On vous connaît moins que votre coéquipier, Richard Lietz, par exemple. Pouvez-vous nous donner brièvement votre parcours ?
« J’ai d’abord fait du karting pendant sept ans. J’ai ensuite eu des opportunités pour faire de la monoplace. Les gens qui me soutiennent ont ensuite essayé de me préparer afin que je puisse faire de la Formule 1. Cependant, les chemins qui mènent à la Formule 1 sont chers comme tout le monde le sait. Il me fallait un gros budget et ce n’était pas possible. J’ai donc continué à gravir les échelons en monoplace (jusqu’en GP3 Series, ndlr). De plus, j’étais en relation avec des gens qui travaillaient pour différents constructeurs. Ils ont pris un jour contact avec moi et l’un d’entre eux représentait Porsche. Je continuais toujours à « galérer » en monoplace et on m’a proposé d’intégrer le Porsche Junior Team. Je me suis dit que c’était le bon moment si je voulais devenir pilote professionnel. Je savais exactement où menait ce programme et, qu’au bout, je pourrais devenir pilote officiel. Je pensais que j’avais les capacités pour y arriver. J’arrivais à un moment crucial de mon parcours. J’ai tout fait pour leur montrer mon potentiel et y renter. De plus, piloter au Mans a toujours été un rêve pour moi car la première course à laquelle j’ai assistée, c’était en 1999 et j’y ai vu Tom Kristensen. Au Danemark, il commençait déjà à être une légende après sa victoire aux 24 Heures du Mans deux ans auparavant. J’étais venu au Mans, principalement pour le voir rouler. Et en 2000, j’ai commencé le Karting…
Les 24 heures du Mans et les courses d’endurance ont donc toujours été dans mon esprit. Par la suite, le voir gagner toutes ces courses (9 fois les 24 Heures du Mans, ndlr) et tous ces championnats m’a encore plus conforté…C’est aussi pour cela que j’ai accepté la proposition de Porsche car il m’était plus facile d’accéder à l’endurance avec eux. De me voir aujourd’hui en tant que pilote officiel Porsche depuis maintenant trois ans, je ne peux être plus heureux.»
Vous pilotez la Porsche 911 RSR qui est engagée à l’année en Championnat du Monde d’Endurance. Est-ce la même voiture que l’an dernier ou a-t-elle quand même évolué ?
« Elle a été modifié déjà de par les nouvelles règles qui nous sont imposées en LMGTE Pro. L’arrière de la voiture a été changé et le splitter avant est plus gros. Du coup, aérodynamiquement, la voiture a été modifiée. La puissance moteur a aussi été augmentée car nous avons des brides un peu plus grosses que l’an dernier. La voiture est donc en général plus performante que la version 2015. »
Comment situez-vous le niveau de cette voiture en comparaison avec les nouvelles GTE qui arrivent, comme la Ford GT et la Ferrari F488 ?
« Pour le moment, nous devons attendre. Sur chaque circuit, c’est différent et il est encore difficile de se situer. Pour nous, parfois c’est plus facile, parfois c’est plus dur. Spa a été plus compliqué par exemple. Nous nous sommes toujours battus avec les Ferrari les saisons passées. Ils sont très forts en performance, et tout particulièrement cette année avec leur nouvelle voiture. Nous aussi, nous avons progressé mais pas autant que eux ont pu le faire. Nous étions déjà un peu en retrait en 2015, et cette année, c’est un peu plus difficile encore. Mais une chose est sur : Ferrari sera fort cette année… »
Et pour les 24 Heures du Mans ?
« Le Mans, ce sera encore une autre histoire. Nous aurons un package aérodynamique différent. Là aussi, il faudra voir dés les essais où nous nous situons dans les longues lignes droites. Nous verrons bien ce que les autres auront comme package également car, pour le moment, personne n’a rien dévoilé. Ce sera une course intéressante, nous aurons notre mot à dire lors de cette course. L‘an dernier, ce fut difficile, nous n’étions pas au niveau où nous voulions être ni en position pour nous battre. Pour 2016, nous avons essayé d’optimiser la voiture par rapport à ce que nous avons appris de la dernière édition du Mans. Nous allons essayer de faire une course sans faute afin d’être dans la meilleure position à la fin de la course. En ce moment, c’est vrai que c’est difficile mais nous verrons bien. »
Vous n’avez participé qu’une seule fois aux 24 Heures du Mans. Que vous rappelez vous de cette expérience ?
« J’ai fait Le Mans l’an dernier pour la première fois. Comme je l’ai dit, Le Mans était un rêve pour moi et je n’y étais pas retourné depuis ma visite en spectateur en 1999. J’ai fait la parade des pilotes, c’était fabuleux de voir toute cette foule. En plus de cela, il y a toujours une grosse communauté de spectateurs danois au Mans. La course elle-même est quelque chose de spécial. Piloter de nuit est juste fantastique. Etre dans le noir, sur ces longues lignes droites à se concentrer que sur ce que l’on a à faire…On voit aussi tous ces gens autour du circuit, il se passe toujours quelque chose, les gens ne dorment jamais. Je suis heureux d’y retourner cette année. »
Pouvez-vous nous dire qui sera le troisième pilote aux 24 Heures du Mans ?
« Honnêtement, je ne sais pas. »
Entre temps, le nom du troisième pilote a été annoncé en la personne de Philipp Eng (Autriche).
David Bristol / ACO
Photo : LE CASTELLET (VAR, FRANCE) CIRCUIT PAUL RICARD, PROLOGUE WEC, 25 MARS 2016. La Porsche 911 RSR n°77 fera partie des favorites au mois de Juin en catégorie LMGTE PRo.