Un poste de commissaires n’est pas qu’un simple point sur la carte d’un circuit : c’est un bout de territoire avec ses enjeux, ses règles et ses habitants. Bienvenue sous la passerelle Dunlop !
Cette année, André Thuard n’est plus chef de poste ! Lui qui vit sa 53e édition des 24 Heures du Mans en qualité de commissaire a demandé que son adjoint, Fabrice Leblanc, assure désormais la fonction. Maintenant, il est rassuré. Il sait le lieu entre de bonnes mains. Un lieu qui pourrait porter son nom tant leur histoire est devenue commune. Ce poste situé à l’intérieur du tracé peu avant la passerelle Dunlop, il l’a découvert en 1965 et il ne l’a plus quitté. Il aurait pu voyager le long des 13,629 km du circuit, visiter le Tertre Rouge, les Hunaudières ou Arnage, mais il n’a jamais voulu. Il est resté là pour le meilleur et pour le pire. Même quand la célèbre courbe s’est vu ralentie par une chicane, il s’est accroché à son bout de territoire. Un périmètre de bonheur, hors du temps, dont il parle avec fierté et même un peu plus…
« Savez-vous pourquoi on l’appelle le poste 8 ? Parce que historiquement les postes étaient nommés en fonction des données hectométriques par rapport au départ. Nous sommes donc à 800 mètres après le départ, explique-t-il à la manière d’un professeur des écoles. Et il est aussi le plus élevé du circuit : 86,5 mètres ! » Le poste 8, sachez-le, est un Everest, celui qu’André Thuard gravit tous les ans. C’est son bol d’air pur.
En ce jeudi matin d’essais, il nous accueille dans son bungalow lui servant de camp de base. Il faut de la rigueur en haute chicane, et l’homme n’en manque pas. S’il n’est plus le chef, il ne reste pas moins le maître des lieux. Comme tous les ans depuis 53 ans, c’est lui qui ouvre le poste le matin, vérifie que tout est en place et attend ses collègues.
« Quand tout le monde est là, je fais l’appel, mentionne-t-il avant d’expliquer par le menu ce qu’est la vie quotidienne d’un poste de commissaire. Après, poursuit-il, c’est le briefing au cours duquel nous déterminons les cycles. Qui veut débuter ou finir ? A chaque fois, je propose des relais de 2 heures, 3 heures ou 4 heures. J’attire toujours l’attention sur le fait que 4 heures de nuit, surtout si les conditions climatiques sont difficiles, c’est long. Généralement, les gars se décident pour 3 heures, ce qui permet des plages de repos de six heures. Il y a une équipe en poste, une seconde en veille et la troisième au repos. Par le passé, nous étions plus de quarante commissaires sur ce poste, mais nous ne sommes plus que 18. Nous sommes répartis en trois équipes de six, par affinité. Nous passons beaucoup de temps ensemble et, évidemment, il est préférable de bien s’entendre ! »
"Le bénévolat, c'est toute une philosophie de la vie qu’il faut réapprendre !"
André Thuard
Pas de problème au sein de la tribu « Thuard » qui a perdu des amis au fil des années, mais qui a su rester unie. « L’organisateur tient à ce que l’équipe en place soit bien rompue à la topologie des lieux, précise cet amoureux des 24 Heures qui a découvert l’épreuve avec son père en 1949. On est devenu une famille qui se retrouve avec le même plaisir tous les ans. Evidemment, le travail a évolué. Avant, en cas d’incident, nous appelions la direction de course, puis nous intervenions aussitôt. Désormais, il faut avertir et attendre que la section soit déclarée zone SLOW. Cela peut prendre quelques minutes, et les spectateurs ne comprennent pas toujours pourquoi nous ne nous précipitons plus en piste immédiatement... » André n’aime pas que l’on puisse douter de l’exemplarité de ses hommes. Le respect est pour lui une vertu cardinale qu’il aimerait bien enseigner à une relève qui se fait de plus en plus attendre…
« Des jeunes nous interpellent parfois pour nous demander combien nous sommes payés, lâche-il en regrettant que se perde le bénévolat qu'il élève au rang d’éthique. C’est toute une philosophie de la vie qu’il faut leur réapprendre ! » Une philosophie qui transpire jusque dans ses anecdotes, nombreuses, et souvent émouvantes. Comme celle concernant ce monument du sport automobile et du Mans décédé en 2008.
« J’ai vu cette homme qui marchait, se remémore-t-il. Plus il avançait, plus je me disais que je connaissais cette silhouette. Quand il est arrivé au poste, j’ai enlevé ma casquette et je l’ai salué avec respect. Il s’agissait de Paul Frère, vainqueur des 24 Heures en 1960. J’ai essayé de l’accueillir avec chaleur. Nous avons beaucoup parlé ce jour-là. Les années suivantes, il est revenu. Il montait le jeudi. Je lui proposais toujours un siège pour qu’il se repose, un casse-croûte aux rillettes et un yaourt aux cerises car c’était son préféré. C’était un Grand Monsieur. » Un Everest, comme le « Poste 8 » d’André Thuard.
Photo (Bernard Larvol / ACO) : André, deuxième en partant de la gauche, avec les hommes du Poste 8.
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