Alors que tout semblait désigner la Toyota TS050 Hybrid #7 comme prête au succès qui lui échappait depuis 2018, la course en a décidé autrement. Pour la troisième année consécutive, c'est la Toyota TS050 Hybrid #8 qui gagne. Sébastien Buemi et Kazuki Nakajima cumulent ainsi trois succès en Sarthe. Déjà victorieux en 2017 avec Porsche, Brendon Hartley signe aujourd'hui sa première victoire mancelle sous les couleurs du constructeur japonais.
LMP1
C’est à 2 h 30 du matin que tout a basculé. Les espoirs de victoire de Mike Conway, Kamui Kobayashi et José María López se sont envolés. Comme dans un mauvais rêve, la voiture devait rentrer dans son stand pour une intervention sur un problème de turbo. L’opération allait leur coûter 30 minutes et mettre un coup d’arrêt à leur marche triomphale. Il ne leur restait qu'à remonter sur les deux Rebellion R13-Gibson du Rebellion Racing qui en avaient profité pour se glisser sur le podium provisoire.
Le début de course avait pourtant été une démonstration de l’équipage lauréat de l’Hyperpole. Mike Conway parvenait à réaliser des relais sans la moindre erreur et se construisait tour après tour une avance confortable. Celle-ci atteignait 40 secondes après une heure de course. Parallèlement, une crevaison contraignait la Toyota TS050 Hybrid #8 à un arrêt imprévu. Rien ne semblait pouvoir arrêter la #7 lorsque Kamui Kobayashi, l’homme le plus rapide de l’histoire du Mans, prenait le volant. Plus rapide en performance pure et épargné par les faits de course, l’équipage #7 semblait alors invincible. La victoire tant attendue commençait à se dessiner.
Seule voiture dans le tour de tête dès le passage du quart de l’épreuve, la Toyota TS050 Hybrid #8 semblait tenir le rôle de garde du corps à la perfection. Il n'en fut rien. Sébastien Buemi, Kazuki Nakajima et Brendon Hartley, expérimentés et appliqués dans leur quête, ont mené une course sans faille. Malgré une alerte en début de nuit à cause d'un problème de refroidissement du frein avant-droit, qui allait entraîner un arrêt de 10 minutes, ils allaient se subsitituer à la voiture soeur pour mener la course. Nouveaux leaders à la mi-course, ils n'ont plus été inquiétés jusqu'à l'arrivée et s'imposent avec cinq tours d'avance.
LMP2
Rapides et surtout réguliers, passés au travers des problèmes techniques et incidents en piste qui ont émaillé la catégorie, Phil Hanson/Filipe Albuquerque/Paul Di Resta ont triomphé avec leur Oreca 07-Gibson #22. Le début de course voyait de nombreux concurrents se battre en tête du peloton. Un dynamisme lié au fait que certaines équipes choisissaient volontairement des stratégies décalées. Le premier relai – toujours plus court au Mans du fait de la mise en grille et du tour de chauffe – était parfois suivi d’un deuxième relai raccourci pour éviter les embouteillages aux stands. Il en résultait de nombreux changements de leaders.
C’est avant minuit que la situation a commencé à se décanter. Cinq candidats émergeaient au sommet des feuilles de classement : les Oreca 07-Gibson #22 et #32 du United Autosports de Phil Hanson/Filipe Albuquerque/Paul Di Resta et Will Owen/Alex Brundle/Job Van Uitert. On retrouvait aussi l’Oreca 07-Gibson #38 JOTA d’Anthony Davidson/Antonio-Felix Da Costa/Roberto Gonzalez, l’Oreca 07-Gibson #31 Panis Racing de Nicolas Jamin/Julien Canal/Matthieu Vaxiviere et l’Aurus 01-Gibson #26 G-Drive Racing de Roman Rusinov/Jean-Eric Vergne/Mikkel Jensen. Cinq concurrents pour un fauteuil.
A 6 h 40 du matin, l’Oreca 07-Gibson #32 United Autosports, victime d’une fuite d’huile, n’était plus dans cette bataille mais laissait le champ libre à la voiture sœur (#22). Toute la matinée, l’Oreca 07-Gibson #22 United Autosports de Phil Hanson/Filipe Albuquerque/Paul Di Resta n’avait plus qu’à contrôler pour rallier la ligne en vainqueur. A noter de nombreuses avaries qui ont touché plusieurs favoris et fait leur œuvre. Un fait rare en LMP2.
LMGTE Pro
Quoique réduite à un affrontement entre trois protagonistes (Aston Martin, Ferrari, Porsche), la catégorie LMGTE Pro a été très animée. Sans Porsche. La marque avait pourtant tout préparé pour le grand rendez-vous Sarthois. En cette année 2020, qui marque le cinquantenaire de son premier succès, des livrées spéciales « hommage » à 1970 habillaient les Porsche 911 RSR-19. Hélas, dès le départ, on constatait que les deux 911 RSR-19 n’étaient pas dans le rythme. Gianmaria Bruni, auteur de l’Hyperpole, chutait dans la hiérarchie. Le déficit de vitesse de pointe était flagrant et allait handicaper les machines de Weissach. Un duel entre Aston Martin et Ferrari apparaissait alors.
En début de soirée, les Italiennes étaient à la fête. Les Ferrari 488 GTE EVO #51 AF Corse d’Alessandro Pier Guidi/James Calado/Daniel Serra et la #71 de Davide Rigon/Miguel Molina/Sam Bird semblaient à l’aise avec les conditions météorologiques de ce mois de septembre. Après minuit, l’explication en piste continuait avec Maxime Martin (Aston Martin Vantage AMR #97) et Daniel Serra (Ferrari 488 GTE EVO #51 AF Corse). Au contact plusieurs minutes en piste, avant un passage décalé par les stands, les deux hommes ne se faisaient pas de cadeau.
Avant la mi-course, une voiture pétait décrochée de la tête du LMGTE Pro. Il s’agissait de la Ferrari 488 GTE EVO #71 victime d'une crevaison à l'arrière droit. Ramenée au ralenti par son pilote Sam Bird, elle n’allait plus retrouver le top 3. C’est finalement l’Aston Martin Vantage AMR #97 de Maxime Martin/Alex Lynn/Harry Tincknell qui s’impose. L’écart final réduit (1’33’’164) témoigne de l’intensité de la lutte.
LMGTE Am
Aston Martin décroche également la catégorie LMGTE Am. Pas avec l’Aston Martin Vantage AMR #98 officielle de Paul Dalla Lana/Ross Gunn/Augusto Farfus longtemps aux avant-postes. Avec ses équipiers, Paul Dalla Lana - qui court après un succès en Sarthe depuis plusieurs saisons - ne parvenait pas à contenir les assauts de l’Aston Martin Vantage AMR #90 TF Sport de Salih Yoluc/Charles Eastwood/Jonathan Adam. Pire, la voiture était touchée par des problèmes de suspension et perdait du temps au petit matin.
Clairement plus rapide, le trio de la structure de Tom Ferrier (TF Sport) s’imposait avec 49'752 secondes d’avance. Pour la deuxième place, Riccardo Pera (Porsche 911 RSR #77 Dempsey-Proton Racing) a pris le meilleur face à François Perrodo (Ferrari 488 GTE EVO #83 AF Corse) peu après 10 h 30. Ce dépassement réalisé au niveau de la première chicane des Hunaudières allait être décisif. Une Aston Martin, Une Ferrari et une Porsche sur le podium, belle diversité !