
Photo : Michel LEGEAY - ACO/Nikon
Le nom de cinq des plus grands constructeurs mondiaux d’automobiles ne saute pas forcément aux yeux à la lecture de la liste des engagés de la 80ème édition des 24 Heures du Mans. Ils seront pourtant bien présents, avec des niveaux d’implication différents : General Motors, à travers Corvette Racing, VAG représenté par Audi, Toyota, qui fait son grand retour dans la classique mancelle, Honda avec ses prototypes LM P2 et Renault-Nissan, le constructeur japonais fournissant le moteur de plusieurs prototypes.
Le nombre de voitures vendues dans le monde a battu tous les records en 2011. General Motors a repris la première place qui fut la sienne pendant plusieurs décennies à Toyota, qui a souffert du tremblement de terre et du tsunami japonais, mais aussi des inondations en Thaïlande. Avec plus de neuf millions de véhicules vendus, la compagnie américain, au bord de la banqueroute il n’y a pas si longtemps retrouve son lustre dans le monde avec des ventes en hausse de près de 12 % par rapport à 2010. La place de vice-champion revient au groupe VAG qui ne cesse de progresser à une allure insolente (14 % en 2011) avec plus de huit millions de véhicules vendus. Malgré la crise, le constructeur allemand s’est amélioré dans presque tous les pays. La marque Audi contribue de plus en plus aux résultats du groupe VAG avec un nouveau record établi à 1 302 650 véhicules vendus, soit une augmentation de 19,2 %, une croissance qui contraste avec la situation des constructeurs français.
Si l’alliance Renault-Nissan conserve sa quatrième place, il faut d’abord féliciter Nissan, qui a vendu 4,76 millions de véhicules (+ 14 %), le constructeur français se contentant de 2,7 millions de véhicules alors que lorsque les deux fabricants se sont associés, le poids de Renault était équivalent à celui de son homologue japonais. La marque au losange a même été détrônée de la première place de constructeur français par le groupe PSA il y a quelques années, pourtant, la marque au Lion perd sans cesse du terrain sur la scène internationale : 6ème constructeur mondial en 2009, la firme sochalienne est tombée au 8ème rang en 2011.
Avec l’arrêt de son programme sportif, Peugeot devient le seul constructeur du Top 10 mondial, avec Hyundai, à ne pas être engagé officiellement en sport automobile, toutes disciplines confondues. La Formule 1 a perdu la plupart des écuries officielles des constructeurs, à l’exception de Mercedes et Ferrari (Fiat), suite aux retraits de BMW, Toyota et Renault. La firme au losange poursuit néanmoins son engagement en tant que motoriste et peut se targuer de deux titres consécutifs de Champion du Monde en 2010 et 2011, grâce au partenariat avec Red Bull. La monoplace encore avec l’IndyCar, la série américaine pour laquelle Honda fournit le moteur pour tout le plateau, sans oublier les Formule Renault qui ont vu débuter la plupart des pilotes internationaux.
En circuit, les championnats de voitures de tourisme sont aussi prisés des constructeurs. Outre le FIA WTCC (World Touring Car Championship) qui voit d’affronter les Chevrolet (General Motors) Cruze officielles et les Seat Leon (VAG) et BMW Serie 3 officieuses, le DTM en Allemagne et le SuperGT au Japon attirent une foule très nombreuse à chaque course. Les Allemands remplissent les tribunes du circuit d’Hockenheim quand la Formule 1 n’y fait pas le plein et les Japonais n’hésitent pas à faire plusieurs heures de queue sur des routes de montagne pour accéder aux circuits. Les constructeurs ne s’y sont pas trompés et sont présents en nombre. Ainsi, Mercedes et Audi (VAG) se rendent coup pour coup en Allemagne et seront rejoints cette année par BMW, tandis qu’au Japon, Toyota, Nissan et Honda se battent depuis de nombreuses années.
En rallye, Citroën (Groupe PSA) et Ford se livrent à un duel sans merci avec une Mini (BMW) presque officielle qui vient jouer les trouble-fêtes depuis l’année dernière et Volkswagen (VAG) qui déboulera l’année prochaine. Le « off-road » a aussi ses adeptes, Suzuki ayant remporté la fameuse montée de Pikes Peak grâce à Monster Tajima, vainqueur des six dernières éditions.
Reste l’endurance. Les 24 Heures du Mans attirent à la fois les concurrents et le public qui en fait l’un des événements sportifs les plus populaires du monde. Audi (VAG) poursuit son effort depuis 1999 avec dix victoires à la clé en LM P1, la marque aux anneaux étant devenue la première à l’emporter avec un moteur diesel. Toyota, candidat malheureux à la victoire au début des années 90, fait son grand retour avec une technologie hybride dans la catégorie reine, alors que ses deux concurrents japonais Honda (victoire en 2010 avec Strakka Racing) et Nissan (titre ILMC en 2011 de l’équipe Signatech-Nissan) ont choisi la catégorie LM P2 comme terrain de jeu. Les catégories LM GTE Pro et Am ne sont pas en reste avec Corvette Racing (General Motors), Porsche (VAG) et Ferrari (Fiat), ces deux dernières étant engagées par des écuries privées.
Quid des budgets dédiés à la compétition automobile ? Les chiffres sont classés top secret. Toutefois, si le sport automobile attire autant les constructeurs, qui ne sont pas des associations à but philanthropique, c’est qu’ils y trouvent leur compte. Les retombées économiques sont certes difficiles à déterminer en termes d’image, mais les retombées technologiques sur les voitures de tourisme sont considérables. Les règlements doivent prendre en compte les évolutions de la technique. C’est à ce prix que les organisateurs continueront d’attirer les grands constructeurs. Les 24 Heures du Mans ont emprunté cette voie avec succès. La preuve ? Porsche, qui détient le record de victoires au classement général dans la Sarthe, a prévu de revenir sur son terrain de jeu favori en 2014.
Cécile Bonardel
Photo : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS, DIMANCHE 12 JUIN 2011, PODIUM. Cinq des plus grands constructeurs automobiles seront présents lors de la prochaine édition des 24 Heures du Mans.