Briggs Cunningham, les 24 Heures du Mans toutes voiles dehors
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Briggs Cunningham, les 24 Heures du Mans toutes voiles dehors

CENTENAIRE DES 24 HEURES – DES MACHINES ET DES HOMMES ⎮ Depuis 1949, des personnalités hors du commun venues des Etats-Unis ont imprimé une empreinte unique dans la saga des 24 Heures du Mans. Briggs Cunningham est le premier de ces multimillionnaires passionnés. Brillant aussi bien en tant que patron d’écurie au Mans que skipper de voilier pour l’America Cup, il a ouvert la voie à Jim Hall, Don Panoz et autres Jim Glickenhaus

Mais rappelons tout d’abord que, dès les premières éditions disputées dans l’entre-deux guerres, les Etats-Unis mesurent rapidement la place des 24 Heures du Mans sur l’échiquier naissant du sport automobile mondial. Pendant cette période, Stutz et Chrysler signent en 1928 les meilleurs résultats sarthois des constructeurs d’outre-Atltantique, avec la deuxième place de Robert Bloch/Edouard Brisson (Stutz Blackhawk), suivis par les Chrysler 72 Six d’André Rossignol/Henri Stoffel (3e) et de Ion et Gheorghe Ghica Cantacuzino (4e). Avec aussi la présence de deux anciens vainqueurs : Rossignol s’était imposé sur Lorraine-Dietrich en 1925 et 26, avec Bloch pour coéquipier cette dernière année.

Lors de la reprise des 24 Heures après la Seconde Guerre mondiale, Briggs Cunningham est le nouveau pionnier américain. Né à Cincinnati le 19 janvier 1907, il est l’héritier d’une très riche famille américaine : son père est le fondateur de la Citizen’s National Bank et a officié comme dirigeant de la compagnie ferroviaire Pennsylvania Railroad. Et Briggs Cunningham a épousé Lucie Bedford, petite-fille du cofondateur de la compagnie pétrolière Standard Oil. C’est d’ailleurs pendant leur lune de miel qu’il se prend de passion pour le sport automobile en assistant au Grand Prix de Monaco 1930.

Un monstre aux 24 Heures

Il débute en compétition dans la foulée et commence à construire ses propres voitures à partir des années 1940. Pendant les deux décennies suivantes, il fait des 24 Heures du Mans son principal objectif et devient l’une des personnalités majeures de la renaissance de la course.

En 1950, il engage dans la Sarthe deux coupés Cadillac qui entrent d’emblée dans l’histoire des 24 Heures. L’un conserve sa silhouette d’origine mais l’autre présente une étonnante carrosserie profilée. Signée de Howard Weyman, ingénieur aéronautique chez Grumman, celle-ci hérite du surnom de « Monstre ». Briggs Cunningham le pilote lui-même jusqu’à la onzième place, associé à Phil Walters. Le duo est précédé au classement par leurs compagnons d’écurie Miles et Sam Collier.

Par le choix de voitures singulières, l’originalité sera l’une des marques de la suite du parcours de Briggs Cunningham aux 24 Heures du Mans. Pendant les années 1950, il développe ses propres voitures qui portent son nom, sur base mécanique Chrysler V8 5.5 litres. Et connaît une certaine réussite avec six top 10 au classement général entre 1951 et 1954, dont deux troisièmes places pour John Fitch/Phil Walters (1953) et Sherwood Johnston/William Spear (1954). Briggs Cunningham termine lui-même quatrième en 1952, septième en 1953 et cinquième en 1954.

Des voitures et des voiles

Après le double abandon de la Jaguar Type D et d’une nouvelle Cunningham à moteur Offenhauser dérivé du 4 cylindres issu des 500 miles d’Indianapolis, il faut attendre les années 1960 pour retrouver Briggs Cunningham au Mans. Mais il ne reste pas inactif pour autant : il remporte en 1958 l’America Cup, l’un des plus prestigieux trophées de la voile, en tant que skipper de son propre bateau Columbia et aussi inventeur d’un système de réglage de voile portant son nom.

Briggs Cunningham retrouve la Sarthe en 1960 avec la Chevrolet Corvette. L’année suivante, son équipe offre un double top 10 (4e et 8e) à la Maserati dite « Birdcage », ainsi surnommée (« cage aux oiseaux » en français) à cause de la structure tubulaire de son châssis. En 1962 et 63, Briggs Cunningham termine lui-même quatrième puis neuvième au volant d’une Jaguar Type E.

De 1950 à 1962, les Cunningham et Corvette du multimillionnaire américain sont souvent parties en tête lors du départ : à cette époque, la grille était établie en fonction de l'ordre décroissant de la cylindrée des moteurs, ce qui plaçait les V8 Chrysler (5.5 litres) des Cunningham et des Corvette (4.6 litres) en position privilégiée pour le départ en épi.

1963 marque le dernier engagement sarthois de Briggs Cunningham, qui nous a quittés à l’âge de 96 ans le 2 juillet 2003. Vingt ans plus tard, le retour de Cadillac, la passion de Jim Glickenhaus, le retour de Roger Penske ou encore l'éventuelle présence de Rick Hendrick dans le 56e Stand perpétueront son immense héritage pour le Centenaire des 24 Heures du Mans, appelé à devenir un millésime d’exception pour la grande histoire commune de la Sarthe et de l’Amérique.

PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS & LE MANS CLASSIC - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : outre le « monstre », l'autre Cadillac engagée par Briggs Cunningham en 1950 (ici à l'image dans le cadre de Le Mans Classic) avait elle aussi reçu son propre surnomn : « petit pataud » ; le départ des 24 Heures du Mans 1954, avec l'image les voitures de Briggs Cunningham/John Gordon Bennett (n°1) et William Spear/Sherwood Johnston (n°2) ; le retour de Briggs Cunningham en 1960, avec trois Corvette engagées pour Briggs Cunningham/William Kimberley (n°1), Dick Thompson/Fred Windridge (n°2) et John Fitch/Bob Grossman (n°3) et aussi une Jaguar pour Dan Gurney/Walt Hansgen ; cette Maserati engagée par Briggs Cunningham en 1962 comprenait dans son équipage Bruce McLaren, futur vainqueur chez Ford en 1966. Cette année-là, Briggs Cunningham était lui-même associé sur Jaguar Type E à Roy Salvadori, victorieux trois ans plus tôt chez Aston Martin.

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