24 Heures Stories : les Bentley Boys, la victoire et la vie à toute vitesse
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24 Heures Stories : les Bentley Boys, la victoire et la vie à toute vitesse

Au fil de ce mois de décembre, voici un calendrier de l’avent très spécial, dédié à des histoires et anecdotes insolites de la légende des 24 Heures du Mans. Pour ce 1er décembre, retour dans les « années folles » avec la personnalité hors norme des Bentley Boys, qui ont remporté les cinq victoires du constructeur britannique entre 1924 et 1930.

Ils sont huit à avoir fait gagner Bentley pendant cette période : John Duff (1924), Frank Clement (1924), Dudley Benjafield (1927), Sammy Davis (1927), Woolf Barnato (1928-29-30), Bernard Rubin (1928), Henry Birkin (1929) et Glen Kidston (1930). Riches, bons vivants, tous sont animés d’un véritable esprit d’aventure, de groupe, voire de corps, peut-être né de leur engagement pendant la Première Guerre Mondiale.

John Duff est un survivant de la bataille de Passchendaele, qui opposa en Belgique de juillet à novembre 1917 Britanniques, Canadiens et Français à l’armée allemande. Médecin de formation spécialisé en bactériologie, Dudley Benjafield sert en Egypte ; Woolf Barnato achève le conflit avec le grade de capitaine ; il faudra trois ans à Bernard Rubin, gravement blessé en 1917, pour retrouver l’usage de ses jambes ; Henry Birkin atteint le grade de lieutenant dans l’aviation ; Glen Kidston est quant à lui sous-marinier, avec le grade de capitaine de corvette. Mais deux personnalités sont véritablement emblématiques de l’esprit des « Bentley Boys » : John Duff et Woolf Barnato.

John Duff et Woolf Barnato, pionniers et leaders

Né en 1895 en Chine de parents canadiens, John Duff ouvre après la guerre une concession Bentley… et une nouvelle course automobile de 24 heures du côté du Mans attire rapidement son attention. Longtemps leader de la première édition en 1923, il termine quatrième à la suite d’un souci technique. Spectateur de la course, Walter Owen Bentley, d’abord réticent, décide au vu de cette performance d’impliquer davantage sa marque, avec l’année suivante la première victoire grâce à John Duff et Frank Clement. Quatre autres suivront de 1927 à 1930.

Woolf Barnato entre dans l’histoire des 24 Heures en tant que premier triple vainqueur de la course, avec en 1928, 1929 et 1930 trois victoires en autant de participations. Né lui aussi en 1895, il hérite de la fortune familiale bâtie sur les mines de diamant d’Afrique du Sud après le décès prématuré de son père. Véritable passionné de Bentley, il en devient le principal investisseur à  hauteur de 100 000 livres sterling. Outre le sport automobile, Woolf Barnato est un pilote émérite de hors-bord, pratique à bon niveau le cricket, le golf, la boxe (catégorie poids moyen), la natation, le tir ou encore la chasse à courre.

PHOTOS (D.R. / ARCHIVES ACO) : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS 1924 & 1930 - En haut, la 3 Litres Sport de John Duff et Frank Clement, première Bentley victorieuse au Mans en 1924. Ci-dessous, la Bentley Speed 6 au volant de laquelle Woolf Barnato est devenu le premier triple vainqueur des 24 Heures. 

Les Bentley Boys sur tous les fronts

Au-delà de la guerre et des 24 Heures du Mans, les Bentley Boys poursuivent une vie aventureuse. John Duff pratique l’escrime pour se remettre de blessures aux chevilles et rejoint Hollywood où il devient cascadeur, entraînant et doublant des comédiens sur les tournages de films de cape et d’épée. Il devient également champion de saut d’obstacle. Dudley Benjafield s’implique en 1919-1920 dans la lutte contre la grande épidémie de grippe espagnole. Journaliste, écrivain et caricaturiste, Sammy Davis est l’une des grandes plumes automobiles de l’entre-deux guerres. Il se lie notamment d’amitié avec le documentariste Bill Mason, le père de Nick, batteur de Pink Floyd et gentleman-driver (cinq participations aux 24 Heures). Glen Kidston se tourne vers l’aviation et établit en 1931 le record de la liaison aérienne Angleterre-Le Cap (Afrique du Sud). Lieutenant-colonel dans la Royal Air Force pendant la Seconde Guerre mondiale, Woolf Barnato est en charge sur le territoire britannique de la protection des sites de production d’avions contre les bombardements de la Luftwaffe. 

Très fortunés, le Bentley Boys mènent grand train dans le quartier londonien très chic de Grove au fil des « années folles », période de tous les plaisirs après le carnage de la Première Guerre mondiale… qui n’a peut-être pas été étrangère à leur soif de sensations fortes. Tous ont forgé, chacun à sa manière, la légende des gentlemen-drivers des 24 Heures du Mans, qui perdure encore aujourd’hui. Ainsi, en 2019, la rue qui mène à l’entrée du circuit et du Musée des 24 Heures est rebaptisée en leur hommage.

PHOTO CI-DESSOUS (D.R. / BENTLEY) - Les Bentley Boys à la fin des années 1920. De gauche à droite : Frank Clement, Leslie George Callingham, Woolf Barnato derrière André d'Erlanger, George Edward Duller, Walter Owen Bentley, Sammy Davis, Clive Dunfee et Dudley Benjafield.

Post-scriptum : une Bentley au Musée des 24 Heures… et un cocktail !

La collection permanente du Musée des 24 Heures du Mans comprend deux Bentley victorieuses dans la Sarthe la 3 Litre Sport de 1924 et la EXP Speed 8 gagnante en 2003.

Par ailleurs, la renommée des Bentley Boys a dépassé les frontières du Royaume-Uni et le cercle des pionniers du sport automobile. Ils ont même inspiré l’un des plus célèbres barmen britannique, Harry Craddock, qui officia longtemps au Savoy Hotel de Londres. Il crée en leur hommage le Bentley Cocktail : 3 cl de Calvados et 3 cl de St Raphaël rouge ou de Dubonnet rouge.

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