Il y a 25 ans : à 400 au Mans !
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Il y a 25 ans : à 400 au Mans !

400 au Mans !

Aujourd’hui encore, la barre des 400 km/h – 111 mètres par secondes ! – reste quasi-inaccessible sur 4 roues. Il y a 25 ans pourtant, Roger Dorchy la dépassait aux 24 Heures du Mans. Souvenirs…

Le combat d’un artisan face aux grands constructeurs s’apparente souvent à celui de David contre Goliath. C’est sans doute la raison qui pousse l’équipe WM à se détourner de son objectif en 1986. Plutôt que la victoire, c’est le record de vitesse qui est visé : « Opération 400 », tel est le nom de la mission fixée par les patrons Welter et Meunier (WM).

Naît la P87. Surbaissée, allongée, l’aileron à l’horizontale et les roues carénées : elle est faite pour fendre l’air ! Un matin du printemps 1987, François Migault la pousse à 416 km/h entre St Quentin et Laon sur une portion d’autoroute fraîchement asphaltée mais pas encore ouverte à la circulation. L’exploit fait sensation au 20 heures de TF1. Il ne reste qu’à le rééditer sur les 6 kilomètres des Hunaudières, la légendaire ligne droite du circuit des 24 Heures du Mans.

En juin pourtant, c’est la stupeur : le Mesta de la gendarmerie ne relève « que » 381 km/h. Les aérodynamiciens d’Heuliez peuvent retourner à leurs planches à dessin.

Douze mois plus tard, rebelote : le jeudi 9 juin 1988, la nouvelle P88 plafonne à 387 km/h. Scandale, le radar des forces de l’ordre ne serait pas calibré pour mesurer de telles vitesses !

Samedi 11 juin, la course commence mal pour la WM numéro 51. Après plus de 3 heures passées aux stands, la décision est prise de sacrifier la course au profit d’une ultime tentative de record. Les mollettes des deux turbos sont tournées à fond pour augmenter la pression du 3 litres Peugeot qui, ainsi gavé en air, délivre 910 chevaux !

Roger Dorchy s’installe au volant. Il n’est pas très favorable à cette expérience mais s'y soumet en bon professionnel. A 20 h 45, la flèche verte sort du Virage du Tertre Rouge et s’enfonce entre les deux rangées d’arbres bordant l’interminable ligne droite. Quelques secondes plus tard, elle est flashée à 407 km/h !

La vitesse retenue sera finalement de 405 km/h… Une tolérance imposée par la précision de l’équipement ? Pas sûr… Les responsables du marketing de chez Peugeot auraient-ils suggéré ce chiffre en clin d’œil à la berline commerciale du moment (la 405) ?

Eprouvée par cette terrible épreuve, l’auto ne passera pas la nuit. Qu’importe, elle est déjà entrée au Panthéon des voitures de course. Les deux chicanes des Hunaudières, érigées en 1990, protègeront son précieux record qui, 25 ans plus tard, n'aura toujours pas été approché.

Roger Dorchy se souvient : « Quand je suis rentré au stand pour passer le relais à mon coéquipier, j'ai vu toutes les télés et tous les journalistes qui m'attendaient. Je ne comprenais strictement rien à cette effervescence. On m'a alors informé que j'avais battu le record de vitesse dans les Hunaudières. On ne sait pas à quelle vitesse on roule en course. On sait simplement que l'on va vite. Quand on monte dans sa voiture, on fait confiance à l'aérodynamisme. Une fois dans le siège, on est là pour y aller, un point c'est tout. De toute façon, nous sommes dans un état second quand on pilote. Attention, on n’est pas pour autant des fous mais, avec les sensations, on oublie le danger. Si l'on a peur, ce n'est pas la peine de partir car on ne ferait qu'augmenter les risques. »

Julien HERGAULT

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