
On se souviendra encore longtemps de cette édition si difficile, si compliquée, si éprouvante. La fête avait pourtant bien débutée. Dès le départ Audi et Toyota se lançaient à corps perdu dans la bagarre. A coup d’accélérateurs, de changements de rapports, de dépassements, les positions des leaders évoluaient au fil des tours.
Hélas, neuf minutes seulement après le départ, un drame effroyable s’abattait sur les 24 Heures du Mans. Le pilote danois Allan Simonsen était victime d’une sortie de piste, au virage du Tertre Rouge. Perdantle contrôle de sa voiture, l’Aston Martin n°95 percutait de plein fouet le rail de sécurité. Il devait décéder au centre médical du circuit peu après. Allan Simonsen avait trente-quatre ans.
Respectant la volonté de sa famille, l’équipe britannique poursuivait, non sans émotion, la course. Dans les paddocks, cette attitude ne tardait pas à être reprise par tous. « Il faut continuer, il faut se battre, entendait-on dans les boxes, en mémoire d’un des nôtres, c’est le moins que l’on puisse faire pour le moment.»
La course reprenait de plus belle malgré cette pluie constante et les sorties répétées des Safety Car qui se succédaient au fil de l’épreuve. On ne comptera pas moins de 5 h 30 de neutralisation sous voiture de sécurité. Enfin, à 15 heures dimanche 23 juin, exténués, quarante-trois équipages franchissaient la ligne d’arrivée, treize voitures n’ayant malheureusement pas cette chance.
La 81e édition des 24 Heures du Mans aura sacré l’Audi R18 e-tron quattro n°2, victorieuse, qui roula au ralenti, en sens inverse, dans la ligne des stands. La voiture s’immobilisa sur le damier. Tom Kristensen en descendit, fatigué, les yeux rougis, éreinté par une bataille qui aura duré vingt-quatre heures mais qui en parut bien davantage. Ses coéquipiers, Allan McNish et Loïc Duval, le rejoignirent et, ensemble, ils se hissèrent sur la carrosserie de la belle allemande.
Le podium n’attendait plus que les pilotes. Pour les accueillir, une autre grande légende : Jacky Ickx, Monsieur Le Mans, qui prenait place devant eux et s’adressait à la foule. Et c’est avec une profonde émotion qu’il s’adressait au public : « Nous avons perdu un ami ce week-end. Le drapeau du Danemark a flotté tout le week-end sur ce podium. Allan Simonsen faisait partie de notre famille. Le sport automobile est dangereux ; il le savait et nous en sommes tous conscient. Nous présentons à sa famille toutes nos pensées les plus sincères ». Tom Kristensen qui venait de remporter sa neuvième victoire au Mans, très lié à Simonsen mais aussi Allan McNish puis Anthony Davidson, le pilote de la Toyota n°8, chacun à leur tour, rendaient hommage à leur camarade.
C’est à une cérémonie particulière, que les milliers de spectateurs encore présents à la fin de l’épreuve, purent ainsi assister. Une cérémonie où l’émotion prit le pas sur la célébration.
Retrouvez dans cette vidéo, la cérémonie du podium qui consacra, cette année encore l'équipe Audi Sport.
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Thierry Arman / ACO