Comme la plupart des pilotes, Katherine Legge a débuté sa carrière sportive par les formules de promotion de la monoplace, ce qui lui a permis d’être considérée comme une "rising star" (étoile montante) par le BRDC (British Racing Drivers’ Club, le club des pilotes du Commonwealth) au début des années 2000. Après avoir effectué des essais en F1, la Britannique traverse l’Atlantique pour la Formule Atlantic, antichambre de feu le championnat Champ Car que le Manceau Sébastien Bourdais a remporté à quatre reprises.

Après un passage par le DTM le championnat allemand de voitures de super-tourisme, très populaire outre-Rhin, Katherine Legge est repartie aux Etats-Unis, en IndyCar Series (Champ Car et IRL ont fusionné pour devenir IndyCar Series), mais aussi en endurance. En 2016, Katherine Legge officiera en WeatherTech SportsCar Championship dans la DeltaWing, qui a fait ses débuts en compétition dans le 56e stand des 24 Heures du Mans réservé aux projets innovants, et dans l’équipe 100% féminine Grace Autosport, qui espère réunir suffisamment de budget pour disputer au moins Indy 500, autrement dit les 500 miles d’Indianapolis. A moins que la pilote considérée comme "Silver" (argent) par la FIA ne décroche un volant dans la catégorie LM P2 aux 24 Heures du Mans…

Katherine, qu’est-ce que les 24 Heures du Mans représentent pour vous ?
"Le Mans est l’une des plus grandes course au monde. J’aimerais vraiment avoir l’opportunité de participer et d’essayer de remporter cette course. L’atmosphère si particulière et l’histoire associée à cette épreuve produisent une émotion que peu de courses procurent. Je suis la course depuis toute petite et j’ai toujours rêvé de la remporter !"

En tant que pilote "Argent", que pouvez-vous apporter à une équipe ?
"J’ai pas mal d’expérience en endurance depuis que j’ai débuté aux 24 Heures Rolex de Daytona en 2007. Cela fait maintenant trois ans que je fais partie de l’aventure DeltaWing et comme je participe au développement, j’ai de l’expérience dans ce domaine et dans la détermination des réglages. J’ai eu la chance de pratiquer de nombreuses disciplines du sport automobile, donc je pense que je peux apporter beaucoup à une équipe qui dispute les 24 Heures du Mans. La vitesse, l’expérience, la polyvalence."

Aux 24 Heures Rolex de Daytona, cette année, vous êtes devenue la première femme à mener l’épreuve. Est-ce plus difficile pour une femme de décrocher un bon volant ?
"Il y a des avantages et des inconvénients. Je suis la première à dire que la voiture ne voit pas la différence ! Je suis avant tout pilote professionnel… Cela attire forcément plus l’attention des média, ce qui est une bonne chose pour l’équipe et les sponsors potentiels, mais c’est difficile d’avoir de bonnes opportunités, comme pour tout pilote, quel que soit le sexe."

Vous avez piloté dans différentes disciplines. Qu’est-ce qui rend l’endurance différente ?
"En endurance, la stratégie joue un grand rôle et j’adore ça. Aujourd’hui, l’endurance est devenue un sprint car les forces sont très resserrées. C’est un élément que les pilotes, tout comme les écuries, doivent prendre en compte."

Connaissez-vous le circuit des 24 Heures ?
"Je n’ai couru que sur le circuit Bugatti, mais j’ai pratiqué le circuit sur simulateur. J’ai l’impression de très bien le connaître car j’y suis allée et j’ai regardé la course de nombreuses fois."

Pourtant, vous n’avez jamais été au départ…
"Je fais partie de ces nombreux pilotes qui n’ont jamais eu la chance de disputer les 24 Heures du Mans, mais qui ont toujours voulu le faire ! Je recherche activement un volant et je travaille dur pour parvenir à en trouver un. Je pense que c’est le bon moment et j’espère que mon classement en tant que pilote Argent (en LM P2, la composition des équipages n’est pas libre. L'équipage de trois pilotes doit être composé au minimum d'un pilote Argent ou Bronze, par conséquent, les pilotes Argent avec une bonne pointe de vitesse sont recherchés, ndlr) m’ouvrira des portes."

Comment vous préparez-vous ?
"Je m’entraîne physiquement, je traite mes mails, je passe des coups de fil professionnels et je fais tout ce que tout le monde fait au quotidien ! J’apprécie d’habiter dans un endroit (près d’Atlanta, en Georgie, ndlr) où je peux m’entraîner dehors. De nombreux pilotes et amis résident dans les environs, ce qui me permet de faire du vélo, de m’entraîner, de courir, de faire des exercices amusants avec eux."

Cette semaine Katherine Legge a fait 50 miles (environ 80 km) à vélo avec d’autres pilotes du WeatherTech SportsCar Championship, nouvelle dénomination du TUDOR United SportsCar Championship, dans l’espoir de pouvoir être au départ de la 84e édition des 24 Heures du Mans le 18 juin prochain…

Propos recueillis par Cécile Bonardel / ACO

PHOTO : ELKHART LAKE (WISCONSIN, ETATS-UNIS), ROAD AMERICA, TUDOR UNITED SPORTSCAR CHAMPIONSHIP, 8 AOUT 2015. Katherine Legge est au volant de la DeltaWing dans le championnat d'endurance américain.