Le Mans - Histoires de balcons de ravitaillements
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Le Mans - Histoires de balcons de ravitaillements

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Le Mans - Histoires de balcons de ravitaillements

 

Photo : Claude Fressenge

 

Depuis la création de l’épreuve en 1923, le tracé du circuit des 24 Heures du Mans a toujours su conserver l’esprit qui le caractérise, tant par son développement que par ses spécificités. Les infrastructures, quant à elles, se sont modernisées au fil des années, des époques, des drames et de l’histoire. Le plus important chantier qu’ait connu le complexe sarthois est sans aucun doute la construction de l’impressionnant et désormais emblématique « paquebot » des nouveaux stands, en 1991, tournant ainsi la page des anciens balcons de ravitaillements qui avaient vu grandir plusieurs générations de passionnés. Ces balcons, parlons en...

L’image est connue de tous, fascinante pour les plus jeunes, nostalgique pour les plus anciens. Une foule considérable est massée quelques mètres au-dessus des zones de ravitaillement. Les spectateurs, exploitant chaque mètre carré de cette zone particulièrement prisée, attendent le départ de la course avec enthousiasme, parfois assis à l’aplomb du bâtiment, les pieds dans le vide. Avec les pilotes non loin, les voitures en épis, les mécaniciens, les officiels, les gendarmes et probablement quelques badauds, la vue de la ligne droite des stands est absolument saisissante. Une image d’une autre époque...

Pour Jean-François, spectateur de la grande course mancelle depuis les années de rivalité opposant Ford à Ferrari, les anciens stands avaient une saveur particulière. Celle d’une période révolue, lointaine, où la proximité était de rigueur sur les circuits : « Je me souviens encore parfaitement de ces samedis matin de juin, au plus près des voitures et des pilotes, avant le grand départ. C’était l’effervescence sur la piste et à cinq mètres des concurrents, nous ne rations rien du spectacle. J’ai un souvenir impérissable de l’édition 1969, une édition dramatique à l’issue du premier tour. Avec mon cousin, nous étions idéalement placés sur le balcon, dans la partie haute de la grille de départ. Nous nous trouvions précisément au-dessus de l’emplacement de la Porsche 917 n°10 pilotée par John Woolfe au moment du départ. Je me souviens encore observer le britannique se préparer, échanger avec ses adversaires, regarder autour de lui et sentir la tension monter. Cela pouvait se lire dans son regard. Puis le silence, le claquement des bottines sur le sol et les moteurs démarrent en faisant trembler le béton sous nos pieds. Le pilote de la Porsche s’est élancé. Trois minutes après, dans le silence, nous guettions alors les voitures depuis Maison-Blanche et là, un panache de fumée s’est élevé dans le ciel. Tous les spectateurs avaient compris que c’était grave. John Woolfe venait de se tuer avant même la fin de son premier tour de course. »

Si la configuration de la ligne droite des stands a évolué à l’entame des années 70 avec la création d’une voie propre aux ravitaillements séparée de la piste par une zone de sécurité, le bâtiment principal au-dessus des box sommaires n’a pas changé. L’atmosphère qui y régnait non plus. Nous sommes alors dans les années 80. Pour Philippe, fidèle parmi les fidèles depuis les Sixties, les souvenirs depuis ce poste d’observation restent impérissables « Nous pouvions tout voir depuis les balcons de ravitaillements. Je ne comptais plus les aller-retours sur cet étroit bloc de béton pour voir les interventions mécaniques, les pilotes s’échangeant des informations et les voitures repartant en trombe. Il fallait toutefois être matinal les samedis de course. Il y avait tellement de monde qui souhaitait s’installer à cet endroit que je devais me positionner à partir de 9 heures. La vue était alors imprenable. A notre gauche, nous pouvions voir les voitures sortir des chicanes Ford tandis qu’à notre droite elles entamaient la courbe Dunlop à pleine vitesse. Quel spectacle ! Je me souviens aussi d’un détail qui pouvait parfois perturber ce beau panorama. Juste sous nos pieds, il y avait les loges des invités et les vitres en bois de ces dernières s’ouvraient par le dessus, nous privant parfois de quelques scènes superbes de changements de pilotes. Il y avait aussi ces agents de sécurité, sifflet à la bouche, qui rappelaient sans cesse aux fumeurs de ne pas jeter leurs mégots par-dessus la balustrade ! Le folklore. Bien que la configuration du bâtiment des stands ait profondément changé au début des années 90, l’ambiance n’a pas changé, l’excitation du départ non plus et cet impressionnant monument tout illuminé les nuits de courses ou d’essais est incontestablement féérique. »

C’est ainsi là, la grande réussite de l’actuel bâtiment qui entretient la magie du circuit des 24 Heures du Mans, tout en offrant aux concurrents un espace de travail vaste et sécurisée. Comme quoi, la modernité peut tout à fait s’accorder avec l’histoire pour offrir un spectacle toujours aussi impressionnant.

Pierre-Yves Riom / ACO

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