La Toyota GR010 s'attaque à ses premières 24 Heures du Mans. Partez-vous d’une feuille blanche avec ce nouveau prototype ?

On ne peut pas dire que l’on part d’une feuille banche, certains éléments restent inchangés, à l’image du volant ou des pédales. En revanche, il s’agit tout de même d’une nouvelle voiture, qui n’a plus grand-chose à voir avec le passé. L’évolution est énorme, bien plus qu’entre la TS040 et la TS050. C’est un règlement totalement différent ; on a essayé de faire au mieux avec tout ce que l’on a appris depuis le retour de Toyota en 2012.

 

Au niveau du pilotage, qu’est ce qui change par rapport à la TS050 ?

L’économie d’énergie n’est plus primordiale dans la performance, voilà la différence fondamentale. C’est plus « old school », nous sommes moins en gestion. L’énergie hybride est utilisée de manière un peu différente, l’accélération est plus linéaire. En termes de pilotage pur, la voiture est plus lourde mais plus brute, on peut vraiment attaquer les freins. Dans les virages rapides, elle bénéficie presque de plus d’appui que la TS050 en version aérodynamique « Le Mans ». Les pilotes ont été agréablement surpris, bien mieux que ce qu’on avait imaginé. Je me réjouis déjà de courir l’Hyperpole !

 

Que pensez-vous de l’effervescence autour des annonces récentes concernant la catégorie Hypercar ?

C’est fantastique de voir que le championnat reprend de l’ampleur. Je pense même que la catégorie va être plus compétitive qu’à l’époque des LMP1. Je me réjouis d’être au début de cette histoire, avec Porsche, Audi, Peugeot et les autres, ça va être fantastique.

 

Après trois victoires au 24 Heures, le statut de l’équipe Toyota a changé. Abordez-vous la course avec cette faim de victoire qui vous caractérise ?

C’est la même chose, on veut toujours gagner. La différence, c’est que l’on s’est prouvé que l’on peut gagner. Une fois que la première est arrivée, c’est différent. Maintenant, on a beaucoup d’expérience et on ne prend rien pour argent comptant. C’est ce qui change entre l’équipe Toyota 2016 et l’équipe 2021.

Vous, personnellement, comptez trois victoires aux 24 Heures et allez vous élancer pour votre dixième participation dans l’équipe qui vous a fait débuter. Que pensez-vous de votre longévité et de celle de Toyota sur la dernière décennie ?

Je suis très fier d’avoir pu faire gagner Toyota, qui n’avait encore aucun succès. Mais je me dis que j’aurai le temps de penser à ces choses-là dans quelques années. Pour le moment, j’essaye de me concentrer sur la victoire, en espérant ajouter d’autres succès à la légende de Toyota au Mans, créer un héritage. L’esprit d’équipe prévaut sur tout le reste.

 

Trois victoires consécutives, c’est un réel tour de force que peu ont réussi à accomplir. Vous rendez-vous compte que vous discutez avec Henri Pescarolo, Jacky Ickx et toutes les plus grandes légendes de l’épreuve ?

Tout va vite, je n’arrive pas à croire que je vais m’élancer pour mes dixièmes 24 Heures et que j’ai gagné trois fois d’affilée. Je pense encore beaucoup à 2016, même en ayant gagné par la suite. C’est une défaite très difficile à compenser.

 

Plus que jamais, est-ce que la fiabilité va être la clé de ces 24 Heures du Mans ?

J’en suis convaincu. Il faut être rapide, bien sûr, mais c’est sans doute ce qui va déterminer l’issue de la course. Nous venons avec une voiture totalement nouvelle, sans avoir eu un planning des plus aisés. Le prototype roule depuis un an environ, ça reste un gros point d’interrogation.  

 

Quelles sont vos impressions par rapport à la Journée Test d’hier, et surtout la performance de la Scuderia Cameron Glickenhaus ?

Glickenhaus pourrait être aux avant-postes, il n’y a pas de raison. Cette journée prouve que ça va être serré, aussi avec l’Alpine. Reste à voir qui tiendra la distance.