
Le maniement des baguettes pour le déjeuner demeure un grand instant de solitude pour les rares européens à s’être déplacés sur l’Inje Speedium de Corée du Sud. Toute la nuit les conteneurs de 40 pieds ont amené dans ce coin reculé de la Corée du Sud (la Corée du Nord est à un jet d’arquebuse), l’ensemble des équipes. Cette noria de camions dans la nuit moite, ponctuée par les bip-bip des chariots élévateurs, avait quelque chose d’irréel, de virtuel, et pourtant tout le monde est à pied d’œuvre, 12 heures se sont écoulées depuis et les Ferrari du Challenge en décousent déjà sur ce toboggan à la fois somptueux et inquiétant. Deux bosses « en aveugle » en particulier donnent des frissons au passage de leur crête. Les pluies diluviennes du week-end dernier ont failli avoir raison de l’organisation et s’il n’en reste que des traces, on imagine sans mal, les nuits blanches que les services techniques du circuit ont passé pour drainer, nettoyer et redonner au circuit son aspect virginal puisque c’est son inauguration. Que dire du tracé découvert aux aurores, privilège s’il en est. Il y a du Francorchamps, du Brno, du Charade. Deux bosses en aveugle pimentent les parties hautes du circuit, les postes commissaires sont idéalement placés et les plates-formes caméras sont aux premières loges. Dans son PC médical flambant neuf, le médecin déballe ses cartons en espérant que les « clients » lui laissent le temps. Demain l’hélicoptère mettra l’hôpital à 25 minutes de vol. La salle de presse est immense et suréquipée, pour l’instant trois journalistes y ont pris leurs quartiers. Un immense mur borde cette salle de presse avec un intitulé pour le moins surprenant « pigeon holes » soit trous de pigeon, ce qu’au Moyen Age on appelait des boulins à l’intérieur du pigeonnier dont l’importance (1000 à 1500 boulins) traduisait la puissance du seigneur du lieu (cour locale avec droit de simple justice) et l’importance en hectares de la terre du fief. Ici rien de tout cela, ce sont les bacs en plastique qui reçoivent les documents officiels à destination de la presse qui relaie pour le monde entier les détails de cette « première ». Les essais libres familiarisent les pilotes avec un tracé tortueux qui doit procurer beaucoup de montées d’adrénaline. Demain pour les essais officiels, 160 commissaires ceintureront le circuit avec la foi des samaritains et les premiers chronos tomberont faisant des meilleurs d’entre eux les recordmen éphémères car à la prochaine édition, les records étant faits pour tomber, ils tomberont
Retrouvez dans cette vidéo, une visite deu tout nouveau circuit d'Inje Speedium
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Hervé Guyomard / ACO