AJ Foyt, il était une fois un Texan au Mans et à Daytona...
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AJ Foyt, il était une fois un Texan au Mans et à Daytona...

Alors que les 24 Heures de Daytona se déroulent ce week-end, intéressons nous au parcours d'Anthony Joseph "AJ" Foyt Junior, 84 ans, l'un des plus atypiques de l'histoire du sport automobile. Et ses victoires aux 24 Heures du Mans et de Daytona en constituent sans aucun doute les chapitres les plus surprenants.

La carrière de AJ Foyt s'est essentiellement construite sur sa terre natale des Etats-Unis, et en premier lieu aux 500 miles d'Indianapolis : il est le premier pilote à avoir remporté à quatre reprises la grande classique de la monoplace américaine, dont il détient toujours le record de participations. En 1967, dans la foulée de son troisième succès sur l'ovale de l'Indiana, il rallie la Sarthe pour la première fois. Pilote de la Ford Mk IV numéro 1 en compagnie de son compatriote Dan Gurney, il se retrouve au coeur du grand duel du constructeur américain avec Ferrari. L'intensité de la lutte est telle qu'aujourd'hui, on parle de cette 35e édition des 24 Heures du Mans comme de la "course du siècle".

Qualifiée neuvième, la Ford n°1 s'élance aux mains de Gurney, qui remonte rapidement jusqu'en tête. Après les premiers ravitaillements, c'est en tant que leader que Foyt effectue son premier relais en course. Celui-ci connaît le seul véritable problème de la voiture victorieuse, lorsqu'il frôle la panne sèche à la suite d'une erreur de panneautage de son stand. Les deux Américains ne cessent d'augmenter leur avance à un rythme effréné, mais restent sous la menace de la Ferrari de Michael Parkes-Ludovico Scarfiotti, lancée à leur poursuite. Gurney et Foyt s'imposent en établissant un nouveau record de la distance, fixé pour la première fois au-delà des 5 000 kilomètres.

"Il existe dans le monde d'autres courses de 24 Heures, mais aucune ne peut s'enorgueillir du patrimoine des 24 Heures du Mans."
AJ Foyt

En outre, AJ Foyt réalise un exploit à ce jour inégalé dans l'histoire du sport automobile : à moins de deux semaines d'intervalle, il remporte les 500 miles d'Indianapolis et les 24 Heures du Mans, les deux plus anciennes courses en circuit au monde. "Comme à Indianapolis, la tradition fait la grandeur du Mans, racontait-il lors de son retour sur le circuit des 24 Heures en 2017, pour le cinquantième anniversaire de sa victoire. Je ne suis pas nostalgique. On a fait de gros progrès, c'est une piste magnifique, une région splendide... C'est toujours Le Mans ! Il y a dans le monde d'autres courses de 24 Heures, mais aucune ne peut s'enorgueillir d'un tel patrimoine."

Les 5 et 6 février 1983, seize ans après sa victoire au Mans, les 24 Heures de Daytona sont le théâtre de l'un des épisodes les plus insolites de la carrière du pilote texan.

A l'origine, AJ Foyt pilotait un prototype Aston Martin Nimrod rapidement contraint à l'abandon. Le dimanche matin, la Porsche 935 de Bob Wollek-Claude Ballot Léna-Preston Henn est en tête. Profitant d'une disposition du règlement de l'IMSA (promoteur du championnat d'endurance américain) permettant à un pilote de changer de voiture pendant la course, Preston Henn, propriétaire de la Porsche de tête, mesure rapidement l'impact médiatique d'une éventuelle victoire de Foyt, véritable icône outre-Atlantique, et lui propose de rejoindre son équipe.

A huit heures du matin, lors d'un ravitaillement, Bob Wollek a la surprise de voir non pas Ballot-Léna ou Henn, mais bien Foyt, le relayer au volant, devant de nombreuses caméras de télévision accourues pour la circonstance. "Qui c'est celui-là ?", s'exclame alors l'Alsacien, qui ne mâche pas ses mots à propos de la décision de faire piloter à Foyt en pleine course une voiture qu'il ne connaît pas... provoquant ainsi l'émoi des médias américains, acquis à la cause du Texan et pour le moins déroutés par la franchise du pilote français.

Mais Foyt trouve rapidement son rythme en piste cinq heures durant, et cette mini-polémique s'éteint d'elle-même avec la victoire finale de Wollek, Ballot-Léna, Henn et de leur coéquipier de dernière minute. Ce dernier ne manque d'ailleurs pas de saluer au micro le travail accompli par les deux Français sous la pluie, notamment pendant la nuit. Deux ans plus tard, toujours sous les couleurs de Preston Henn, AJ Foyt et Bob Wollek s'imposent même une deuxième fois ensemble sur le Daytona International Speedway, cette fois sur Porsche 962, et associés à Al Unser Sr et Thierry Boutsen.

Dans la carrière d’AJ Foyt, l’endurance apparaît aujourd'hui comme une étonnante parenthèse, qui lui a tout de même permis d'inscrire son nom à la fois dans le livre des records des 24 Heures du Mans, ainsi qu'au palmarès des 24 Heures de Daytona et aussi des 12 Heures de Sebring, qu'il a remportées en 1985, une nouvelle fois en compagnie de Bob Wollek.

Photo (D.R. / Archives ACO) - Alors que Dan Gurney (assis sur le capot) s'impose à l'issue de ses dixièmes 24 Heures, AJ Foyt (casqué au volant) remporte la course, qu'il dispute pour la première... et dernière fois. "J'ai été honoré d'avoir Dan comme coéquipier, racontera Foyt en 2017. Comme j'avais gagné, je n'ai pas ressenti le besoin de revenir par la suite."  

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