Le public de la 73e édition des 24 Heures du Mans a longtemps cru à la victoire d'Henri Pescarolo, dont la cote d'amour est aujourd'hui encore exceptionnelle. Le scénario commence bien : s'élançant de la première ligne, ses deux voitures s'échappent irrésistiblement. Mais la voiture des leaders Emmanuel Collard-Jean Christophe Boullion-Erik Comas, partie de la pole position, est victime d'un problème de boîte de vitesse après 2h30 de course.
Ressortie des stands avec sept tours de retard, elle mène toute la nuit une chasse effrénée, regagnant une douzaine de secondes par tour, pour revenir à trois heures de l'arrivée dans le sillage de l'Audi de tête de Tom Kristensen-JJ Lehto-Marco Werner. Mais cette remontée à un rythme de Grand Prix n'est pas sans conséquences : le moteur commence à chauffer, et la Pescarolo n°16 doit réduire l'allure pour terminer en deuxième position.
Vainqueur pour la septième fois (et la sixième consécutive), Kristensen prend au Belge Jacky Ickx son record de victoires mancelles. A cette époque, son palmarès affiche un taux de réussite peu ordinaire : en neuf participations de 1997 à 2005, il n'a connu que deux abandons (en 1998 et 1999) et a terminé à sept reprises... sur la plus haute marche du podium ! Deux autres succès suivront en 2008 et 2013.
Outre ce nouveau record, une autre prestation était très attendue : celle du rallyman français Sébastien Loeb, équipier d'Eric Helary et Soheil Ayari sur la Pescarolo n°17. Cette histoire débute deux semaines plus tôt, le dimanche 5 juin, lors des essais préliminaires des 73e 24 Heures du Mans.
"La première participation de Sébastien aux 24 Heures du Mans fut une grande aventure qui a été suivie par beaucoup de monde. Il est parvenu à se qualifier de manière magistrale dans des circonstances tout à fait extraordinaires, se souvient Henri Pescarolo, toujours admiratif onze ans après. Il avait débarqué en provenance directe du Rallye de Turquie, qu'il avait d'ailleurs remporté, voyageant en hélicoptère puis en avion privé."

Pour permettre au Champion du Monde des Rallyes d'accomplir les dix tours obligatoires pour tout pilote disputant les 24 Heures pour la première fois, les organisateurs et la préfecture de la Sarthe ont même repoussé d'une heure la fin de cette journée d'essais. "Sébastien est arrivé au Mans une demi-heure avant la fin de cette Journée Test, avec une foule incroyable qui l'attendait, poursuit Henri Pescarolo. Il n'avait jamais roulé sur le circuit des 24 Heures, qu'il n'avait découvert qu'en simulation."
Lorsque l'Alsacien prend la piste, des gouttes de pluie s'invitent même sur la Sarthe ! Un changement de pneumatiques et dix tours plus tard, Sébastien Loeb gagne haut la main son billet pour ses premières 24 Heures. Malgré un abandon sur une sortie de route d'un de ses équipiers, il revient en 2006 et termine deuxième, associé à Eric Helary et Franck Montagny. Après la quatrième place de son équipe dans la catégorie LMP2 en 2014, le retour de Sébastien Loeb en tant que pilote est toujours très attendu, dix ans après son podium...
Soixante-treizième édition des 24 Heures du Mans : le podium
1-Tom Kristensen-JJ Lehto-Marco Werner (Audi R8 n°3)
2-Emmanuel Collard-Jean Christophe Boullion-Erik Comas (Pescarolo Hybride)
3-Frank Biela-Emanuele Pirro-Allan McNish (Audi R8 n°2)
Jean-Philippe Doret / ACO