Luigi Chinetti et Lord Selsdon, les pionniers - Dans l'histoire des 24 Heures du Mans de Ferrari, Luigi Chinetti est bien plus qu'un pilote. En 1949, afin de contourner une interdiction d'Enzo Ferrari, il avait convaincu son coéquipier Lord Selsdon d'acheter une Ferrari 166 MM... dont il a tenu le volant pendant plus de 22 heures ! Seul pilote à s'être imposé dans la Sarthe avant (1932 et 1934) et après (1949) la Seconde Guerre mondiale, il a également largement contribué à l'expansion commerciale de la marque au cheval cabré, en devenant son importateur aux Etats-Unis. Là-bas, il développe une stratégie basée sur des GT personnalisables à l'envi par leurs propriétaires, ce qui explique aujourd'hui la cote exceptionnelle de certains modèles sur les ventes aux enchères. Autre singularité de l'histoire croisée de Luigi Chinetti et Ferrari : il a signé en tant que pilote la première victoire de la marque en 1949, puis la dernière en 1965 en tant que patron de sa propre écurie, le NART (North American Racing Team).
Maurice Trintignant, le premier Français - L'oncle du comédien Jean-Louis Trintignant a été l'un des plus brillants pilotes de l'après-Seconde Guerre mondiale. Premier Français victorieux au Mans au volant d'une Ferrari (1954), il est également le premier citoyen de son pays vainqueur en Formule 1, avec deux victoires au Grand Prix de Monaco (1955 sur Ferrari et 1958 sur Cooper). Il monte également à deux reprises sur le podiums sarthois, en 1956 (sur Ferrari) et 1959 (sur Aston Martin), respectivement avec Olivier Gendebien et Paul Frère, eux aussi vainqueurs au Mans... sur Ferrari.
Jose Froilan Gonzalez, le taureau argentin - Coéquipier de Maurice Trintignant pour la deuxième victoire de Ferrari au Mans, Gonzalez s'impose dans la Sarthe à l'issue de sa quatrième et dernière participation. Il occupe également une place de choix dans l'histoire du constructeur italien, auquel il offre sa première victoire en Formule 1 à Silverstone (Grande-Bretagne), le 14 juillet 1951. Son physique imposant lui avait valu le surnom de « taureau de la pampa » et sa rapidité le respect de ses pairs, notamment du plus célèbre de ses compatriotes, le quintuple champion du monde F1 Juan Manuel Fangio, qui était, en 1950, le coéquipier de Gonzalez lors de sa première apparition aux 24 Heures du Mans.
Oliver Gendebien, le recordman - Le nom d'Olivier Gendebien est indissociable de l'histoire des 24 Heures du Mans et de Ferrari - même s'il découvre les 24 Heures avec Porsche en 1955. En sept départs consécutifs avec le constructeur italien (de 1956 à 1962), le Belge signe un podium avec Maurice Trintignant (troisième en 1956) et devient le premier quadruple vainqueur des 24 Heures, en compagnie de son compatriote Paul Frère (en 1960) et de l'Américain Phil Hill (1958, 61 et 62). Il reste détenteur du record de victoires sarthoises de 1962 à 1980.
Phil Hill, l'Américain - Phil Hill est l'homme de quelques premières marquantes de l'histoire de Ferrari, des 24 Heures du Mans et du sport automobile. En 1958, il devient le premier Américain victorieux dans la Sarthe. En 1961, il est le seul pilote de l'histoire à remporter dans la même année les 24 Heures du Mans et le titre mondial en Formule 1. Et en 1962, il constitue avec Olivier Gendebien le premier équipage triple vainqueur dans la Sarthe. Son palmarès aux 24 Heures présente en outre une étonnante particularité : en quatorze départs, il n'a reçu qu'à trois reprises le drapeau à damier... mais à chaque fois en vainqueur !
En 1960, la deuxième victoire sarthoise d'Olivier Gendebien marque pour Ferrari le début d'une domination sans partage, avec six succès consécutifs jusqu'en 1965, signés par des pilotes qui, comme les vainqueurs des premières années du cheval cabré au Mans, ont marqué l'histoire du sport automobile de leur époque, toutes disciplines confondues. Rendez-vous dans le deuxième volet de cette saga pour en savoir plus...
PHOTO (D.R. / Archives ACO) - LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS, DIMANCHE 26 JUIN 1960. Parmi les pilotes vainqueurs au Mans sur Ferrari, Olivier Gendebien et Phil Hill sont les seuls à avoir réussi cette performance sur les deux décennies 1950 et 1960. Gendebien inaugure les sixties en s'imposant au volant de cette Ferrari 250 TRI, associé au pilote journaliste Paul Frère, qui reçoit ici le drapeau à damier. Gendebien retrouvera Phil Hill en 1961 et 62, pour deux nouvelles victoires.