Les « 192 Heures du Mans » : huit victoires pour cinq champions du monde en Formule 1
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Les « 192 Heures du Mans » : huit victoires pour cinq champions du monde en Formule 1

CENTENAIRE DES 24 HEURES – DES MACHINES ET DES HOMMES ⎮ Cinq pilotes, huit victoires et six titres mondiaux : à l’approche du centenaire des 24 Heures du Mans (2023) et des 75 ans de la Formule 1(2025), retour sur le club très exclusif des pilotes à la fois vainqueurs dans la Sarthe et couronnés dans la discipline reine de la monoplace avec l’histoire du sport automobile en filigrane.

Mike Hawthorn, Phil Hill, Jochen Rindt, Graham Hill et Fernando Alonso ont donc réussi l’un des doublés les plus rares de l’histoire du sport automobile. Si l’on s’y penche de plus près, on découvre très vite que leur personnalité est aussi singulière que leur palmarès.

Cinq pilotes, cinq caractères

Pionnier de cette prestigieuse lignée, Mike Hawthorn avait la particularité d’arborer en course un nœud papillon et un casque ouvert dont la visière translucide couvrait tout le visage. Vainqueur des 24 Heures 1955, il est aussi devenu trois ans plus tard le premier citoyen du Royaume-Uni titré en Formule 1.

Premier Américain de naissance victorieux aux 24 Heures, Phil Hill était pianiste amateur, mélomane, fréquentait régulièrement la Scala de Milan quand il était pilote Ferrari... Et occupe une place unique dans l’histoire du sport automobile, en tant que seul pilote à avoir été dans la même année (1961) vainqueur au Mans et titré en Formule 1.

Jochen Rindt était orphelin de guerre (ses parents ont été tués lors d’un bombardement allié sur Hambourg en 1943) et est arrivé sur les circuits avec une réputation de dandy rebelle à qui ses grands-parents n’ont rien refusé. Ce qui ne l’a pas empêché d’être le plus jeune des cinq champions du monde F1 victorieux au Mans – en 1965, à 23 ans. Mais le destin a fait de lui en 1970, après son accident mortel lors des essais du Grand Prix, d’Italie, le seul pilote couronné en F1 à titre posthume.

Graham Hill a construit sa carrière sur le tard, après avoir passé son permis de conduire à 24 ans. Malgré cette curiosité, il est encore aujourd’hui sur le toit du monde du sport automobile en circuit avec deux titres en Formule 1, une victoire à Indianapolis et au Mans, et cinq au Grand Prix de Monaco. Au moment de sa disparition dans un accident d’avion en 1975, il était propriétaire de sa propre écurie de Formule 1, Embassy Hill.

Aussi redoutable en piste que redouté dans les arcanes politiques de la Formule 1, Fernando Alonso s’est lancé en 2018 le triple défi simultané de la F1, des 24 Heures du Mans et du Championnat du monde d’Endurance FIA, après avoir l’année précédente fait l’impasse sur le Grand Prix de Monaco pour disputer les 500 miles d’Indianapolis. Il est pour l’instant le seul champion du monde F1 multiple vainqueur des 24 Heures, à avoir obtenu la couronne mondiale à la fois en Formule 1 et en endurance. Ressuscitant l’esprit des grands pilotes des années 1960 et 70, il s’essaye même au rallye-raid, comme Jacky Ickx en son temps.

Cinq pilotes et sept décennies d’histoire(s)

Remportées entre 1955 et 2018, les huit victoires cumulées aux 24 Heures du Mans par ces cinq pilotes sont aussi un marqueur de l’évolution du sport automobile.

Il est ainsi à noter que trois d’entre eux ont remporté le double tour d’horloge manceau avant d’être titrés en Formule 1 : Mike Hawthorn, Phil Hill et Jochen Rindt. A cette époque, la plupart des pilotes couraient indifféremment en monoplace, en endurance et même dans les grands marathons routiers des années 1950. Née précisément en 1950, la Formule 1 était encore une discipline jeune dont la popularité n’a pu atteindre celle des courses sport et endurance qu’à partir des années 1970.

Respectivement titré en Formule 1 en 1970 et vainqueur au Mans en 1972, Jochen Rindt et Graham Hill illustrent cette évolution. Le premier a remporté les 24 Heures en 1965 alors qu’il était un espoir à la réputation naissante en Formule 2, mais sa carrière en Formule 1 ne décolle vraiment qu’en 1969, lorsqu’il rejoint Lotus à une époque charnière. En 1968 – l’année du deuxième titre de Graham Hill – la Formule 1 autorise le sponsoring extra-sportif, ouvrant le financement des écuries à des sociétés dont l’automobile ne constitue pas l’activité principale. Mais cette expansion aura aussi pour effet d’éloigner les champions du monde F1 des 24 Heures : désormais, elles seront inscrites dans leur agenda soit avant, soit après leur carrière en Formule 1 jusqu’à ce que Fernando Alonso « rétablisse la connexion » entre les deux disciplines phare du sport automobile en circuit.

En 2023, le Centenaire des 24 Heures du Mans va marquer l’avènement d’un nouvel âge d’or avec la nouvelle catégorie reine Hypercar, tandis que la Formule 1 poursuivra une nouvelle expansion quasi inédite dans son histoire, à la veille de ses trois quarts de siècle. Trait d’union récent entre les deux disciplines, Fernando Alonso n’a jamais caché son envie de revenir dans la Sarthe pour goûter aux joies d’une future lutte entre les constructeurs Hypercar qui intéresse également l’actuel double champion du monde en titre Max Verstappen, déjà très affûté sur les 24 Heures du Mans Virtuelles. Un double engouement qui pourrait bien nous offrir de belles histoires à venir et qui sait, peut-être un sixième champion du monde F1 sur la plus haute marche du podium des 24 Heures.

MIKE HAWTHORN (Grande-Bretagne, 1929-1959) - Cinq participations aux 24 Heures du Mans de 1953 à 1958, 1 victoire (1955 sur Jaguar, avec Ivor Bueb). 45 Grands Prix disputés, 3 victoires, champion du monde 1958 sur Ferrari.

PHIL HILL (Etats-Unis, 1927-2008) - Quatorze participations aux 24 Heures du Mans de 1953 à 1967, 3 victoires (1958, 60 et 62 sur Ferrari, avec Olivier Gendebien). 47 Grands Prix disputés, 3 victoires, champion du monde 1961 sur Ferrari.

JOCHEN RINDT (Autriche, 1942-1970) - Quatre participations aux 24 Heures du Mans de 1964 à 1967, 1 victoire (1965 sur Ferrari, avec Masten Gregory). 60 Grands Prix disputés, 6 victoires, champion du monde 1970 sur Lotus.

GRAHAM HILL (Grande-Bretagne, 1929-1975) - Dix participations aux 24 Heures du Mans de 1958 à 1972, 1 victoire (1972 sur Matra, avec Henri Pescarolo). 176 Grands Prix disputés, 14 victoires, champion du monde 1962 (sur BRM) et 1968 (sur Lotus). Egalement vainqueur des 500 miles d’Indianapolis en 1966.

FERNANDO ALONSO (Espagne, né en 1981) - Deux participations aux 24 Heures du Mans, 2 victoires (2018 et 2019 sur Toyota, avec Sébastien Buemi et Kazuki Nakajima). 356 Grands Prix disputés (fin 2022, nouveau record de participations, carrière toujours en cours), 32 victoires, champion du monde 2005 et 2006 sur Renault. Egalement champion du monde d’Endurance de la Super Saison 2018-2019 (avec Sébastien Buemi et Kazuki Nakajima).

PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : En 2019, Fernando Alonso (au centre) et ses coéquipiers Kazuki Nakajima et Sébastien Buemi posent leur empreinte (au sens propre comme au figuré !) dans l'histoire des 24 Heures du Mans ; vainqueur en 1965 avec l'Américain Masten Gregory, Jochen Rindt (à droite) devra attendre encore quatre ans avant sa première victoire en Formule 1 ; associé à Henri Pescarolo pour ses dixièmes et dernières 24 Heures en 1972, Graham Hill (à gauche) a détenu de 1975 à 1989 le record de participations en Formule 1, battu depuis par Riccardo Patrese, Rubens Barrichello, Kimi Räikkönen et actuellement par Fernando Alonso depuis le Grand Prix de Singapour 2022 ; après avoir été en 2014 le seul pilote en activité à avoir donné le départ de la course, Fernando Alonso est aussi en 2021 le premier à avoir bouclé les 13 kilomètres du circuit des 24 Heures au volant d'une Formule 1, lors d'une démonstration Alpine en lever de rideau de la course.

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