Photo : Nissan
Mark Blundell (R90CK) signe la Pole Position en 3’27’’020 tandis que Masahiro Hasemi (R90CP), Geoff Brabham (R90CK) et Kenny Acheson (R90CK) se positionnent 3ème, 4ème et 5ème sur la grille de départ ! Malgré l’indiscutable pointe de vitesse des prototypes anglo-japonais, Mark Blundell ayant été flashé à 366 km/h dans les Hunaudières, une inconnue certaine plane à l’heure où les bookmakers se positionnent. Cette inconnue, c’est la fiabilité de ces puissantes Nissan dont le moteur V8 est capable de fournir plus de 1000 ch lorsque les manomètres des turbos s’affolent. Tom Walkinshaw (Jaguar) et Reinhold Joest (Porsche) le savent mieux que quiconque, Le Mans est une course d’endurance intraitable avec les machines trop arrogantes. Les pilotes des XJR-12 et 962C annoncent avant le départ qu’ils s’appliqueront à dérouler une course d’attente face à ces kamikazes pourtant bien décidés à rentrer dans l’histoire. L’histoire ? La magie du Mans se chargera de l’écrire...
Et l’histoire débute par un coup de théâtre pour le clan Nissan. La R90CK de l’équipage Acheson/Donnelly/Grouillard abandonne dans le tour de chauffe sur bris de transmission. Cette casse mécanique restera le symbole d’une débandade à la hauteur des moyens fournis par le constructeur japonais. Sur les cinq prototypes inscrits sur la liste des engagés, deux seulement verront le drapeau à damiers, la R90CP de Hasemi/Hoshino/Suzuki à la 7ème place et la R90CK de Millen/Roe/Earl en 17ème position, à des encablures de la Jaguar victorieuse !
Animatrice incisive des premières heures de course, l’armada Nissan va peu-à-peu se fissurer au rythme des faits de course, accrochages, fuite d’essence et casse de boite de vitesses. Trop fragiles car trop rapides, l’aventure mancelle de cette emblématique voiture est un paradoxe. Le meilleur tour en course, signé par l’Américain Bob Earl en 3’40’’030, ne consolera nullement cette terrible désillusion qui confirmera la décision de stopper le programme sportif officiel de Nissan en Championnat du Monde d’Endurance à l’issue de la saison 1990. Avec un sentiment de frustration mêlé de désillusion, l’engagement en Championnat du Monde se poursuit malgré tout pour les hommes de Ray Mallock. Les deux équipages sont modifiés à partir de l’épreuve de Dijon-Prenois. Sur le vallonné circuit bourguignon, Julian Bailey retrouve Mark Blundell tandis que Kenny Acheson « épouse » Gianfranco Brancatelli. Comme pour attiser plus encore la déception des 24 Heures du Mans, la paire Bailey/Blundell signe une probante 3ème place à un tour de la Sauber-Mercedes victorieuse, prouvant un fois de plus la vélocité de la R90CK en configuration sprint.
Comble de l’ironie, plus aucun abandon ne sera constaté lors des quatre manches suivantes, l’équipage phare Julian Bailey/Mark Blundell menaçant directement, par deux secondes places, les intouchables Mercedes lors des courses de Montréal et Mexico. Si aucune victoire n’a été signée en World Sportscar Championship en cette saison 1990, il a fallu se tourner vers le Japon pour y voir figurer une R90CP sur la plus haute marche du podium. Ainsi, l’équipage Hasemi/Olofsson s’est imposé à deux reprises à Sugo puis Mont-Fuji alors que Kazuyoshi Hoshino et Toshio Suzuki ont remporté la course du Suzuka. Bien que le succès ne soit pas d’envergure internationale, ces trois victoires offrent à Masahiro Hasemi et Nissan le doublé Championnat Pilote et Constructeur, face à un adversaire historique, Toyota !
Retour sur la Partie 1 du sujet Nissan R90 CK
Pierre-Yves Riom / ACO