Hermann Lang (1909-1987) fut chez Mercedes l'un des plus brillants pilotes de Grand Prix allemands de l'entre deux-Guerres mondiales. L'année 1939 fut particulièrement faste pour lui, avec quatre victoires. Mais comme pour beaucoup d'autres à cette époque, le second conflit mondial interrompt cette belle carrière. Mais il lui reste une belle page d'histoire à écrire après la guerre. Le 15 juin 1952, associé à son compatriote Fritz Riess, il signe au volant de la Mercedes 300 SL la première victoire d'un constructeur allemand aux 24 Heures du Mans. Il met un terme à sa carrière deux ans plus tard, à l'âge de 45 ans, à l'issue de son Grand Prix national sur le Nürburgring. A son palmarès figure également une performance peu banale. Hermann Lang restera pendant près de cinquante ans le vainqueur de la course la plus rapide de l'histoire du sport automobile : 261 km/h de moyenne en 1937 sur le circuit de l'Avus, situé dans la banlieue de Berlin et constitué de deux grandes lignes droite reliées par un virage en épingle d'un côté et d'un virage relevé à 45 degrés de l'autre. Cette performance ne sera battue qu'en 1986 par Bobby Rahal lors de sa victoire aux 500 miles d'Indianapolis, à 275 km/h de moyenne.
Lorsqu'il débarque en 1967 au Mans pour disputer, comme Hermann Lang en son temps, ses premières 24 Heures, Anthony Joseph "AJ" Foyt (né en 1935) a 32 ans et vient précisément de remporter sa troisième victoire à Indianapolis. Le dimanche 11 juin, associé à Dan Gurney, il entre à son tour dans l'histoire. Il est encore aujourd'hui le seul pilote à avoir remporté dans la même année - et à douze jours d'intervalle ! - les 500 miles d'Indianapolis et les 24 Heures du Mans, les deux plus anciennes courses en circuit du monde. Et, comme Hermann Lang, le pilote texan ne reviendra jamais dans la Sarthe. Outre une maîtrise certaine des circuits de très haute vitesse, l'Allemand et l'Américain ont également en commun une certaine fierté nationale : celle d'avoir fait gagner au Mans des voitures de leur pays respectif. La victoire de Mercedes en 1952 fut un véritable symbole de la renaissance de l'Automobile allemande, tandis que celle de Ford marqua la reconquête d'une nouvelle image à la fois sur route (avec la Mustang) et sur piste (avec une offensive tous azimuts du Mans à la Formule 1).
Jean-Philippe Doret / ACO
Photo : LE MANS (SARTHE, FRANCE), 24 HEURES DU MANS, SAMEDI 14 & DIMANCHE 15 JUIN 1952. Hermann Lang en compagnie d'Alfred Neubauer, directeur sportif de Mercedes, et de son équipier Fritz Riess (de gauche à droite) : le trio gagnant de la première victoire d'un constructeur allemand aux 24 Heures.