On connaît souvent Alexander Wurz pour ses deux victoires aux 24 Heures du Mans ou pour son passé en Formule 1, mais cette vision est réductrice car l’Autrichien a plus d’une corde à son arc. Outre ses activités de pilote officiel de Toyota, le résident monégasque est consultant auprès des pilotes de Williams F1, est impliqué dans la sécurité routière par l’intermédiaire de sa société Test & Training International, préside l'association des pilotes de Grand Prix, commente pour la chaîne de TV autrichienne ORF et trouvait malgré tout le temps de peindre son casque !

Le plus jeune vainqueur des 24 Heures du Mans (22 ans) compte deux victoires pour neuf participations dans la Sarthe. Pourtant, Alexander Wurz n’était pas promis à la victoire : "Je ne devais pas être sur la liste des engagés aux 24 Heures du Mans en 1996. Reinhold Joest, le propriétaire de l'équipe Joest Racing, était à la recherche d'un pilote et après une séance d'essais, il a décidé de faire confiance à un jeune loup pour prendre le volant de la TWR Porsche. La course fut très serrée avec la Porsche officielle : le dimanche à huit heures du matin, nous étions en tête avec huit secondes d'avance. Mais finalement, nous avons gagné."

L'ancien champion du monde de BMX ne savait pas encore que cette victoire allait changer sa vie. Deux jours après l'épreuve, Williams lui proposait un test en F1. Alexander Wurz rejoint les rangs de la discipline reine de la monoplace à 22 ans alors que, faute d'argent, il était sur le point de renoncer à une carrière en sport automobile. Il disposera finalement d'une place de titulaire jusqu'en 2007 avec un intermède de quatre ans, de 2001 à 2004, en tant que pilote d'essais de McLaren.
Cette expérience de metteur au point lui a sans doute permis de décrocher un baquet en endurance chez Peugeot dès 2008. L'année suivante, il partageait la troisième voiture de Peugeot Sport avec David Brabham et Marc Gené. Bien que traités à égalité par l’écurie française, ils n’avaient pas les faveurs des pronostics car ce n’était pas forcément le trio le plus rapide, mais au Mans encore plus qu'ailleurs, attaque maximum ne rime pas toujours avec podium…

C'est sans doute une règle que le professeur Wurz inculque à ses élèves, d’abord avec son entreprise, Test & Training International, puis les pilotes de Williams F1 et enfin le FIA Institute Young Driver Excellence Academy, qui a pour mission de développer les jeunes talents du sport automobile en leur inculquant l’importance de la sécurité. Une question que l'Autrichien connaît bien grâce à sa société : "Nous avons déjà formé 2,5 millions de personnes et plus d’un million d’enfants à la sécurité routière. Nous avons des experts qui déterminent le contenu des stages et définissent les meilleures méthodes de formation et de coaching. Certaines s’appliquent au sport automobile et je les utilise."

Malgré cet emploi du temps chargé et l'entraînement quotidien pour rester affûté, Alexander Wurz trouve le temps de décorer son casque lui-même. Perfectionniste, le pilote autrichien a décidé de s'y mettre en 2000, las d’entendre les plaintes des professionnels contre la complexité du dessin et la longueur du processus. Il a donc converti une salle de bains en atelier pour quelques jours, voire plusieurs mois : "Je ne suis pas souvent à la maison. Cela peut me prendre deux mois pour terminer deux casques." Chaque réalisation est unique car dessinée à la main et sans plan !

Unique, Alexander Wurz l'est assurément dans le milieu du sport automobile. D'abord par la taille (1,87 m) puisqu'il est l'un des plus grands dans le paddock. Pas vraiment un avantage dans le milieu. Puis par sa sportivité : le côté Bad Boy, très peu pour lui. L'Autrichien est un gentleman, un vrai, qui attend que la personne qui l'interviewe ait fini d'écrire pour enchaîner. Unique enfin avec son palmarès. Outre le record de précocité, il détient aussi celui du plus grand nombre d'années entre deux victoires aux 24 Heures du Mans. S'il ne sera pas sacré Champion du Monde d'Endurance, il connaît tout de même la sensation de coiffer une couronne mondiale !

Tschüss Alex ! Bis bald...

Cécile Bonardel / ACO 

PHOTO : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS, JEUDI 20 JUIN 2013, ESSAIS QUALIFICATIFS. Alexander Wurz peint lui-même chacun de ses casques.