24h Le Mans
Photo : FRANCOIS NAVARRO - ACO/Nikon
Un pouce cassé et déplacé aux essais alors qu'il venait de se faire percuter, un accrochage en course à son premier relais, une chute à son deuxième, une chaîne de transmission qui casse à son troisième se soldant par une séance de poussette de 45 minutes et une deuxième chaîne qui casse à 8h du matin... David Dumain, occis par cette poisse qui lui colle aux basques pour sa 7ème participation à la grande épreuve du Mans, cherche un petit nom à donner à son chat noir : "L'en...é, ça lui irait bien", dit-il en suçant un quartier d'orange pour reprendre des forces. Vu sa tête, il prend cher. Et le chat aussi si jamais il le retrouve. "Je pourrais être chez moi en gentil journaliste et bon père de famille. Mais comme à chaque fois, j'ai fait ce choix". Merci notamment au chirurgien de l'hôpital du Mans, qui l'a autorisé à rouler avec son pouce fracturé, alors qu'il ne lui n'avait encore rien demandé. Appelez ça la magie du Mans... Ou un bon coup de pouce ! "Le plus drôle c'est que je me vantais de ne jamais avoir eu à pousser une moto en 16 courses de 24 heures..."
Journaliste diplômé d'une grande école parisienne, il est tombé dans la moto presque par hasard : « je travaillais pour le journal L'Equipe puis pour France Foot quand l'ami d'un Rédacteur en Chef d'un magazine moto hebdomadaire me dit qu'ils cherchent un journaliste de profession à former pour un poste d'essayeur moto. Je ne savais même pas que ce métier existait. L'entretien d'embauche, qui consistait en un essai pratique sur route, était catastrophique : je suis sorti deux fois de la route. La seule moto que j'avais, c'était une Yamaha XT, payée avec les 10 000 francs de la prime de la « Page d'Or » (Concours d'écoles de journalisme, NDR), pour rouler dans les chemins. Je ne savais même pas qu'on pouvait pencher une moto. Ils m'ont pris quand même. Deux ans plus tard je faisais le Bol d'Or ! ». 10 fois le Bol, et presque autant au Mans, 2 fois Spa, il a aussi fait les courses du Qatar, d'Albacete, de Barcelone, et Daytona dernièrement.
Capable de rouler dans les temps de pilotes de profession quand ses chaînes de transmission sont renforcées, il est systématiquement sollicité par des Teams pour rouler entre deux bouclages de Moto Journal. Honda, Kawasaki, Yamaha, Suzuki, il prend soin d'alterner les marques, objectivité journalistique oblige, avec des meilleurs résultats comme 15ème au général, et 1er en Open avec une Honda RC30 en 2009 : "Je ne pensais jamais finir, mais je m'obligais à y croire. L'endurance c'est la course des causes perdues, tout est là ". Supermotard, vitesse, endurance, il ne calme le jeu qu'aux moments clés de sa carrière, comme sa prise de poste de Rédacteur en Chef du magazine L'intégral en 2002, puis de Moto Journal en 2007. "Mon meilleur souvenir ? Le Bol d'Or avec Kevin Schwantz comme coéquipier lors d'une opération des Editions Larivière. Ca, la RC30 et Daytona".
- Si tu avais dû choisir entre une carrière de pilote ou de journaliste ? "ça fait longtemps que j'ai choisi. J'ai hésité il y a 6 ans pour ne faire que de la course, mais j'ai décidé que non. Aucun doute, journaliste, ça dur plus longtemps (rires...)".