Les 24 Heures du Mans ou « l’académie des Art Cars »
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Les 24 Heures du Mans ou « l’académie des Art Cars »

CENTENAIRE DES 24 HEURES – LE MANS, L’EXCEPTION ⎮ Le foisonnement créatif et artistique qui a marqué la première moitié des années 1970 s’est décliné aux 24 Heures du Mans grâce aux « Art Cars », nées de la passion d’un gentleman-driver pour l’art contemporain. En attendant de nouvelles variations à l’horizon du Centenaire ?

Après l’apparition et l’autorisation du sponsoring extra-sportif (sociétés dont l’activité n’est pas directement liée à l’automobile) à la fin des années 1960, la décennie suivante voit l’apparition de décorations originales, dont certaines sont entrées dans la mémoire collective des 24 Heures du Mans. Une nouvelle étape est franchie au milieu des années 1970, avec l’apparition des Art Cars.

BMW au Mans, l’art contemporain en mouvement

On peut certes considérer la Porsche 917 dite « psychédélique », deuxième des 24 Heures du Mans 1970, comme une pionnière en la matière. Mais la lignée des Art Cars naît officiellement en 1975 quand Hervé Poulain, commissaire-priseur et gentleman-driver français comptant dix participations, dispute, cette année-là, la 44e édition des 24 Heures au volant d’une BMW décorée par le peintre sculpteur américain Alexander Calder. Cette première s’achève sur un abandon, mais il poursuit l’aventure en 1977 avec une nouvelle variation, toujours avec une BMW, décorée par un autre artiste américain, Frank Stella, et reçoit le drapeau à damier en neuvième position, associé à Marcel Mignot. En 1979, les deux Français sont rejoints par l’Allemand Manfred Winkelhock au volant d’une BMW M1, et le trio signe avec la sixième place le meilleur résultat d’une Art Car au classement général.

Si la voiture décorée par Jeff Koons en 2010 est la dernière BMW Art Car vue aux 24 Heures, Hervé Poulain a décliné ce concept sur d’autres modèles, comme une McLaren F1 GTR et une Porsche 911, respectivement signées du sculpteur César et du dessinateur Georges Wolinski, pour ses deux dernières participations en 1995 et 97, avec à l’arrivée les treizième et vingtième places. « Désigner ma Art Car favorite, c’est impossible. C’est comme demander à un père de choisir un préféré parmi ses enfants, indique Hervé Poulain. Toutes les Art Cars que j’ai conduites aux 24 Heures du Mans occupent chacune à sa manière une place particulière pour moi. »

Arts Cars des 90 ans au Centenaire

Après l’œuvre (à tous les sens artistiques du terme) pionnière menée par Hervé Poulain, les Art Cars ont trouvé leur place dans la saga des 24 Heures du Mans. Et à la veille du Centenaire, comment ne pas évoquer le prototype Morgan LMP2, Art Car du 90e anniversaire en 2013, et qui est aujourd’hui pensionnaire du Musée des 24 Heures ? Conçue par Fernando Costa à partir de panneaux de signalisation, sa livrée avait été reproduite à l’identique sur la Morgan engagée en course par OAK Racing, aux mains de Jean-Marc Merlin, Philippe Mondolot et Jacques Nicolet. « Ce qui me fait rêver, ce n’est pas une Art Car en particulier, mais le principe de l’Art Car, précise Jacques Nicolet, propriétaire de l’équipe devenu constructeur avec Morgan puis Ligier. C’est-à-dire un artiste, un thème, une histoire et un concept, plus particulièrement, pour le cas de la Morgan, sur un prototype, alors que les Art Cars ont principalement été déclinées sur des GT. » En 2021, l'artiste Laurent Minguet a apposé sa griffe artistique sur deux autres prototypes LMP2 : les Oreca de Panis Racing et PR1 Mathiasen.

En 2017, la lignée Art Car avait vu à la fois cette version prototype faire son entrée au Musée des 24 Heures et une nouvelle variation en piste, avec la Corvette de l’équipe française Larbre Compétition. Son concepteur Ramzi Adek avait souhaité présenter un autre regard sur les Art Cars, longtemps déclinées par des grandes figures de l’art contemporain : « J’ai voulu faire une Art Car populaire, car le public des 24 Heures du Mans ne fréquente peut-être pas forcément les galeries d’art. J’ai pensé aussi bien à Matisse qu’à la culture des comics », expliquait-il cette année-là lors de la présentation de la voiture.

Si les formes des GT de caractère comme la BMW M1, la McLaren F1 GTR, la Porsche 911 ou encore la Chevrolet Corvette ont bel et bien été la source principale d’inspiration des artistes ayant contribué à la lignée des Art Cars, qu’en sera-t-il pour les Hypercars à l’horizon du Centenaire en 2023 avec Ferrari, Porsche, Peugeot, Glickenhaus et Toyota ? Et dans un avenir proche avec Lamborghini ou encore BMW ? Premiers éléments de réponse à venir les 10 et 11 juin prochains.

PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : La McLaren F1 GTR en version Art Car en 1995 sur une décoration du sculpteur César, avec à l'arrivée la 13 place pour Hervé Poulain, Marc Sourd et Jean-Luc Maury-Laribière ; trois générations de BMW Art Cars en 1977 (n°50), 1979 (n°76) et 2010 (n°79) ; en 2013, la Morgan-Nissan Art Car du 90e anniversaire avait été déclinée en deux versions, l'une statique à base de panneaux de signalisation, reproduits à l'identique pour le prototype qui a disputé la course en catégorie LMP2 ; en 2021, deux variations de l'artiste français Laurent Minguet sur les Oreca de Panis Racing (n°65) et PR1 Motorsports Mathiasen ; la Corvette Art Car de 2017 avait signé la pole position de la catégorie LMGTE Am.

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