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Deuxième importateur de Ferrari après Luigi Chinetti, pilote et propriétaire d’écurie, Jacques Swaters est décédé le 10 décembre dernier.

C’est après la Seconde Guerre mondiale que Jacques Swaters, né en 1926, vient à l’automobile, après des études de droit. Il dispute sa première course aux 24 Heures de Francorchamps en 1948 sur MG, avec pour coéquipier un certain Paul Frère, futur vainqueur au Mans en 1960. L’Ecurie Francorchamps naît en 1952 et sa fameuse couleur jaune deviendra aussi célèbre que le rouge de Ferrari. Elle est ainsi, avec le NART de Luigi Chinetti, Maranello Concessionaires et la Scuderia Filipinetti, l’un des grands représentants du Cheval Cabré en compétition, aussi bien en GT qu’au Mans.

En 1965, Ferrari signe sa dernière victoire absolue en Sarthe, avec une 250 LM du NART pilotée par Masten Gregory et Jochen Rindt. Mais ce succès a bien failli être celui de l’Ecurie Francorchamps : « Lorsque la 250 LM de Pierre Dumay et Gustave Gosselin s’est retrouvée en tête, j’avais un tour et un ravitaillement d’avance sur la voiture du NART, racontait Jacques Swaters en 2007, lors du soixantenaire de Ferrari. Gaetano Florini et Mauro Forghieri sont venus me trouver pour me proposer de geler les positions et j’ai donné mon accord. Mais Luigi Chinetti a refusé : l’Ecurie Francorchamps et le NART ont donc attaqué comme des fous jusqu’au dimanche après-midi. J’avais un ravitaillement d’avance, et c’est à ce moment que le pneu arrière droit de notre 250 LM a déchappé et détruit la carrosserie. Nous avons changé le pneu, la roue, réparé tant bien que mal le capot arrière, tandis que la 250 LM du NART est passée et a gagné la course. »

Cinq ans plus tard, Jacques Swaters apporte son précieux concours à Steve McQueen et à sa société de production Solar, pour le film Le Mans : « J’ai accueilli l’équipe du film sur mon stand pendant les 24 Heures 1970, loué une Ferrari 512S à Solar ainsi que mes mécaniciens pour les deux mois qui ont suivi la course, et également engagé des pilotes pour le tournage. Lorsqu’il a fallu acheter une 512 supplémentaire, je suis reparti à Modène dans un avion de Solar stationné à Orléans pour négocier  - très cher ! - l’achat de l'un des autres châssis, et je suis retourné au Mans en taxi Mercedes avec le châssis posé sur le toit ! J’étais au bord de la faillite à l’époque et le film m’a permis de me renflouer. L’affaire de ma vie ! » L’Ecurie Francorchamps cesse ses activités en 1982.

Jacques Swaters a également disputé les 24 Heures du Mans à quatre reprises en tant que pilote, de 1954 à 1957. Quatrième en 1954 et 1956, il signa son meilleur résultat en terminant troisième de la sinistre édition 1955, au volant d’une Jaguar D partagée avec Johnny Claes.

Jean-Philippe Doret

Photo : LE MANS, 24 HEURES DU MANS, 19 & 20 JUIN 1965. La 250 LM de Pierre Dumay et Gustave Gosselin, de l'écurie Francorchamps dirigé par le regretté Jacques Swaters  avait pris la tête de la course après les problèmes rencontrés par les Ferrari d'usine.