Photo : Arnaud CORNILLEAU - ACO/Nikon
Pas moins de 2 000 personnes participent à l'organisation et au bon déroulement des 24 Heures du Mans. A la tête de cette gigantesque organisation, un homme : Daniel Poissenot, directeur de course depuis dix ans.
« Depuis la première épreuve en 1923, seuls 5 directeurs de course se sont succédé à ce poste, indique Daniel Poissenot. C’est à la fois un immense honneur et une lourde responsabilité avec des émotions parfois très fortes, notamment au moment du départ. J’agite le drapeau vert depuis le bord de piste et malgré l’expérience, l’émotion est toujours présente. »
Contrairement aux idées reçues, la direction de course, constituée de 15 personnes, ne reste pas dans sa tour d’ivoire (et de contrôle) et échange constamment avec les écuries et les pilotes : « J’anime les briefings avec les responsables d’écurie et les pilotes afin d’expliquer ou de rappeler les règles à tout le monde. Des caméras sont réparties sur tout le circuit et les images sont enregistrées sur un disque dur pour qu’aucune contestation ne soit possible en cas de problème. »
Tour de contrôle. Il serait aussi faux de croire que le rôle de Daniel Poissenot se cantonne à l’activité en piste : « Pour moi, les 24 Heures du Mans ont débuté dimanche 4 juin à 14 heures, avec les vérifications techniques pour les voitures et les pilotes. Cette année, tout s’est parfaitement déroulé. » Une fois les vérifications techniques terminées, la salle de la direction de course est peu à peu équipée de tous les systèmes informatiques permettant de prendre les décisions : télévision, radio, systèmes informatiques pour le chronométrage ou la limite de vitesse dans la ligne droite des stands par exemple. « Je suis en relation permanente par radio avec les directeurs d’écurie et je peux les informer en temps réel, ajoute Daniel Poissenot. Ils ne peuvent en revanche pas me répondre car avec 56 voitures, ce serait ingérable. Je suis aussi en liaison avec les commissaires de piste, les commissaires de stands et les commissaires techniques qui me signalent le moindre souci. »
Monsieur Sécurité aussi. Ainsi, les commissaires techniques peuvent indiquer la moindre non-conformité de la voiture. Les commissaires de stands, veille... à la moindre infraction au règlement sportif et enfin les commissaires de piste signalent tout incident sur le tracé. En fonction de tous ces éléments, la direction de course prend ensuite les décisions idoines. « Pour tout ce qui concerne la sécurité, notamment l’intervention de la voiture de sécurité, c’est moi qui prend la décision, explique Daniel Poissenot. Je me souviens de mes débuts dans la fonction. C'était en 2001. 20 minutes après le début de l’épreuve, une énorme averse s’est abattue sur le circuit et pas moins de sept voitures ont été impliquées dans un accident. Pendant quelques instants, je me suis demandé si je devais agiter le drapeau rouge, ce qui ne s’est jamais produit auparavant. J’ai finalement envoyé les voitures de sécurité en piste et j’ai vu sur les écrans de télévision qu’elles pouvaient se frayer un chemin au milieu des débris et la course a continué sous drapeau jaune. »
Rôle d'arbitre. L’intervention des équipes médicales est aussi du ressort de Daniel Poissenot, même si le médecin chef est présent dans la salle de direction de course : ce dernier se contente de la prise en charge des blessés éventuels après que l’ambulance les a ramenés dans le paddock. « La décision d’envoyer les secours en piste est très facile à prendre car je dois avant tout veiller à la sécurité des pilotes et des personnes présentes autour de la piste. Le samedi matin avant la course, je fais donc le tour du circuit avec ma voiture dès 6 heures du matin afin de vérifier que tout va bien avant d’enchaîner à 7 heures avec le briefing avec les chefs de poste et leurs adjoints. On enchaîne ensuite avec le warm-up et la procédure de départ et je ne quitte plus la salle de direction de course jusqu’au drapeau à damier. »
Veiller à la sécurité et jouer le rôle d’arbitre : telles sont les deux tâches principales de Daniel Poissenot qui donnera le départ samedi à 15 heures avec toujours autant d’émotion. 24 Heures plus tard, les pilotes lui feront un petit signe amical de la main lorsqu’ils passeront sous le drapeau à damier depuis le bord de piste.
Propos recueillis par Cécile Bonardel
Photo : CIRCUIT DES 24 HEURES DU MANS, JUIN 2009. Daniel Poissenot, directeur de course des 24 Heures du Mans donne le feu vert aux concurrents pour les essais libres.