Après avoir salué en 2022 le Centenaire des 24 Heures, la septième édition de Chantilly Arts et Elégance a réuni le dimanche 15 septembre deux Ferrari qui ont brillé aux 24 Heures du Mans à une décennie d’intervalle.
Organisé tous les deux ans en alternance avec Le Mans Classic, Chantilly Arts et Elégance partage de nombreux points communs avec ce grand rendez-vous de l’histoire des 24 Heures du Mans : parkings de clubs, animations et bien sûr voitures d’exception.
Entre les deux derniers concours Chantilly Arts et Elégance, deux éditions des 24 Heures du Mans ont été disputées – dont celle du Centenaire en 2023 – et remportées par Ferrari. De nombreuses marques ayant inscrit leur nom au palmarès manceau ont été représentées sur les pelouses du château de Chantilly (Alfa Romeo, Aston Martin, Bentley, Cadillac, Ferrari, Maserati, McLaren, Porsche…). Mais deux voitures frappées du mythique cheval cabré ont particulièrement attiré l’attention.
1962 : Ferrari 250 GTO, premiers exploits
L’année 1962 voit la première apparition aux 24 Heures du Mans d’une version très spéciale de la Ferrari 250 GT à châssis court. Sa face avant surbaissée pour une meilleure efficacité aérodynamique, percée de trois ouïes caractéristiques, son becquet arrière et ses multiples prises d’air latérales sont la griffe visuelle emblématique de celle qui va entrer dans la légende sous le diminutif des trois lettres de son matricule : GTO.
La Ferrari 250 GTO dispute ses premières 24 Heures du Mans en 1962. Parmi les cinq exemplaires au départ figure celui présenté sur les pelouses de Chantilly, engagé sous la bannière de North American Racing Team (NART), l’écurie de l’importateur américain Luigi Chinetti.
Précédée sous le drapeau à damier des deux autres 250 GTO à l’arrivée de Jean Guichet/Pierre Noblet (2e) et Léon Dernier/Jean Blaton (3e), elle termine sixième et victorieuse de sa catégorie aux mains d’un équipage 100 % américain.
En onze participations sarthoises de 1959 à 1973, Bob Grossman a piloté à sept reprises pour Luigi Chinetti. Son coéquipier Fireball Roberts fait son unique apparition aux 24 Heures quatre mois après sa victoire aux 500 miles de Daytona, l’un des rendez-vous majeurs du sport automobile outre-Atlantique, dont il est le premier vainqueur à disputer les 24 Heures.
Aujourd’hui propriété du gentleman-driver François Perrodo, cette Ferrari 250 GTO a été exposée temporairement en 2021 au Musée des 24 Heures, après y avoir été acheminée par la route, comme le faisaient les concurrents pendant les années cinquante et soixante. Cette année-là, le départ de la course avait été donné par John Elkann, Président de Ferrari. Et François Perrodo avait remporté sa catégorie au volant d’une Ferrari 488 GTE Evo, associé au Danois Nicklas Nielsen et à l’Italien Alessio Rovera.
Avec cette 250 GTO, Chantilly Arts & Elégance 2024 rendait hommage à l’un de ses concepteurs, l’ingénieur italien Carlo Chiti. Et a également salué la mémoire d’un autre grand personnage de l’histoire du constructeur italien : Charles Pozzi.
1972 : 365 GTB/4, cinq « Daytona » pour un top 10
A l’instar de Jacques Swaters en Belgique, Luigi Chinetti aux Etats-Unis et Ronnie Hoare au Royaume-Uni, Charles Pozzi (1909-2001) figure parmi les grands personnages ayant contribué au rayonnement commercial et sportif de Ferrari, en tant qu’importateur français de la marque.
Comme Jacques Swaters et Luigi Chinetti, Charles Pozzi a été pilote aux 24 Heures du Mans, avec quatre participations. En 1949, il fait partie des pionniers de la reprise du double tour d’horloge sarthois après une décennie d’interruption due à la Seconde Guerre mondiale. Ce sont ses premières 24 Heures et il est au volant d’une Delahaye, avec pour coéquipier Eugène Chaboud, vainqueur de la course en 1938. Charles Pozzi signe son meilleur résultat lors de son dernier départ en 1953, avec une huitième place sur Talbot-Lago en compagnie de Pierre Levegh.
Deux décennies plus tard, le nom de Charles Pozzi sera de nouveau associé aux 24 Heures du Mans, cette fois en tant que patron d’écurie. Et va contribuer au palmarès d’une icône sportive des années 1970. Présentée au Mondial de l’Automobile de Paris 1968, la 365 GTB/4, dite « Daytona », va devenir l’une des plus célèbres GT de Ferrari, notamment grâce à son beau palmarès aux 24 Heures du Mans, qu’elle inaugure en 1971 par une cinquième place sous la bannière du NART.
En 1972, Charles Pozzi engage pour la première fois la Daytona dans la Sarthe, avec deux voitures confiées à Jean-Claude Andruet/Claude Ballot-Léna et François Migault/Daniel Rouveyran. Au volant de l’exemplaire présenté à Chantilly Arts et Elégance, Andruet et Ballot-Léna terminent cinquièmes et vainqueurs de leur catégorie, emmenant un tir groupé de cinq 365 GTB/4 classées de la cinquième à la neuvième place.
Outre un remarquable palmarès au Mans, la 250 GTO et la 365 GTB/4 partagent un autre point commun : leur architecture à moteur avant, chère au fondateur Enzo Ferrari. Il faudra attendre les années 2000 pour découvrir leur descendante. Et en 2003, la 550 Maranello les rejoindra dans la prestigieuse lignée des Ferrari GT victorieuses dans la Sarthe.
PHOTOS - DE HAUT EN BAS : le château de Chantilly a offert un superbe écrin aux deux Ferrari victorieuses de leur catégorie aux 24 Heures du Mans à dix ans d'intervalle (NICOLAS BREMAUD / PETER AUTO) ; le Président de Ferrari John Elkann en 2021 lors de sa visite au Musée des 24 Heures, au volant de la Ferrari 250 GTO présente à Chantilly (LOUIS MONNIER / ACO) ; la Ferrari Daytona en piste lors de l'édition 1972 des 24 Heures, avec un top 5 à l'arrivée (M.L. ROSENTHAL / ACO).