Pour Xavier Micheron, la passion des 24 Heures du Mans « remonte à l’enfance. J’ai des souvenirs très marquants d’être allé au Mans avec mon père et mon frère Thierry. A l’époque, nous allions tout de même dormir un petit peu, aux environs de trois ou quatre heures du matin, mais dans la voiture (sourire). Ca suscitait une certaine émotion, car nous étions dans la course comme les pilotes, mais nous allions dormir alors qu’eux restaient dans la nuit, ils continuaient à courir, et ça m’a marqué. Pour moi, le fait de rouler au cœur de la nuit avait quelque chose d’héroïque, avec aussi ce bruit et ces odeurs… Pour moi, Le Mans, c’est ça : énormément de respect pour cette course, pour les pilotes qui y participent. Et aussi, bien sûr, une passion pour les voitures, car ce vécu est, disons celui des années 1970, avec les Porsche 935 et 936, des GT, des prototypes… Une diversité impressionnante et aussi un aspect fascinant : la coexistence entre des équipes hyper professionnelles venues pour gagner et des équipes très sympathiques qui participaient à la course. Il y avait une sorte de syndrome de Raymond Poulidor : le cœur qui penche à la fois pour la Porsche de Jacky Ickx et la petite équipe privée qui engage sa 911. Il y a aussi une forte dimension dramatique : une victoire apparemment acquise qui flanche avec un radiateur percé, une dimension humaine très forte. »

A la quarantaine, Xavier Micheron décide de conjuguer les 24 Heures du Mans au mode du métier passion, en se lançant avec Ascott Collection dans le négoce de voitures de compétition de collection. « La ligne directrice qui détermine l’achat des voitures, c’est Le Mans, confirme-t-il d’emblée. Pour moi, parmi celles qui ont fait ou font partie d’Ascott Collection, les voitures les plus importantes sont celles qui ont roulé au Mans. »

PHOTOS (D.R. / Ascott Collection) : En haut, le stand du salon Rétromobile à Paris en 2020, avec à l'honneur la Nissan R390 GT1 (n°30) et la Chrysler Viper (n°51) des 24 Heures du Mans 1998. Ci-dessus, la Lola T600 des 24 Heures du Mans 1981 en piste lors de l'édition 2018 du Mans Classic.

Ascott Collection, c’est donc aussi le plaisir de la piste, notamment à Le Mans Classic. Et aussi la fierté de recevoir au sein de sa structure des voitures à la fois insolites et marquantes. « En 2018, j’avais fait Le Mans Classic avec une voiture extrêmement intéressante, la Lola T600, le tout premier prototype à effet de sol, qui avait participé aux 24 Heures du Mans en 1981 et terminé quinzième, raconte Xavier Micheron. Elle était équipée d’un moteur Cosworth et avait joué de malchance, avec un problème de boîte de vitesses dès le premier tour. La présence de la Howmet en Plateau 5 et de la Lola T600 en Plateau 6 était une combinaison assez sympathique. Chez Ascott Collection, nous avons eu aussi une autre T600 des 24 Heures 1981, qui était équipée d’un moteur de Porsche 935. La voiture n’était pas finie lorsqu’elle est arrivée au Mans, elle n’était pas encore peinte et les durites des turbocompresseurs n’étaient pas encore finalisées. La voiture roulait sans pression de suralimentation et ne s’était finalement pas qualifiée. En 2018, j’ai également commencé à rouler avec une Lola B98, qui avait participé aux 24 Heures du Mans 2000. Une voiture fantastique, remise en configuration du Mans, avec laquelle j’ai remporté le championnat Endurance Racing Legend dans la catégorie Proto A. »

PHOTOS : deux autres fleurons d'Ascott Collection. Ci-dessus (D.R. / Ascott Collection) : la MG Lola pilotée aux 24 Heures du Mans 2001 et 2002 par Mark Blundell, vainqueur de l'édition 1992, associé à Julian Bailey et Kevin McGarrity. Ci-dessous (Cathy Dubuisson pour Ascott Collection) : l'Aston Martin AMR1 avait terminé onzième des 24 Heures du Mans 1989, aux mains de Costas Los, Brian Redman et Michael Roe. Pilotée par David Leslie, Ray Mallock et David Sears, la seconde voiture au départ avait été contrainte à l'abandon. 

Au plaisir de l’insolite s’ajoute celui de l’exclusif : « En 2020, nous avons exposé à Rétromobile deux voitures emblématiques autour de l’année 1998 : la Nissan R390 GT1, une rareté absolue en provenance directe de la collection Nissan au Japon, et la Viper GTS-R châssis C9, avec un doublé dans sa catégorie aux 24 Heures cette année-là. La Nissan avait également roulé en 1999 au Mans, engagée cette fois par l’équipe de Paul Belmondo, sous la fameuse livrée Playstation-Rent A Car. La voiture a été uniquement faite pour Le Mans. Elle a d’abord été engagée en 1997 avec un très bon niveau de performance, mais quelques soucis de fiabilité. En 1998, quatre voitures sont engagées, trois par l’usine et une par une équipe privée. Les performances étaient en-deçà de ses concurrentes qui avaient progressé, mais la fiabilité est redoutable, avec les quatre voitures dans le top 10 (3e, 5e, 6e et 10e). Selon la nomenclature de Tom Walkinshaw Racing, qui avait développé la voiture, celle d’Ascott Collection porte le numéro de châssis R8 et avait terminé cinquième en 1998. Après la course, elle est repartie au Japon où elle est restée en l’état dans la collection Nissan, qu’elle ensuite quittée pour arriver chez Ascott et c’est une circonstance unique, car il s’agit du seul exemplaire de la voiture à se trouver actuellement sur le continent européen. »

A cette époque, un autre prototype, anglais celui-là, était aux bons soins d’Ascott Collection : « l’Aston Martin AMR1 de 1989, qui est une voiture remarquable, ne serait-ce que par son bruit, car de nombreux passionnés nous ont dit qu’il les avait marqués. » Ainsi, les voitures d’Ascott Collection sont autant de symboles de l’originalité, de l’innovation et de la performance propres aux 24 Heures que, pour Xavier Micheron, d’un art de vivre au quotidien…