En 1969, deux noms suffisent presque à évoquer à la fois l’histoire des 24 Heures du Mans et celle du rock : Jacky Ickx et Woodstock.

GT40 et 917, d’une légende à l’autre – Si la Porsche 917 monopolise les deux premières places en qualifications, avec une pole position record de Rolf Stommelen à près de 239 km/h de moyenne (3’22’’9), la Ford GT40 n’a pas dit son dernier mot. Au départ, Stommelen et son coéquipier Kurt Ahrens s’échappent en tête et Jacky Ickx s’élance bon dernier après avoir marché vers sa voiture. Dès lors, le Belge et son coéquipier britannique Jackie Oliver se lancent dans une remontée qui les ramène dans le top 5 à la septième heure, tandis que Stommelen-Ahrens sont retardés par une fuite d’huile. A la faveur de l’abandon à la 21e heure de l’autre 917 d’usine de Vic Elford-Richard Attwood, alors leader, Ickx et Oliver sont à la lutte pour la victoire avec la Porsche 908 de Gérard Larrousse-Hans Herrmann. Après avoir définitivement pris la tête dans le dernier tour, le Belge s’impose pour 120 mètres face à Herrmann. En 1969, la 37e édition des 24 Heures du Mans est ainsi un véritable passage de témoin : Ford signe avec la GT40 une victoire entrée dans la légende, tandis que Porsche va marquer les deux années à venir avec la 917.

PHOTOS (D.R. / ARCHIVES ACO) : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS, 14 & 15 JUIN 1969. John Wyer conclue magistralement la saga sarthoise de la Ford GT40 en plaçant les deux voitures de son équipe sur le podium, avec la victoire à l'arraché de Jacky Ickx-Jackie Oliver (n°6, en haut) et la troisième place des Britanniques David Hobbs-Mike Hailwood (n°7, ci-dessus). 

1969 : l’apothéose de Woodstock – Dans le monde du rock, la période correspondant aux quatre victoires consécutives de Ford voit l’émergence d’une nouvelle génération de musiciens nés pendant la Seconde Guerre Mondiale. Les albums studio se font doubles, grâce notamment à Bob Dylan, Frank Zappa (1966), les Beatles, Jimi Hendrix (1968) ou encore Chicago (1969) ; des croisements naissent entre l’électricité rock et l’improvisation jazz ; le blues devient Hard Rock grâce à Cream et Led Zeppelin… En 1969, les ultimes séances d’enregistrement des Beatles donnent naissance à Abbey Road, les Who transforment le rock en opéra avec le double album Tommy… Et du 15 au 18 août, le festival de Woodstock entre dans la mémoire collective, filmé par Michael Wadleigh. Dans son équipe figure un jeune cinéaste de 26 ans qui, depuis, a fait son chemin : « Il y avait une plate-forme pour les photographes au bord de la scène et c’est là que je me tenais, il y a d’ailleurs beaucoup de photos de moi avec un casque sur les oreilles, racontera en 2011 Martin Scorsese dans un livre d’entretiens avec le biographe Richard Schickel. Je suis resté là trois jours et trois nuits, à faire l’assistant réalisateur. »

Pour les 24 Heures du Mans comme pour le rock, le début des années 1970 sera un prolongement de cette période faste, avec les victoires de la Porsche 917 et de nouvealbums et chansons de légende à venir.

PHOTO CI-DESSOUS (D.R.) - Détenteur des droits de la dénomitation GT40, Safir GT40 a fait réaliser en édition limitée par le luthier canadien Hoodoo Guitars des instruments inspirés des formes de la voiture, pour célébrer le demi-siècle des victoires Ford au Mans. Ici à l'image, la guitare reprenant la décoration de la Ford GT40 de Jacky Ickx et Jackie Oliver, vainqueurs en 1969.