La chaleur est un paramètre clé des 24 Heures du Mans. Même si la météo a parfois fait des caprices par le passé, et que la température peut descendre de manière importante pendant la nuit, la plupart des éditions sont inondées de soleil. Qu’en serait-il si l’épreuve se déroulait en hiver ? Nous avons posé la question à Thierry Perrier, pilote toujours en activité en VdeV Endurance Series qui compte à son actif 12 départs aux 24 Heures du Mans.
« J’ai des souvenirs de courses disputées dans des conditions très fraiches, au point de rendre la piste impraticable. Ce fut le cas notamment lors d’une manche de VdeV Endurance Series sur le circuit de Magny-Cours. Je me souviens prendre la petite bosse à la sortie des stands, à 50 km/h, et me retrouver au beau milieu de la piste, sur la droite, sans pouvoir réagir ».
Disputer les 24 Heures du Mans en plein hiver, cela changerait beaucoup de choses du point de vue du pilote ? « Certains moments clés de la course seraient très compliqués. Le premier tour notamment, mais pas seulement. Un pneu fonctionne bien à une température de 80 °C. Celle-ci ne pourrait pas être atteinte d’emblée au départ, donc le premier virage et les premiers freinages, notamment dans la ligne droite des Hunaudières, seraient très délicats. Mais il faut aussi penser à tous les tours de sortie des stands, ou encore aux reprises de la course en cas de neutralisation. La moindre perte de cadence, et les pneus vont se refroidir encore une fois ».
Rouler en hiver, ou en tout cas avec une température plus faible, peut toutefois avoir un avantage sur les performances du moteur. Bien souvent, c’est au petit matin, alors que la température est encore fraiche, et la piste parfaite, que les temps tombent aux 24 Heures du Mans. En hiver, dans des conditions optimales, le record de la distance pourrait être battu ? « Non ! Les moteurs seraient mieux à certains moments, mais avec tous les problèmes de chauffe évoqués pour trouver la bonne plage de fonctionnement, il serait difficile de battre le record de la distance. Un temps canon sur un tour est par contre possible, mais l’intérêt est de durer 24 heures non ? En plus, au moindre brouillard givrant, ou au moindre épisode de pluie, le danger serait redoutable en piste. Il n’y a pas de pare-brise chauffant sur ces autos de course ».
Seul intérêt à organiser les 24 Heures du Mans en hiver, les conditions de pilotage ? « Au volant, la température moins élevée serait un atout pour limiter la fatigue. Mais à la fin du relais, sortir de la voiture en sueur et se retrouver dans le froid, c’est la garantie de tomber malade. En plus, il faut penser aux mécaniciens et à toute l’équipe dans les stands, qui ne sont que très rarement chauffés. Les pauvres ».
En résumé, les 24 Heures du Mans en juin, c’est un calendrier parfait ? L’épreuve Sarthoise fut organisée la majorité du temps en juin, alors que l’été commence, et apporte ainsi des conditions idéales, loin des tracas de l’hiver… « Cela représente ce que l’on rencontre le plus au quotidien sur la route, des conditions normales de pays tempéré, avec parfois des épisodes de chaleur, et parfois un mercure plus bas. C’est un bon laboratoire pour la route de tous les jours et les voitures de tout le monde, sans doute le meilleur même, qui permet de tester des pièces… à 300 km/h ! ».
Geoffroy Barre, avec l'aide de Thierry Perrier, Secrétaire Général du Club des Pilotes des 24 Heures du Mans, et Vice-Président de l'ASA ACO Paris.
Photo : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS, JEUDI 10 JUIN 2009, ESSAIS QUALIFICATIFS. Thierry Perrier, ici dans le rôle de team manager, pour l'équipe Endurance Asia Team engagée en GT2 avec une Porsche 911 GT3 RSR.