Histoires des 18 et 19 juin... 1966 - Ford gagne, Matra débute
Retour

Histoires des 18 et 19 juin... 1966 - Ford gagne, Matra débute

Sept

En 1963, Ford tente de racheter Ferrari... Mais le jour où les émissaires de Henry Ford II croient signer l'accord de vente, Enzo Ferrari tourne les talons, et apostrophe son bras droit d'une formule restée dans les mémoires : "viens Gozzi, allons dîner !". Cette humiliation donne un véritable coup de fouet au constructeur américain, qui n'aura dès lors qu'une obsession : battre Ferrari. Comme champ de bataille, il choisit à partir de 1964 les 24 Heures du Mans, où la marque italienne est invaincue depuis 1960. En 1966, le constructeur américain débarque avec une véritable armada : huit exemplaires de son nouveau prototype Mk II d'usine, pour contrer sept Ferrari P2 et P3 !

Parallèlement, un nouveau constructeur français fait son entrée aux 24 Heures. Spécialisé dans l'aéronautique et l'armement, Matra contribuera grandement au renouveau du sport automobile français grâce à ses nombreux pilotes, à un titre mondial en Formule 1 (1969) et trois victoires mancelles (1972-73-74).

Mais en 1966, l'histoire n'en est  pas encore arrivée là ! Pour les trois voitures engagées par Matra, l'apprentissage des 24 Heures est difficile. Parmi les Français qui défendent sa casaque figure un pilote prometteur de 24 ans, qui découvre lui aussi Le Mans : Henri Pescarolo. En prenant la piste pour la première fois, il se retrouve bien malgré lui au coeur de la bataille Ford-Ferrari. "C'est lors des essais de nuit que j'ai découvert le circuit, raconte le quadruple vainqueur des 24 Heures du Mans. J'ai tourné pendant environ une demi-heure, et c'est sans doute la seule fois de ma carrière où j'ai été terrorisé d'un bout à l'autre de ma découverte d'une voiture et d'un circuit ! Ce fut une expérience très éprouvante : non seulement je ne connaissais ni la voiture ni la piste, mais je me suis retrouvé en pleine bagarre pour la pole position entre Ford et Ferrari. Ford voulait gagner, Ferrari ne voulait pas se faire battre, et je me faisais doubler toutes les cinq minutes par de véritables avions de chasse !"

En course, aucune des trois Matra ne rallie l'arrivée. A la suite d'un problème moteur, Henri Pescarolo et son équipier Jean-Pierre Jaussaud sont les premiers à renoncer, tandis que Jo Schlesser-Alan Rees sont victimes d'un accrochage peu après minuit et que des ennuis de transmission contraignent Jean-Pierre Beltoise et Johnny Servoz-Gavin à l'abandon.

Pendant ce temps, dans le peloton de tête, le duel Ford-Ferrari tourne finalement à l'avantage du constructeur américain, peu avant deux heures du matin, lorsque Pedro Rodriguez et Richie Ginther, au volant de la dernière Ferrari encore capable d'inquiéter les Mk II, sont contraints à l'abandon sur un souci de boîte de vitesses. Venu donner le départ de la course, Henry Ford II assiste à un triplé de ses voitures, avec les vainqueurs Bruce McLaren-Chris Amon devant Ken Miles-Dennis Hulme et Ronnie Bucknum-Dick Hutcherson.

En 1969, l'année de la quatrième (et dernière) victoire consécutive de Ford, Matra termine les 24 Heures pour la première fois, grâce à Jean-Pierre Beltoise-Piers Courage (4èmes), Jean Guichet-Nino Vaccarella (5èmes) et Nanni Galli-Robin Widdows (7èmes).
 

Trente-quatrième édition des 24 Heures du Mans : le podium
1-Bruce McLaren-Chris Amon (Ford MK II n°2)
2-Ken Miles-Dennis Hulme (Ford MK II n°1)
3-Ronnie Bucknum-Dick Hutcherson (Ford MK II n°5)

Jean-Philippe Doret / ACO

Partenaire Majeur

Partenaires premium

Partenaires officiels

Tous les partenaires