Vous avez participé aux 24 Heures du Mans à trois reprises. Que gardez-vous en tête de ces différentes expériences ?
« C’est vraiment une très grande course. Elle n’est pas facile surtout lorsque il s’agit de la première participation avec beaucoup de choses à emmagasiner. Quand j’y ai participé pour la première fois, en 2005, avec Courage Compétition, ce n’était pas évident pour moi car j’arrivais de la monoplace et je n’avais jamais disputé de course d’endurance. Il m'a fallu apprendre bon nombre de choses en peu de temps mais ce fut une bonne expérience. Ensuite, je pense aussi à 2009 avec l’équipe Pescarolo Sport. C’était une belle équipe. Cependant, cette année là, un problème technique nous a privé d’une 5e place. Nous terminons néanmoins 8e avec la présence de huit ou neuf diesels au départ. Ce fut aussi la satisfaction d’avoir terminé la course sur mes trois participations. »

Puis vous avez quitté le monde de l’endurance. Etait-ce par choix, par manque de volant ou par envie de faire autre chose ?
« Il y a eu plusieurs choses. Après la période avec Henri Pescarolo, je n’ai pas retrouvé de volant tout de suite. Il y a eu la catégorisation des pilotes (bronze, argent, or et platine, ndlr) et pas mal de pilotes classés Platine ou Or comme moi se sont retrouvés sans volant. Des gens comme Xavier Pompidou ou Jonathan Cochet me viennent en tête. Actuellement, les équipes courent après des pilotes Argent alors que certains professionnels sont sans volant. Certes, les équipes ont besoin d’argent pour vivre, mais il n’y a pas que cela qui compte ! 
J’avais également d’autres projets professionnels notamment un simulateur à Monaco qui s’appelle RS Simulation pour lequel il a fallu un an et demi de développement. J’ai également couru pour Peugeot notamment aux 24 Heures du Nürburgring ou encore aux 12 Heures de Bathurst. »

Vous intervenez désormais auprès de pilotes comme Jazeman Jaefar (pilote malaisien évoluant en Formule Renault 3.5). Pouvez-vous nous expliquer ce que vous faites ?
« Au départ, cela a commencé par du coaching pur et aujourd’hui, cela s’est transformé en management. Cela inclut la stratégie de plan de carrière, la négociation avec les partenaires quand il y en a. Il s’agit de tout mettre en œuvre autour du pilote, comme dans le cas de Jazeman Jaafar qui souhaite accéder à la Formule 1, que ce soit sa vie au quotidien, sa santé sportive et physique, sa carrière et sa communication dans le but d’atteindre ses objectifs sportifs. »

A quand un retour de Bruce Jouanny en endurance?
« Cela va faire cinq ans que je n’ai plus rouler au Mans, ce qui veut dire que je suis passé pilote Argent. Des écuries s’en sont aperçues et je dois dire que j’aimerais beaucoup participer de nouveau au Mans. Comme je ne faisais plus de compétition, j’ai essayé d’autres sports comme la chute libre, le kitesurf, le squash, mais le pilotage pur, et surtout la compétition, me manquent. On m’a déjà proposé de rouler en European Le Mans Series par deux fois cette année, mais j’étais pris par d’autres occupations (notamment Top Gear France, ndlr) et je n’ai pas pu le faire. Je devrais avoir un peu plus de temps l’année prochaine, il n’est pas impossible que je revienne au Mans en LM P2. »

Pour finir, quel est votre regard sur la nouvelle catégorie LM P3 ?
« Je trouve cela super bien et les voitures vraiment chouettes. D’ailleurs la deuxième proposition que j’ai eue en ELMS cette année était pour évoluer en LM P3, la première étant en GT. J'ai dû malheuresement refuser. Concernant le LM P3, je pense que c’est une super initiative et que ces prototypes sont des petites voitures de course. »

Palmarès de Bruce Jouanny aux 24 Heures du Mans :

2009 : PESCAROLO - JUDD de Pescarolo Sport avec Tinseau / Barbosa (8e)
2007 : COURAGE LC75 de Saulnier Racing avec Filhol et Nicolet (abandon)
2005 : COURAGE C 60 H - JUDD de Courage Compétition avec Nakano et Cochet (abandon)

Propos recueillis par David Bristol / ACO

Photo : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS, SAMEDI 13 JUIN 2009, COURSE. Les 24 Heures du Mans 2009 restent pour le moment la dernière expérience de Bruce Jouanny dans la Sarthe.