La deuxième manche du Championnat du Monde d’Endurance de la FIA permet de se repencher sur le souvenir du pilote journaliste Paul Frère, disparu en 2008, et dont l’histoire est intimement liée aux circuits de Spa-Francorchamps et aux 24 Heures du Mans.

Né le 30 janvier 1917 au Havre dans une famille belge réfugiée en France, Paul Frère a débuté ses activités de journaliste en 1945, puis de pilote sur deux roues l’année suivante. En 1952, il dispute ses première 24 Heures du Mans. En 1955, il termine deuxième en Sarthe sur Aston Martin, et quatrième du Grand Prix de Belgique au volant d'une Ferrari sur les 14 km du circuit de Spa-Francorchamps. Un résultat qui lui vaut, en tant que premier Belge classé, de rejoindre le vainqueur Juan Manuel Fangio sur le podium. En 1956, il termine deuxième de cette course. C’est encore aujourd’hui le meilleur résultat d’un pilote belge sur son Grand Prix national.

Ses activités journalistiques avaient permis à Paul Frère de tisser des liens privilégiés avec Enzo Ferrari. Ils vont le mener jusqu'à la plus haute marche du podium des 24 Heures du Mans en 1960, avec son compatriote Olivier Gendebien. Ce dernier lui offre la joie inestimable d’accomplir le dernier relais et de recevoir le drapeau à damier. Au fil de ses huit participations mancelles, Paul Frère a également terminé deux fois deuxième (1955 et 1959) et deux fois quatrième (1957 et 1958). Il raccroche son casque après sa victoire sarthoise, mais reste pendant près d’un demi-siècle l’une des grandes figures de la salle de presse du Circuit des 24 Heures, et l’une des plus brillantes plumes de l’histoire du sport automobile. En 2003, à 86 ans, il prend au Mans le volant d’un prototype Audi R8… signant des chronos qui ont étonné beaucoup des pilotes présents cette année-là !

Paul Frère est décédé le 23 février 2008, mais Le Mans et Spa-Francorchamps n’ont pas oublié sa mémoire. En Sarthe, le pupitre qu’il occupait dans la salle de presse du circuit des 24 Heures porte une plaque gravée à son nom. Dans les Ardennes belges, une stèle salue sa mémoire au virage numéro 15 (raccordement entre l’ancien tracé de 14 km et l’actuel circuit de 7 km), qui porte depuis 2008 le nom de « courbe Paul Frère ». Deux beaux hommages pour un personnage hors norme, qui s’est inventé grâce à ses talents de journaliste, d'ingénieur et de pilote une place unique dans la mémoire des 24 Heures du Mans, dont le 90e anniversaire sera fêté les 22 et 23 juin prochains.

Jean-Philippe Doret / ACO

Photo : CIRCUIT DES 24 HEURES (LE MANS, SARTHE), 24 HEURES DU MANS, 25 & 26 JUIN 1960. Paul Frère et Olivier Gendebien ont imposé cette Ferrari 250 TR d'usine aux 24 Heures du Mans 1960.