Originaire de Sicile, Giuseppe Risi s'intéresse très jeune au sport automobile... alors que ses parents rêvent pour lui d'une carrière de médecin ! Son parcours  fait pourtant de lui l'un des dignes héritiers de Luigi Chinetti, trois fois vainqueur des 24 Heures du Mans puis importateur Ferrari aux Etats-Unis. Avec sa silhouette imposante mais toujours élégante -chemise blanche et pantalon de smoking noir, et son don pour les langues, Giuseppe Risi est un personnage particulièrement charismatique. .

La première anecdote qu'il raconte est d'ailleurs liée aux 24 Heures du Mans et à Ferrari : "J'étais venu en spectateur aux 24 Heures 1970. Je me promenais dans le paddock lorsqu'un homme m'a demandé l'heure. En le voyant relever ses lunettes de soleil pour regarder ma montre, j'ai reconnu Steve McQueen, qui a immédiatement provoqué un attroupement autour de nous ! J'étais déjà passionné par Ferrari à l'époque, mais je n'en ai jamais voulu à Steve McQueen d'avoir fait gagner la Porsche 917 plutôt que la Ferrari 512 dans le film Le Mans en 1970 !" Ce ne fut pas le cas d'Enzo Ferrari, qui refusa toute implication directe et chargea son importateur belge Jacques Swaters de collaborer au long métrage produit et interprété par l'acteur américain !

Pendant les années 1970, Giuseppe Risi voyage beaucoup : Afrique, Allemagne, France, Espagne, Grande-Bretagne... "Un tour du monde à lui tout seul ! Il est capable de répondre quelle que soit la langue dans laquelle on s'adresse à lui !" sourit le Français Eric Helary, vainqueur des 24 Heures du Mans en 1993 avec Peugeot, et qui fut le pilote de Risi aux Etats-Unis. L'Italien maîtrise en effet quatre langues : outre la sienne, l'Anglais, le Français et l'Espagnol.

Il débute sa carrière en Espagne au début des années 1970, par le biais des courses de côte. A cette époque, il fait la connaissance du pilote Emilio de Villota : il dirige ainsi la toute première équipe ibérique de Formule 1, construite autour de l'Espagnol. Après avoir évolué en 1978 et 1979 dans l'équipe privée de Formule 1 du pilote mexicain Hector Rebaque, Risi s'installe aux Etats-Unis en 1980.

Associé à Alain de Cadenet et Désiré Wilson, Emilio de Villota est au volant lors de la première venue mancelle de Giuseppe Risi en tant que constructeur en 1982, avec le prototype GRID. Propulsé par un moteur Ford-Cosworth dérivé de la Formule 1, il est dessiné par l'ingénieur Geoff Aldridge, que Giuseppe Risi a connu au sein de l'écurie d'Hector Rebaque. Mais dans ses trois participations (1982, 1983 et 1984), la GRID est contrainte à l'abandon.

Parallèlement, Giuseppe Risi développe ses activités américaines avec Ferrari, avec la création au Texas des concessions de Houston, Dallas et Austin, la présidence de l'Association des concessionnaires Ferrari d'Amérique du Nord, ou encore l'organisation du Ferrari Challenge américain...

C'est donc logiquement avec le Cheval Cabré qu'il effectue son retour aux 24 Heures du Mans en 1998, sous la bannière "Doyle-Risi". Alors que les GT dominent la course avec la victoire de la Porsche 911 GT1 de McNish-Aiello-Ortelli, la 333 SP n°12 de Wayne Taylor, Eric van de Poele et Fermin Velez ne termine que 8ème... mais premier prototype classé, remportant ainsi la catégorie LM P1 ! "Si nous avions bénéficié de l'aide de Ferrari Corse Clienti (service Competition Client de Ferrari, ndla), nous aurions pu viser la victoire au général," souligne Giuseppe Risi. Ce soutien ô combien précieux, il va l'obtenir dans les années suivantes. Le meilleur reste à venir dans le second épisode de notre saga....

Jean-Philippe Doret / ACO

Photo : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS, DIMANCHE 5 JUIN 2016, JOURNEE TEST. Après la 360 Modena et la F430, Risi Competizione aligne en catégorie LM GTE Pro un exemplaire de la nouvelle 488 GTE.