Le pilote espagnol dispute cette année les 24 Heures du Mans, ainsi que le Championnat du Monde d'Endurance, tout en poursuivant sa carrière en F1. Occupé? Passionné plutôt.
Il est en F1 depuis l’âge de 19 ans. Il en a 36. Trente-deux victoires, quatre-vingt-dix-sept podiums, deux titres de Champion du Monde de F1. Il aurait même pu prétendre à cinq couronnes, si l’on considère ceux qui lui sont passés sous le nez d’un souffle. Et plus encore, au regard de son talent pur et de son intelligence de la course. Mais voilà, Fernando Alonso n’a plus remporté de Grand Prix depuis celui d’Espagne en 2014, chez Ferrari. Pour autant, ce n’est pas par dépit qu’il plonge dans la grande aventure des 24 Heures du Mans, ni pour faire parler de lui. Son engagement dans la course mancelle répond à une motivation beaucoup plus profonde.
Alonso vient au Mans parce qu’il en rêve depuis longtemps déjà, comme un défi à côté duquel il ne pouvait pas passer. Il y a du Senna chez cet homme, depuis toujours. Par le talent, l’implication, l’intransigeance, par le caractère entier, par la science du pilotage et la pertinence stratégique. Par son brio et parce qu’il ne baisse jamais les bras, Alonso tient du magicien brésilien.
Sa personnalité peut ne pas plaire à tous : logique puisqu’il ne donne pas dans le faux-semblant ou l’amabilité de façade. Il rouspète, houspille parfois. Non pas pour dénoncer le comportement en piste de tel ou tel adversaire. Simplement, s’il râle comme il l’a fait en diverses occasions ces dernières années, c’est contre la cavalerie lorsqu’elle n’est pas au rendez-vous. Lui, en revanche, est toujours là. Dans les saisons noires où il lui arrivait plus souvent qu’à son tour de s’élancer du fond de grille, il partait pour se battre. Se bagarrer pour décrocher la meilleure place possible, fût-ce hors des points. Courir pour l’honneur, courir pour le plaisir, mais courir avant tout.
"Quand je suis au volant d'une voiture de course, je suis heureux"
Fernando Alonso
« Quand je suis au volant d’une voiture de course, je suis heureux. » Il dit vrai. Toutes les disciplines du sport automobile l’intéressent, autant par la technologie qu’elles véhiculent, que par le pilotage et la stratégie qu’elles impliquent. Il aime à en connaître les tenants et aboutissants.
Pourquoi n’a-t-il pas diversifié plus tôt ses activités ? Parce que la Formule 1 est exclusive. Tout pilote qui vient en F1 et de plus, y réussit, ne peut s’en détourner, ou s’en distraire aisément. Il faut de la trempe pour oser franchir le pas. Choisir entre deux mythes, le Grand Prix de Monaco et les 500 Miles d’Indianapolis, ainsi qu’Alonso l’a fait l’an dernier au profit de l’épreuve américaine, requiert une double dose de courage et d’humilité. Cette remise en question, c’est sa passion brûlante pour la compétition automobile qui la lui a dictée. Car il s’agit bien là d’un défi personnel -Alonso face à lui-même- plus que d’un coup médiatique.
Son approche des 24 Heures du Mans relève de la même démarche. Envie de connaître, de savoir, d’éprouver. Rencontrer la nuit, découvrir une autre manière de courir – en équipe -, apprendre à maîtriser une technologie tout aussi pointue et complexe, mais différente. Afin de ne pas arriver comme un ‘’bleu’’ dans l’obscurité mancelle, il a inclu dans sa préparation les 24 Heures de Daytona.
Et comme il ne fait rien à moitié, quitte à disputer Le Mans, autant s’engager complètement dans le Championnat du Monde d’Endurance de la FIA. Voilà qui en dit long sur le degré de motivation du ‘’jeune homme’’. « C’est vrai que cela représente beaucoup de travail. J’ai tout à apprendre : le règlement, la voiture, les boutons sur le volant et leurs fonctionnalités, le dialogue avec les équipiers, avec les ingénieurs, comment optimiser la machine. J’arrive avec des gars qui ont une très grosse expérience (Sébastien Buemi, Kazuki Nakajima) et je dois me hisser le plus rapidement possible à leur niveau. »
"Il n'y a pas d'ego en endurance. Je me suis fondu dans l'équipe avec plaisir"
Fernando Alonso
Fernando Alonso a parfaitement intégré l’esprit de l’Endurance : il s’engage dans l’aventure en apportant sa pleine et entière contribution. Non pas en ‘’guest-star’’ chez Toyota, mais comme l’un des six équipiers, chacun avec sa plus-value. « Il n’y a pas d’ego en Endurance. Je me suis fondu dans le team avec plaisir. C’est impressionnant de constater avec quelle facilité on peut oublier instantanément la mentalité F1 pour adopter cet esprit de partage, en piste et en dehors. Il n’y a pas une seule chose que l’on découvre sans en faire immédiatement profiter les cinq autres. C’est naturel. »
L’objectif d’Alonso est évidemment de remporter les 24 Heures avec Buemi et Nakajima. Y prendre part est en soi, déjà, une grande satisfaction : « d’une part, ce n’était pas simple à mettre en œuvre, et de l’autre, il y a si longtemps que les pilotes de F1 ont perdu l’habitude de naviguer d’un Championnat à l’autre, que je suis plutôt fier de renouer avec une belle tradition.»
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