Entre émerveillement et pression du résultat, leur cœur balance. Comme chaque année, les rookies sont nombreux et viennent s’ajouter à la légende de l’épreuve. Parmi eux, de grands noms d'autres disciplines et de jeunes loups ambitieux qui ne sont pas insensibles à l’engouement pour la catégorie Hypercar.
Un nouveau monde
Au Mans, la grande fête commence bien avant la traditionnelle cérémonie de départ. Une semaine plus tôt, les pilotes sont déjà aux anges, chaleureusement reçus par le public manceau au Pesage. « J’ai du mal à croire qu’on est à une semaine de la course ; il y avait déjà des milliers de personnes dans le centre-ville. Pour l’instant, tout ce que j’ai vu ici est incroyable », confiait Olli Caldwell, jeune pilote Alpine en LMP2, fasciné par cette ambiance peu commune.
Que l’on débute à peine sa carrière comme le Britannique ou que l’on cumule plus de cent courses en Formule 1 comme Daniil Kvyat, l’impression reste la même. « Le Mans est l’une de ces courses légendaires dont tout le monde parle, que tout le monde connaît. C’est unique. Je suis très impressionné car il reste encore une semaine jusqu’à la course et déjà, il y a tellement de fans... » Des profils très variés, mais une constante : tous parlent de leur participation aux 24 Heures du Mans comme d’un accomplissement.
"Pour l’instant, tout ce que j’ai vu ici est incroyable"
Olli Caldwell
Un accomplissement lié aux tendres souvenirs d’enfance pour Jimmie Johnson, septuple champion de NASCAR qui découvre la classique mancelle au volant d’un étonnant véhicule. « Cette course est un rêve de gosse, je me rappelle que mon père m’évoquait les pilotes qui couraient jusqu’à leur voiture au départ. Depuis tout petit, je suis fasciné. » Pour Ulysse De Pauw, rookie belge de 21 ans au sein de l’écurie AF Corse, « faire les 24 Heures du Mans est un honneur, d’autant plus pour l’année du centenaire. C’est un rêve d’enfant qui représente aussi beaucoup de sacrifices. »
Ne pas se rater
Pour un pilote professionnel, la gestion de la pression représente une grande part de la performance. Cela ne fait aucun doute, les 33 rookies présents au départ auront au moins une petite appréhension qui se traduit différemment selon les profils. Même pour Jimmie Johnson, qui n’a plus rien à prouver en sports mécaniques. « On a pensé cet engagement comme un vrai programme compétitif. Chevrolet voulait quelque chose de sérieux, avec pour ambition de rivaliser avec les autres LMGTE Am. Pour les pilotes et l’équipe que nous sommes, c’est compliqué de ne pas se battre en course. Nous avons surtout la pression par rapport à la performance intrinsèque de la voiture. On ne connaît pas ses points faibles, ses points forts, et on ignore comment elle va se comporter par rapport aux autres GT. »
Jimmie Johnson ne découvre pas l'endurance, puisqu'il a déjà participé aux Rolex 24 at Daytona à neuf reprises
Arnaud CORNILLEAU (ACO)
Si ses deux coéquipiers ont déjà participé aux 24 Heures du Mans, le défi n’en reste pas moins grand pour le pilote de la Chevrolet Camaro ZL1 Hendrick Motorsports. « Il faudra faire attention à respecter le règlement et les différences par rapport aux courses américaines. La pression est liée à ces petits détails inconnus, cela me préoccupe. » Pour d'autres, les appréhensions liées aux singularités de la classique mancelle existent bel et bien. « C’est la première fois que je vais conduire la nuit, dans l’obscurité totale. Je précise, car j’ai déjà roulé le soir sur des circuits au Moyen-Orient mais ils sont éclairés ; là, se retrouver après Mulsanne dans la nuit noire doit être particulier » prévoit Olli Caldwell.
"La pression est liée à ces détails inconnus"
Jimmie Johnson
L’essentiel est de ne pas s’attribuer une charge supplémentaire qui pourrait nuire au résultat de l’équipe. « Notre premier objectif est de finir la course, en tout cas, c’est le mien. En tant que rookie, je me dois d’aider l’équipe de mon mieux - et aussi, me faire plaisir, ça sera déjà pas mal. » Un sentiment également partagé par Daniil Kvyat : « Ça ne doit pas ajouter plus de pression ; je pense que le fait d’être rookie permet justement d’éviter ce phénomène. »
Duo de rookies sur la Oreca 07 - Gibson #63 Prema Racing, où Daniil Kvyat est épaulé par Doriane Pin.
JEAN-PHILIPPE BOYER (ACO)
L’Hypercar sur toutes les lèvres
La présence de sept constructeurs en Hypercar ne passe pas inaperçue pour les jeunes loups qui ont faim. Tous le savent : des places peuvent se libérer dans la plus prestigieuse des catégories, à condition de se faire un nom. C’est le cas d’Olli Caldwell, talent identifié depuis longtemps en monoplace et qui a même décroché un test au volant de la Formule 1 Alpine à la fin de l’année dernière. Il le sait, cette édition du centenaire compte énormément, d’autant que la firme dévoilera son prototype Hypercar le vendredi 9 juin : « Pour Alpine, les 24 Heures du Mans sont très importantes, on le sait tous. Beaucoup d’équipes vont surveiller ma performance comme celles des autres jeunes, donc je ne dois pas faire de faute bête. J’ai conscience que cette course peut être déterminante pour la suite de ma carrière. Il n'y a rien de confirmé pour le moment, mais c’est sûr que j’adorerais être dans l’Hypercar Alpine l’année prochaine ».
"J’ai conscience que cette course peut être déterminante pour la suite de ma carrière"
Olli Caldwell
Constat similaire pour Ulysse de Pauw, qui, au sein de l’équipe LMGTE Am AF Corse, ne peut s’empêcher de constater l’amour du public pour la Ferrari 499P également gérée par son employeur. « Il faut profiter et aussi se projeter. Il y a encore des échelons à gravir. Pourquoi pas, un jour, finir dans l’Hypercar Ferrari. Pour l’instant, je n’ai pas trop de pression quant à la course mais c’est sûr que ça va venir ! »
Daniil Kvyat, lui, a déjà un pied dans l'avenir puisqu’il est responsable du développement de la future LMDh Lamborghini, ce qu’il voit comme un « défi supplémentaire ». Même Jimmie Johnson ne compte pas en rester là : « J’espère que ce ne sera pas ma seule expérience au Mans. J’adorerais revenir ici plus tard, pourquoi pas au sein du programme Cadillac ou Corvette. »
De toute évidence, Le Mans cristallise toutes les ambitions et n’a pas fini de faire rêver ceux qui ont les dents longues, qu’ils découvrent la course ou non.
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Jimmie Johnson au volant de la NASCAR dans les rues du Mans. Quel spectacle !
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