André Lussiana, « Dédé » comme on l’appelle dans le paddock, arpente les circuits depuis de nombreuses années. Incontournable, les plus jeunes le connaissent à travers l’équipe qu’il engage en championnat d’Europe Superstock, les plus anciens pour sa longue carrière et ses multiples participations en endurance.

A tout juste 55 ans, André Lussiana réalise cette année un vieux rêve en participant aux 24 Heures Moto avec ses fils. Ses trois garçons et lui, pilotes ou ex-pilotes de vitesse, forment l’équipage du Lussiana’s Défi MCS 93 sur la BMW n°93 aux couleurs… zébrées !

André qui n’avait plus roulé depuis 11 ans avait à cœur de réaliser ce projet et 2011 était la dernière année possible. Concernant ses fils, Fabien le plus jeune, a roulé à un très bon niveau en 125 cc, Yann a été l’un des acteurs majeurs du Supersport en France, notamment en 2005. Seul Matthieu, ex-vainqueur du Trophée Pirelli 600, roule toujours aujourd’hui en championnat d’Europe 1000 Superstock. Une aventure qui reste avant tout familiale, comme le précise André lui même…

André Lussiana, vous êtes peu connu du grand public, mais vous avez une immense expérience de l’endurance, vos participations aux courses de 24 heures se comptent en dizaines ! Votre dernière course remonte à quand ?

"Si je me souviens bien, je crois que j’ai dû faire dix-sept fois les 24 Heures Moto, quinze Bol d’Or, sept 24 Heures de Spa et une fois les 8 Heures de Suzuka. Ma dernière course remonte à onze ans, c’était en 2000 pour le premier Bol d’Or qui ne se faisait plus au circuit Paul-Ricard, mais à Magny-Cours."

Depuis quand avez vous ce projet de constituer un équipage avec vos fils pour les 24 Heures Moto ?

"Depuis toujours ! Depuis aussi longtemps que mes enfants se sont mis à rouler! Etant moi-même pilote, j’envisageais déjà une telle équipe. J’ai quatre fils, Loïc l'aîné fait de l’enduro pour s’amuser et parfois nous en faisons ensemble, mais il n’a jamais aimé la vitesse. Il sera quand même dans l’équipe au chrono, avec ma femme Patty bien sûr. Les trois autres en revanche ont le virus. Ce que l’on fait n’a jamais été fait, sauf par Duhamel, mais là nous sommes vraiment les quatre pilotes (ndlr : Yvon Duhamel, excellent pilote franco-canadien, a brillé essentiellement dans les années soixante-dix et a participé avec ses deux fils au Bol d’Or au début des années quatre-vingt)."

Pourquoi cette année alors ?

"Parce que c’est la dernière année possible sans que ce soit compliqué. J’ai eu 55 ans en août et c’est l’âge maximum autorisé par le règlement. Après, il faudrait passer par des tentatives de dérogation que l’on n’est jamais sûr d’obtenir. Donc on avait un peu cette date butoir et puis de toute façon, sur le plan physique ça va encore très bien, alors autant en profiter. En plus mes garçons sont eux aussi toujours bien dans le coup."

Comment êtes vous passé du projet à sa concrétisation ?

"Nous avons su que nous pouvions le faire il y a environ trois mois. Nous avons cherché des partenaires et cela a pu se réaliser. J’ai avec moi de vieux amis qui m’ont toujours suivi, notamment Pierrot Cascarino du Moto Club Cournevien, avec qui nous avons monté l’équipe, et Philippe Mouchet, grand pilote avec lequel j’ai roulé. C’est un peu la famille aussi."

Quels seront vos objectifs pour ces 24 Heures Moto ?

"L’objectif premier, comme pour toutes les courses d’endurance, est toujours le même : être au départ et à l’arrivée ! Cela peut paraître évident, mais c’est déjà une performance. Ensuite nous sommes des compétiteurs et j’ai des « guerriers » avec moi, donc nous voulons aussi une bonne place."

Karine Avon

 

Photo : CIRCUIT DU MANS, SARTHE (FRANCE), LE 30 AOÛT 2011. Les décorations "zébrées" d'André Lussiana et de ses trois fils qui composent le Lussiana's Défi.