L'avenir du sport auto sera-t-il électrique ? L’avis des pilotes…
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L'avenir du sport auto sera-t-il électrique ? L’avis des pilotes…

 

Photo : - D.R.

 

L’avenir du sport automobile passera-t-il par des propulsions électriques ? C’est la question que nous avons posé à quelques-uns des meilleurs pilotes français.

Depuis sa création en 1923, l'épreuve des 24 Heures du Mans est un véritable banc d'essais pour les innovations technologiques. Un jour peut-être, des voitures 100 % électriques seront suffisamment performantes pour y être éprouvées... Qu’en pensent les pilotes ?

Sébastien Loeb, pilote Citroën en Rallye : « Est-ce l’avenir ? Je n’en sais rien. Si l’automobile va vers l’électrique, le sport automobile ira aussi. Mais d’ici là, je serai trop vieux pour piloter... Mais diriger une équipe "électrique" ne me dérangera pas ! Aujourd’hui, c’est clair, on préfère les moteurs thermiques, mais l’électrique fait parti du progrès et il faudra faire avec. Les pilotes s’adapteront à ce qu’ils auront, et les "anciens" diront toujours que "c’était mieux avant"… »

Romain Grosjean, pilote Lotus Renault en F1 : « C’est un peu tôt pour répondre à cette question. Entre le thermique et l’électrique, il y a l’hybride qui est peut-être une solution plus réaliste. Les instances auront aussi un rôle à jouer dans les orientations à prendre. Côté pilotage, l’Andros Car et le Kart de Bercy mont convaincu qu’un engin électrique pouvait-être plaisant à exploiter. »

Jean-Eric Vergne, pilote Toro Rosso en Formule 1 : « Quand on voit la courbe ascendante des performances des moteurs électriques, on peut supposer qu’ils seront compétitifs face aux moteurs à combustion interne dans quelques années. Personnellement, tant qu’on me laissera quatre roues, un volant et des pédales… Ça m’ira ! Je mettrai des bruits de moteurs dans mes écouteurs ! »

Jules Bianchi, 3e pilote Ferrari en F1 : « L’électrique c’est l’avenir… Mais l’avenir lointain. En attendant, cette énergie est déjà présente en sport automobile grâce aux Srec. Aujourd'hui, on envisage déjà de faire rouler les F1 dans les stands en utilisant seulement l'énergie électrique. C'est un début... La révolution a commencé ! »

Sébastien Bourdais, pilote Peugeot Sport en Endurance : « Ayant un cursus scolaire scientifique, je m’intéresse naturellement aux nouvelles technologies. C’est intéressant d’être à l’origine de ces innovations. Dans l’état actuel des choses, cela reste farfelu d’imaginer un prototype 100 % électrique au départ 24 Heures du Mans. Cela dit, il faut rester ouvert car la pire des choses serait de briser les rêves des avant-gardistes. Si leurs trouvailles nous permettent de prendre du plaisir sans impacter la nature… Alors pourquoi pas ! Personnellement, le bruit du moteur ne me manquera pas. Ce qui m’intéresse, c’est la puissance et le niveau de grip. »

Franck Montagny, pilote Peugeot Sport en Endurance : « Je pense que le monde va plus vers l’électrique que vers le V8 de 7,0 litres ! La technique progresse vite, on l’a vu avec le Kart de Bercy. Electrique ou thermique… Finalement ça ne change pas grand-chose. J’ai aimé le bruit du V10 essence Renault, j’aime moins celui du V8 diesel Peugeot… Et pourtant, je prends autant de plaisir à piloter la Peugeot 908 que la Renault F1. Le bruit n’est qu’une infime partie du plaisir. Je crois que c’est pareil pour les spectateurs : ils ont aimé le son des V12 Matra dans les Hunaudières, mais ils apprécient aussi la lutte silencieuse entre Peugeot et Audi. On ne peut pas aller à l'encontre de ce qui se passe dans le monde. »

Stéphane Sarrazin, pilote Peugeot Sport en Endurance : « C’est peut-être l’avenir, mais je ne suis pas pressé. J’aime bien avoir un moteur bruyant. Déjà avec le diesel, on a perdu des décibels, mais avec l’électrique ça sera carrément zéro. »

Romain Dumas, pilote Audi Sport en Endurance : « En 2003, j’ai couru les 24 Heures du Mans avec une voiture qui s’appelait Nasamax et qui fonctionnait au bioéthanol. A l’époque, tout le monde trouvait cela bizarre et pourtant : aujourd’hui de nombreuses voitures fonctionnent avec ce carburant… C’était peut-être avant-gardiste ? Quand tu es pilote, tu veux la meilleure voiture possible, qu’elle soit essence, diesel, hybride ou électrique ! S’il faut du courant pour gagner Le Mans, on sera content d’avoir les batteries sous les fesses ! »

Julien Jousse, pilote Pescarolo Team en Endurance : « Le karting utilisé à Bercy possède beaucoup de couple mais plafonne très vite en pointe. Si l’on reporte ces caractéristiques à un prototype du Mans, on peut imaginer une forte accélération à la sortie du Tertre Rouge, puis une vitesse de pointe très vite atteinte aux alentours de 250 km/h dans la ligne droite des Hunaudières. En plus de cela, il y a le déchargement rapide des batteries : dix minutes (la durée d’une course au Master Kart de Bercy) ne permettent pas de faire plus de deux tours du circuit du Mans… Donc ça ne sera pas pour l'année prochaine ! »

Olivier Lombard, pilote Greaves Motorsport en Endurance : « D’ici cinq ou six ans, nous devrions voir des projets très sérieux dans ce sens. En tant que pilote, je trouve cela extraordinaire d’être les parmi les premiers à développer ce type de technologies. Le souci n’est peut-être pas autant pour les pilotes que pour les spectateurs : vont-ils accepter d’assister à des compétitions silencieuses ? L’expérience du Kart de Bercy tend à prouver que oui ! »

Dorian Boccolacci, pilote de l’Equipe de France FFSA Karting : « Le karting utilisé à Bercy sort mieux des virages qu’un engin traditionnel mais sa vitesse de pointe est plus faible. Si les ingénieurs allongent le développement du moteur, il surchauffe. Par ailleurs l’énergie des batteries commence à chuter après dix minutes… Alors je crois qu’il faudra encore un peu de temps pour que ça soit viable aux 24 Heures du Mans. Côté pilotage, le manque de bruit me perturbe un peu au freinage. Sinon, le plaisir reste très intense ! »

Comme nous tous, les pilotes sont concernés par l’impact environnemental de l’automobile en général, et du sport automobile en particulier. Si le plaisir de conduire reste au centre de leurs préoccupations, tous éprouvent la même curiosité vis-à-vis des nouveaux moyens de propulsion. Tous veulent être les acteurs de la révolution « verte », qu’elle soit électrique ou non.

Julien Hergault

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