Après votre période avec Jaguar (qui se termine en 1991), vous allez chez Toyota en 1992 et 1993…

« J’ai même rejoint Toyota en 1991, j’ai fait des essais pour eux au Japon tout au long de l’année. Toyota m’a permis de courir pour Jaguar une dernière fois aux 24 Heures du Mans (4e de la course sur la Jaguar XJR12 n°33 avec Derek Warwick et John Nielsen, ndlr) car ils n’y allaient pas. J’ai donc roulé officiellement en compétition pour eux en 1992 qui marquait l’arrivée d’une nouvelle réglementation avec des autos de 750 kilos, des moteurs V10 de Formule 1 de 3.5 litres. Dans ces autos, on prenait des « G »au niveau de la tête, c’était incroyable ! Nous avons commencé par des essais au Castellet. Sur ce circuit, vous avez une longue ligne droite suivie d’un virage nommé Signes. Lorsque j' arrivais en bout de ligne droite à 330 km/h, dans ma tête, je me disais "ce n’est pas possible de passer Signes à fond", donc à chaque fois, je soulageais. Pourtant, on pouvait le faire. Avec de tels « G », on pensait perdre notre tête (rires) ! Le niveau d’adhérence de cette voiture était juste phénoménal.

1995 marque votre arrivée en GT avec la McLaren F1 GTR n°51 engagée par Harrodds Mach One Racing. Vous terminez troisième de cette course avec Derek et Justin Bell…

Nous avons été assez malchanceux cette année là car nous avons mené la course pendant 10 à 12 heures. Deux heures avant l’arrivée, nous avons eu un souci de transmission. Nous avons perdu deux places et terminons 3e. C’est une édition que j’ai longtemps pensé pouvoir gagner. La McLaren F1 GTR était une belle voiture, un son très sympa avec ce V12, mais avec moins d’appui aérodynamique que les voitures que j’avais pu piloter auparavant. Cette année-là, il a beaucoup plu et ,à certains endroits dans la ligne droite des Hunaudières, ce fut très chaud…

Après deux ans chez McLaren, vous arrivez chez Panoz...

Tout à fait, nous terminons d’ailleurs 7e d’une des deux éditions passées avec eux. C’était aussi une voiture sympa à piloter et à regarder, déjà de par son esthétisme. Cependant, le moteur était un peu dépassé, je pense. Il faisait tellement de bruit. Mes oreilles (rires) !

Vous avez piloté pour Jaguar, Toyota, Panoz, McLaren puis Audi et Bentley ensuite. Quelle est la voiture qui vous a le plus marqué ?

Après le chapitre Panoz, j’ai aussi eu deux autos superbes dans les mains avec cette Audi R8C et la Bentley EXP Speed 8. Je dois dire que je fus plutôt chanceux tout au long de ma carrière, j’ai piloté tant de belles voitures. Je dois cependant dire que j’ai une faiblesse pour cette Toyota TS010. J’ai pris beaucoup de plaisir à la conduire. Je choisirais aussi l’Audi et la Bentley. Ces trois autos m’ont marqué, mais il est toujours difficile d’en choisir une.

Êtes-vous fier de la carrière que vous avez effectuée avec vos victoires aux 24 Heures du Mans, 24 Heures de Daytona, 12 Heures de Sebring et à Petit Le Mans ?

Tout à fait et comme je l’ai précisé, j’ai eu la chance d’avoir les bonnes voitures au bon moment, d’être dans les bonnes équipes et avec les bons coéquipiers. C’est un tout. Je pense tout particulièrement à Daytona qui est une course si difficile, le circuit est plus étroit (il les a remportées trois fois en 1990 sur Jaguar, en 1997 et 1999 sur une Riley & Scott). Certes, Daytona n’a pas la même valeur que Le Mans, mais je pense que c’est une course plus intense.

Est-ce que votre victoire aux 24 Heures du Mans 1988 est le sommet de votre carrière ?

Je pense que oui car c’est la course la plus importante. Je me rappelle aussi de notre victoire de catégorie en LMP2 en 2006 (MG-Lola EX264-AER de Ray Mallock Ltd avec Mike Newton et Thomas Erdos, ndlr), ce fut aussi un moment sympa. Et il y a eu cette édition de 1995 avec la McLaren, nous avons été si proches de la victoire. J’adore cette épreuve, j’aime y revenir maintenant pour des courses classiques (Andy Wallace était présent à Le Mans Classic 2016 pour piloter la Jaguar Type D qui a triomphé aux 24 Heures du Mans 1955, ndlr). J’y ai passé tant de bons moments. C’est une course qui a toujours été très dure, très longue, si rapide, où il faut aussi gérer les voitures qui sont plus lentes. La semaine qui suivait les 24 Heures du Mans, pendant mon sommeil, toutes les choses qui s’étaient passées me revenaient en tête ! »

Palmarés d’Andy Wallace aux 24 Heures du Mans :

1988 : Jaguar XJR9 LM avec Jan Lammers et  Johnny Dumfries (victoire)

1989 : Jaguar XJR-9LM avec John Nielsen Price Cobb (abandon, moteur)

1990 : Jaguar XJR-12 avec Jan Lammers Franz Konrad (2e)

1991 : Jaguar XJR-12 avec Derek Warwick John Nielsen (4e)

1992 : Toyota TS010 avec Jan Lammers Teo Fabi (8e au général, 5e en C1)

1993 : Toyota TS010 avec Pierre-Henri Raphanel Kenny Acheson (abandon, transmission)

1995 : McLaren F1 GTR (Harrods Mach One Racing) avec Derek Bell et Justin Bell (3e au general, 2e en GT1)

1996 : McLaren F1 GTR (Harrods Mach One Racing) avec Olivier Grouillard et Derek Bell (6e au general, 5e en GT1)

1997 : Panoz Esperante GTR-1(David Price Racing) avec James Weaver et Butch Leitzinger (abandon, moteur)

1998 : Panoz Esperante GTR-1(Panoz Motorsports) avec David Brabham et Jamie Davies (7e)

1999 : Audi R8C (Audi Sport UK Ltd) avec James Weaver et Perry McCarthy (abandon, boite de vitesses)

2000 : Cadillac Northstar LMP(Team Cadillac) avec Franck Lagorce et Butch Leitzinger (21e au général, 11e en LMP 900)

2001: Bentley EXP Speed 8 avec Eric van de Poele et Butch Leitzinger (3e au général, 1er en LM GTP)

2002 : Bentley EXP Speed 8 avec Eric van de Poele et Butch Leitzinger (4e au général, 1er en LM GTP)

2003 :  Dome S101-Judd (Racing for Holland) avec Jan Lammers et John Bosch (6e au général, 4e en LMP900).

2004 : Zytek 04S (Zytek Engineering) avec David Brabham et Hayanari Shimoda (abandon, début d’incendie)

2005 : DBA 03S-Judd (Creation Autosportif) avec Nicolas Minassian et Jamie Campbell-Walter (11e au général, 7e en LMP1).

2006 : MG-Lola EX264-AER (Ray Mallock Ltd) avec Mike Newton et Thomas Erdos (8e au général et 1er en LMP2)

2007: MG-Lola EX264-AER (Ray Mallock Ltd) avec Mike Newton et Thomas Erdos (abandon, piston)

2008 : MG-Lola EX265-AER (Ray Mallock Ltd) avec Mike Newton et Thomas Erdos (abandon, sortie de piste)

2010 : Lola B08/80-HPD (Ray Mallock Ltd) avec Mike Newton et Thomas Erdos (8e au general, 3e en LMP2).

Photos (Christian Vignon / Archives ACO) : Toyota TS010 n°8 (1992), McLaren F1 GTR n°51 (1995) et MG-Lola EX264-AER (2006) pour une victoire en LMP2.