Les Hypercars à la loupe | Huit constructeurs de renom s’affronteront dans la catégorie Hypercar lors de la 93e édition des 24 Heures du Mans (11-15 juin 2025). La BMW M Hybrid V8 n’a qu’une mission : remettre le constructeur allemand au sommet de l’endurance automobile mondiale.
Reprendre l'histoire
Dimanche 13 juin 1999, 16 heures, la BMW V12 LMR #17 franchit la ligne d’arrivée des 24 Heures du Mans en première position. Le constructeur bavarois marque de son empreinte l’histoire de la classique de l’endurance en remportant cette édition mythique. Jeudi 10 juin 2021, le conseil d’administration du groupe BMW approuve le projet de retour en catégorie Hypercar LMDh. La future voiture devra gagner les championnats IMSA aux États-Unis, mais aussi le Championnat du Monde FIA WEC et, bien sûr, les 24 Heures du Mans. Le partenariat avec Dallara est acté à la fin de l’été et les équipes se mettent à l’œuvre rapidement. Lundi 25 juillet 2022, la BMW M Hybrid V8 entame ses premiers essais pour débuter en compétition 6 mois plus tard, aux 24 Heures de Daytona.
Retrouvez notre galerie photo consacrée à la BMW M Hybrid V8 à la fin de cet article.
Concilier performance et développement durable
Le nouveau prototype allemand est animé par un V8 turbo qui répond au doux nom de P66/3. Le système hybride est commun à toutes les Hypercars qui répondent à la réglementation LMDh. L’équipe d’Ulrich Schulz, le responsable du groupe motopropulseur sur ce projet, a dû composer dans un timing rserré avec la nécessité de prendre en compte tous les aspects du développement durable. Il était donc exclu de repartir d’une feuille blanche.
Le huit cylindres atmosphérique BMW P66/1 utilisé en DTM par la BMW M4 DTM de 2017 et 2018 se révèle la meilleure base aux yeux d’Ulrich Schulz. Porteur, il présente l'avantage de pouvoir être utilisé directement dans un châssis monocoque. Le gros du travail a consisté à lui greffer deux turbos. La durabilité, l'augmentation des performances et la gestion de la température du moteur ont fait l’objet d’un travail en profondeur. Au fil de son développement, il est adapté au châssis Dallara et à son environnement électrique.
« Cela a été un grand avantage de pouvoir utiliser des matériaux existants de l’époque Formule 1 de BMW […] Cela nous a fait gagner du temps et économiser beaucoup d’argent. L'efficacité était un facteur essentiel pour ce projet, car nous disposions d'un délai très court entre le lancement du projet et la première apparition en course. La conversion du moteur P66/1 en un moteur bi-turbo, puis le travail pour en faire un système de propulsion hybride, ont été très complexes. Grâce à l'expertise, à l'excellente collaboration et à la grande motivation de tous les départements BMW, nous avons réussi à terminer la mise au point de l'unité d'entraînement complète quelques semaines avant le lancement de la voiture », se félicite Ulrich Schulz.
Les chiffres du moteur BMW P66/3 :
- 8 cylindres en V à 90°
- 3,999 litres de cylindrée
- 32 soupapes (4 par cylindre)
- 2 turbos
- Régime maxi : 8200 tr/min.
- Puissance : 640 ch (limitée par le règlement)
- Couple : 650 Nm
- Pression d’injection : 350 bars
- 4306 pièces, dont 1006 différentes
La marque d’une identité
Un moteur BMW dans un châssis Dallara, l’affaire est bien engagée. Reste à donner une identité BMW à ce nouveau prototype Hypercar. C’est l’affaire de Michael Scully, directeur mondial du design BMW : « Le travail de mon équipe consistait à faire en sorte que la BMW M Hybrid V8 reflète l’identité de la marque tout en intégrant les éléments nécessaires à la compétition. Le design est enraciné dans l'ADN de BMW. Il souligne la performance et l’efficacité, le caractère audacieux et déterminé de nos véhicules. On a voulu évoquer l'esprit pionnier de BMW en matière de moteur turbo, désormais associé à un groupe motopropulseur hybride. »
L’Hypercar du constructeur bavarois se reconnaît spécialement par sa face avant, dont les ouvertures symétriques forment des naseaux – le fameux « double haricot » – larges, béants, et soulignés la nuit par un filet lumineux. Vous ne pourrez pas les manquer dans la nuit du Mans !
Ce qu’en disent ses pilotes
Robin Frijns (BMW M Hybrid V8 #20). « Ce que j’apprécie, c’est que je suis très bas dans la voiture. C’est moi qui règle ma position de conduite le plus bas, et pour le coup, c’est vraiment très bien de mon point vue, parce que si je suis assis plus haut, mon ressenti est moins bon. »
Dries Vanthoor (BMW M Hybrid V8 #15). « Ce que j’aime vraiment, c’est qu’on peut avoir un train avant particulièrement incisif avec cette voiture. Mais comme je suis le plus extrême dans ce sens, je dois composer avec les préférences de mes équipiers. »
Un palmarès à ouvrir
Depuis ses débuts en compétition, la BMW M Hybrid V8 ne cesse de monter en puissance. En vitesse, en fiabilité, en stratégie, la voiture et l'équipe se rapprochent des meilleurs. L'Hypercar allemande a connu la victoire à deux reprises outre-Atlantique. Elle a enchaîné les pole positions en début de saison dans le championnat américain (IMSA), mais son palmarès reste vierge en championnat du monde. Pour son retour aux 24 Heures du Mans dans la catégorie reine l’année dernière, l'écurie a subi un sérieux revers, aucune des deux voitures n’ayant terminé classée. Alors, rendez-vous dimanche 15 juin 2025, 16 heures ?
Ne manquez pas le prochain épisode de notre série « Les Hypercars à la loupe », où nous continuerons de décrypter les prototypes engagés dans cette édition 2025 plus relevée que jamais.
À suivre : la Peugeot 9X8
Précédemment : la Cadillac V-Series.R, l'Alpine A424, l’Aston Martin Valkyrie
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La #15 (photo) arbore les traditionnelles couleurs BMW Motorsport, quand la #20 est aux couleurs allemandes.
Arnaud CORNILLEAU (ACO)