
Il se nomme Mathieu Galoche, il est le – très – jeune ingénieur de piste de la Porsche couleur noire de Romain Dumas/Neel Jani/Marc Lieb auteur de la pole. A 30 ans, ce français qui a débuté en sport automobile comme stagiaire chez Peugeot Sport en 2008 occupe un poste clé dans l’organisation Porsche. In fine, c’est lui qui endosse toutes les responsabilités concernant la n°18 : gestion de la performance, gestion des pilotes, du temps en piste, etc. Matthieu surveille tout, à l’œil à tout. « En fait, résume-t-il, mon rôle est celui d’un chef d’orchestre ! »
Un chef d’orchestre dont le pupitre est installé sur le muret des stands et qu’il ne quitte pas durant 24 heures. « Je vais tout de même aux toilettes, s’amuse-t-il comme pour mieux tromper sa nervosité. En fait, c’est toujours moi qui parle aux pilotes, qui leur communique les informations de course. »
Voiture au ralenti sur la piste, drapeaux jaunes, temps à gagner ici, à perdre là, Mathieu reste concentré sur tous les grands et petits événements de la course, tout en élaborant la stratégie présente et en pensant à celle du futur.
« Pour ce qui est des stratégies, explique-t-il, nous prenons d’abord en compte note voiture, puis celles de la concurrence. En arrière-plan, nous avons deux personnes dont le travail est d’analyser la stratégie en cours et de l’affiner en direct. Ils se projettent aussi dans le futur pour tenter de planifier la fin de course en fonction de la vitesse de la voiture, des changements de pneus afin de voir où l’on se situera en fin de course et avec combien de marge. Par exemple, est-ce le bon moment pour perdre 3 ou 4 secondes pour remettre de l’huile lors de tel ravitaillement ou doit-on attendre ? On pousse plus ou moins la limite, et c’est la même chose en ce qui concerne les pneus. Toutes les décisions sont prises en direct. »
Mais le plus difficile, c’est évidemment de prévoir la fin de course. « Au début, on traite la course comme si elle n’avait pas de fin. Par contre quand on arrive effectivement vers son terme, on regarde à quel moment le dernier arrêt aura lieu et on tente de voir si l’on peut sauver ou pas un arrêt d’ici-là. La météo joue évidemment en grand rôle et nous avons un gars de Météo France qui nous donne des infos en permanence. C’est assez fiable, mais estimer le temps que va durer l’averse est plus aléatoire… »
Rester en slicks ou passer en pluies, tel sera la question que Matthieu aura à se poser de nombreuses fois au cours de l’épreuve puisque la pluie devrait s’inviter dans la nuit…
J.-Michel Desnoues
Photo : Mathieu Galoche, ingénieur de piste Porsche n°18 (LE MANS, SARTHE), 13 JUIN 2015. A 30 ans seulement, le français Mathieu Galoche a les épaules larges. Il est en charge de la Porsche n°18 !