile. C’est vraiment une voiture incroyable. Pour une première approche, c’était grandiose. Nous ne nous attendions pas à un tel freinage. Nous avons senti qu’il y avait beaucoup de potentiel. Oreca fait un important travail de développement sur la voiture afin qu’elle puisse être pilotée par des pilotes à mobilité réduite. Il n’y a aucun couac. »

Quelles modifications ont été apportées à la voiture afin que vous puissiez la piloter ?

« Nous avons un accélérateur derrière le volant et nous avons un levier sur lequel nous poussons pour freiner. Il y a une gâchette sur ce levier pour nous permettre de rétrograder. C’est un système assez similaire à celui utilisé par Alessandro Zanardi lors des 24 Heures de Daytona en 2019. Sur les phases de freinage, Takuma et moi, nous inscrirons la voiture à une main sur le volant. Nos avant-bras vont être mis à rude épreuve mais le système développé par Oreca est tout de même confortable. »

"Notre message est le suivant : avancer et croire en ses rêves"
Nigel Bailly, pilote Association SRT41

Comment allez-vous préparer cette 89e édition des 24 Heures du Mans ?

« Nous allons participer à deux courses de l’European Le Mans Series, au Prologue du championnat puis à une autre séance d’essais sur le circuit de Barcelone avec Goodyear, notre manufacturier de pneumatiques. Cela va nous permettre de nous familiariser avec la voiture, l’équipe et la technique. Plus nous roulerons, mieux ça sera pour tout le monde. »

Mobilité réduite ne signifie pas mobilité lente. Où la voiture devrait-elle se situer dans la hiérarchie ?

« C’est déjà un exploit de participer aux 24 Heures du Mans. Je pense que nous avons déjà gagné le respect de beaucoup de personnes. Le résultat qui est à notre portée c’est de terminer la course. C’est d’ailleurs le maître mot. Tout comme le fait de ne pas faire d’erreur. Si nous n’en commettons pas et que nous ne nous impatientons pas, nous pouvons faire un résultat honorable. Il faut aborder cette course avec beaucoup d’humilité. »

Quels sont les conseils que Frédéric Sausset vous prodigue ?

« Le principal conseil que nous avons reçu de la part de Frédéric c’est de ne pas faire d’erreur. Puis de faire attention aux autres concurrents et d’apprendre car nous sommes au début de notre apprentissage notamment avec la voiture. Il nous recommande de faire une course intelligente et de former une équipe car l’individualisme n’a pas sa place en endurance. »

Comment allez-vous préparer physiquement ?

« J’ai un programme physique grâce auquel je travaille les réflexes, le renforcement musculaire, le gainage, la vision périphérique et la posture. Je fais également du vélo de bras pour améliorer mon cardio. C’est ce qui nous fait tenir sur la durée sans s’essouffler et ne pas être mis à mal sur les longs relais. Nos épaules sont plus sollicitées que celles des pilotes valides car nous plaçons la voiture à une main sur les phases de freinage. Nous savons que nous risquons d’avoir des douleurs durant la course. Malgré ça, nous répondrons présents physiquement. »

Un équipage avec des pilotes à mobilité réduite à l’arrivée des 24 Heures du Mans 2021 permettrait d’envoyer quel message ?

« Qu’il ne faut pas se laisser abattre. Qu’il faille oser entreprendre des choses car ce n’est pas pour autant que nous sommes diminués mentalement. Il faut redoubler d’effort, ne pas trop se poser de question et essayer de réaliser de belles choses. Notre message est le suivant : avancer et croire en ses rêves. »

Frédéric Sausset, premier pilote quadri amputé à avoir terminé les 24 Heures du Mans (2016), s’exprime sur la participation de son équipe à la prochaine édition de la classique mancelle dans la vidéo ci-dessous :

Pour la 89e édition des 24 Heures du Mans, Nigel Bailly fera équipe avec Takuma Aoki et François Heriau.

Retrouvez la liste des engagés provisoire des 24 Heures du Mans 2021.

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