Photo : DOMINIQUE BREUGNOT - ACO/Nikon
Cela fait un an qu’il occupe le poste de « Directeur Sport » au sein de l’Automobile Club de l’Ouest. Quelques semaines après des 24 Heures du Mans qu’il qualifie de « magnifique », Vincent Beaumesnil répond à nos questions.
Monsieur Beaumesnil, quel parcours vous a mené à cette fonction ?
J’ai toujours évolué dans le milieu du sport automobile, mon père travaillait avec Jean Rondeau sur l’Inaltera. J’ai commencé ma carrière professionnelle dans l'équipe de Michel Ferté, avant de rejoindre le Team Dams en 1998. En charge du marketing, de la communication et de la logistique, j’ai participé à différentes campagnes sportives (notamment aux 24 Heures du Mans avec des Panoz - ndlr). Je travaille à l’A.C.O. depuis 2006, et j’étais responsable des pistes et des écoles de pilotage jusqu’à l’année dernière.
Où commence et où s’arrête votre rôlede « Directeur Sport » ?
Ce titre regroupe plusieurs activités : l’élaboration des règlements techniques et sportifs, la gestion des problèmes liés à la sécurité, l’exploitation des pistes et des écoles de pilotage…
Quelles ont été les actions menées ces douze derniers mois ?
Il y en a beaucoup ! Nous avons travaillé sur le règlement 2011 en instaurant de nouvelles relations avec les concurrents. Nous avons, par exemple, mis en place un espace internet privé réservé aux équipes. Nous avons aussi formé de nouveaux groupes, dont celui des consultants techniques.
Quel bilan dressez-vous de vos premières 24 Heures comme « Directeur Sport » ?
Je suis ravi. La course était magnifique malgré la frustration de voir les quatre Peugeot abandonner. Par rapport à l’année précédente, les tensions liées aux interprétations du règlement se sont apaisées. Par ailleurs, nous avons introduit quelques nouveautés comme le pesage dès le dimanche, ou le retour de la Porsche Cup en levé de rideau. Ces changements nous ont apporté entière satisfaction.
Le départ en épi « type Le Mans » sera-t-il reconduit à l’avenir ?
Oui, cette nouveauté a beaucoup plu. Il y a eu un petit cafouillage parce qu’un pilote n’avait pas compris le principe, et il a entrainé tout le monde dans son erreur. L’an prochain, tous les concurrents connaitront le principe.
Pourquoi le troisième pace-car a-t-il été introduit ?
Lors des phases de neutralisation, nous ne voulons plus voir de concurrents seuls en piste. Lorsque l’un d’entre eux s’arrête aux stands, il repart obligatoirement juste derrière un pace-car. Alors, pour éviter de voir une voiture attendre de longues minutes en bout de pit-lane, nous avons décidé d’ajouter un troisième pace-car.
Pourquoi Jean Todt était-il présent au départ ?
L’A.C.O. convie le président de la F.I.A. chaque année. D’habitude cette invitation n’est pas honorée. Jean Todt s’intéresse beaucoup aux 24 Heures du Mans - il les a remportés deux fois avec Peugeot - et il a répondu positivement.
Les équipes sont-elles en possession du règlement technique 2011 définitif ?
Oui, elles l’ont eu pendant la semaine des 24 Heures. Il reste quelques petits points à finaliser, mais il est terminé à 99%.
Vous avez annoncé l’arrivée des technologies hybrides en 2011. Est-ce uniquement valable pour les LM P1, ou aurons-nous une chance de voir la Porsche 911 GT-R Hybrid au départ ?
Non, ça ne concernera que les LM P1.
Vous ne craignez pas que l’engouement pour les technologies alternatives donne naissance à des projets peu sérieux ?
Nous avons des exigences très strictes en matière de sécurité. Pour ce qui est de la performance, nous serons vigilants à ce que le niveau de préparation des concurrents soit suffisant pour prétendre à une place au départ des 24 Heures du Mans.
Aurez-vous les moyens de contrôler toutes les restrictions imposées aux utilisateurs des systèmes de récupération d’énergie ?
Bien sûr. Nous fixons des limites que si nous sommes en mesure de les faire respecter.
Règlement 2011, règlement 2010, diesel, essence, hybrides. Ne craignez-vous pas la multiplication des conflits d’équivalences ?
Nous avons une équipe d’ingénieurs qui travaille sur ces problèmes (parmi lesquels Bernard Dudot, ex-Renault F1 – ndlr). Il faut faire des choix. Soit on ne fait rien, soit on prend des risques, et c’est dans la culture de l’A.C.O. d’aller de l’avant. Nous voulons ouvrir la course aux nouvelles technologies et cela passe nécessairement par des équivalences.
Des constructeurs actuellement absents des 24 Heures du Mans ont-ils été consultés pour l’élaboration du futur règlement ?
Oui. Beaucoup de gens regardent ce que nous faisons et apportent leurs idées. C’est pour cela que nous travaillons déjà sur un futur règlement à horizon 2014-2015. C’est en multipliant les avis que nous saurons quelle direction prendre, l’idée directrice demeurant d’aller dans le sens du développement durable.
Le futur règlement GT Endurance se basera sur le GT2 actuel. Lesvoitures à coque carbone pourront-elles intégrer la catégorie ? Nous pensons notamment à la McLaren MP4-12C…
L’A.C.O. est l’unique décisionnaire, mais travaille dans la concertation. Nous avons créé un groupe de travail « Grand Tourisme » qui étudiera toutes les possibilités, y compris celle-ci.
Julien Hergault