Le Mans et Indianapolis 1967 - L'incroyable doublé d'AJ Foyt
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Le Mans et Indianapolis 1967 - L'incroyable doublé d'AJ Foyt

AJ Foyt n'a particip

Lorsqu'il débarque dans la Sarthe pour les 24 Heures du Mans 1967, Anthony Joseph "AJ" Foyt est déjà, à 32 ans, l'un des pilotes les plus populaires des Etats-Unis. Aujourd'hui encore, si on demande à un citoyen américain de citer spontanément un coureur automobile, trois noms lui viennent à l'esprit : AJ Foyt, Richard Petty et Mario Andretti. "AJ" vient de signer sa troisième victoire dans son épreuve fétiche des 500 miles d'Indianapolis. "Je connaissais Le Mans depuis des années et je savais que c'était un circuit de haute vitesse, raconte Foyt. On m’avait sollicité à plusieurs reprises pour participer aux 24 Heures, mais je voulais y aller en étant compétitif. Ford m’avait déjà contacté en 1966, mais j’avais ensuite été sévèrement brûlé lors d’une course à Milwaukee. Ford m’a redemandé en 1967, et là ça a marché !"

Au volant de la Ford Mk IV n°1, AJ Foyt va constituer un duo 100 % américain avec Dan Gurney. Mais leurs parcours sont totalement opposés. Le premier n'a quasiment jamais couru hors des Etats-Unis, alors que le second est, à 36 ans, l'un des pilotes américains les plus réputés en Europe "Bien sûr, on savait que j'avais gagné à Indianapolis, mais Dan courait en Formule 1 et au Mans, il était beaucoup plus connu que moi en Europe," reconnaît volontiers AJ Foyt.

Ce qui rassemble les deux pilotes, c'est le défi américain de Ford. Foyt est né au Texas (où il vit toujours aujourd'hui) et on le surnomme "Super Tex" sur les circuits américains. Gurney est un ancien combattant de la Guerre de Corée. Lorsqu'il devient constructeur en 1966, il baptise d'ailleurs son équipe All American Racers et ses châssis Eagle, en référence à l'aigle chauve, le pygargue à tête blanche, symbole des Etats-Unis.

Autre différence notable entre AJ Foyt et Dan Gurney : leur gabarit... Qu'il va falloir malgré tout loger dans le cockpit de leur Mk IV. "Comme les sièges baquets adaptés aux formes du pilote n'existaient pas encore, il a fallu trouver un compromis, se souvient AJ Foyt. Dan est beaucoup plus grand que moi, notre voiture avait donc un bossage sur le toit au-dessus du poste de conduite ! Ses bras étaient très longs et j’ai dû garder les miens tendus tout le temps que j’ai passé au volant !"

De sa découverte du circuit des 24 Heures, le Texan garde deux souvenirs précis : "On franchissait la ligne droite des Hunaudières, puis on passait sous un pont avant Maison Blanche, et cette portion faisait penser à une sorte de tunnel. C'était un endroit très piégeux. Je me souviens aussi des arbres recouverts d'une espèce de lait de chaux. Ces marquages devaient bien faire deux mètres de haut et lorsqu'on s'en approchait de nuit, les phares se reflétaient dessus. Je me disais qu'il valait mieux éviter de sortir de la piste à cet endroit !"

Fort de son expérience des 24 Heures (dixième participation en 1967), Dan Gurney prend le départ, puis Foyt lui succède au volant. Un souvenir unique, et aussi une manière d'assimiler "sur le tas" le circuit des 24 Heures : "Je n'oublierai jamais mon premier relais en course. Je me suis fait passer par Dennis Hulme (pilote de la Ford Mk IV n°4, ndlr). Comme je savais qu'il connaissait bien le circuit, je l'ai suivi pendant sept ou huit tours, puis je l'ai repassé. Dan et moi avons pris la tête et mené pendant près de 23 heures, c'était super !"

Malgré le retour de la Ferrari de Ludovico Scarfiotti-Michael Parkes, Foyt et Gurney établissent un nouveau record, franchissant pour la première fois le cap des 5 000 km parcourus aux 24 Heures. Lorsqu'on lui remet le magnum réservé aux vainqueurs, Dan Gurney se met à asperger spontanément son coéquipier, les photographes, son patron d'écurie Carroll Shelby, et même Henry Ford II et son épouse ! Ainsi naît la douche au Champagne, qui perdure encore aujourd'hui sur les podiums de sport automobile du monde entier !

Outre "l'invention" de cette nouvelle tradition, AJ Foyt est l'unique pilote de l'histoire à avoir remporté dans la même année les deux courses en circuit les plus anciennes au monde. "Je suis arrivé au Mans en tant que débutant, et j'en suis reparti en vainqueur. Je suis très fier d'être le seul pilote à avoir gagné dans la même année à Indianapolis et au Mans. Mais les records sont faits pour être battus. Celui-là n'est pas encore tombé, mais qui vivra verra..."

Dix ans après ce doublé, AJ Foyt devient le premier pilote à signer quatre victoires aux 500 miles d'Indianapolis, dont il détient toujours le record de participations avec 35 départs consécutifs de 1958 à 1992 ! Pendant les années 1980, il étoffe même son palmarès en endurance, avec une victoire aux 12 Heures de Sebring (1985) et aux 24 Heures de Daytona (1983 et 1985). Aujourd'hui, à 81 ans, AJ Foyt est toujours dans la course en tant que propriétaire d'écurie en monoplace américaine, avec comme chaque année un objectif majeur : la victoire aux 500 miles d'Indianapolis, dont il reste l'enfant chéri.

Jean-Philippe Doret / ACO
 

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