24h Le Mans
Les Hypercars à la loupe | Huit constructeurs de renom s’affronteront dans la catégorie Hypercar lors de la 93e édition des 24 Heures du Mans (11-15 juin 2025). Rappelez-vous, la Peugeot 9X8 est née sans aileron arrière et ce choix audacieux n’a pas été récompensé. Dans sa version 2024, la Lionne montre les crocs, mais elle est encore un peu tendre face à une concurrence plus affûtée.
Dès sa présentation en juillet 2021, l’identité de la Peugeot 9X8 est très forte, avec ses phares et ses feux qui rappellent la griffe du lion. Son emblème, modernisé en 2021, ressort de la face avant. Mais la Lionne fait sensation pour une autre raison que ces marqueurs esthétiques : Peugeot casse les codes du prototype, avec une Hypercar qui ose tout en se passant d’aileron arrière ! Une originalité technique qui ne manque pas d’étonner ses pilotes. Loïc Duval (Peugeot 9X8 #94) découvre la voiture en 2022 : « On l’a vue bâchée et on ne savait pas de quel côté il fallait la découvrir pour trouver l’avant, donc c’était assez surprenant. Mais au volant, on n’a jamais senti l’absence d’aileron arrière : cette première version de la 9X8 était capable de générer la charge aérodynamique autrement. »
L’audace des équipes de Peugeot répond à un règlement Hypercar qui exige les mêmes largeurs de pneus à l’avant et à l’arrière (31 cm). La modification dudit règlement autorisant des largeurs différentes entre les trains d’un prototype (29 cm à l’avant, 34 à l’arrière) contribuera à rendre obsolète la première version de la 9X8. Peugeot n’abdiquera pas et reverra sa copie de fond en comble : greffe d'un aileron arrière, conception d'un nouveau fond plat et refonte de l'enveloppe externe. La cellule de survie et le châssis seront conservés pour l'apparition de la 9X8 2024 il y a un peu plus d’un an, lors de la manche italienne du Championnat du Monde FIA WEC. Avec son capot avant très plat et son imposante crinière, le félin de chez Peugeot n’a rien perdu de sa superbe, mais reste malmené par la concurrence.
Directeur technique de Peugeot Sport, Olivier Jansonnie résume la situation. « En 2024, nous avons franchi une étape importante. Après une année de travail intense, nous avons constaté de réels progrès de notre voiture sur la piste, validant les décisions techniques et humaines prises après 2023. […] En 2025, la barre est encore plus haute. La concurrence est féroce et le niveau d'exigence est à son maximum. Plus que jamais, la fiabilité sera un facteur décisif dans cette course d'endurance acharnée. Pour se battre aux avant-postes, il ne faut pas avoir de faiblesses. » Jusqu’ici, la Peugeot 9X8 n’est pas parvenue à se battre pour les meilleures places. Elle a donc encore des lacunes, malgré des progrès incontestables.
Répondant à la réglementation LMH, la 9X8 2024 est donc pourvue d’un aileron arrière. Elle a conservé le V6 bi-turbo de 2,6 litres associé à une boîte de vitesses séquentielle à 7 rapports. Ce groupe motopropulseur est associé à un moteur électrique (aussi appelé MGU pour Motor Generator Unit) capable de délivrer 200 chevaux aux seules roues avant, faisant du prototype du constructeur français une transmission intégrale. La batterie haute densité qui alimente ce MGU est issue d’une collaboration entre TotalEnergies et Saft et développe 900 volts. La puissance cumulée transmise aux quatre roues culmine aux environs des 750 ch, pour un poids total de 1 030 kg (minimum réglementaire). Rajoutez 90 litres de carburant de compétition et un pilote top niveau : elle est prête à prendre la piste.
« Avec le package aéro 2024, on a un équilibre un peu différent et on a moins de traînée, ce qui est très important pour un circuit comme Le Mans. Depuis le début de l’année, nous sommes dans une phase ascendante. La 9X8 est plus facile sur les bosses, ça c’est sûr. On n’est pas encore au niveau des meilleurs, mais on a franchi un pallier à ce niveau. En exploitation, on est aussi bien meilleurs », estime le pilote français Loïc Duval (Peugeot 9X8 #94).
Peugeot a su s’imposer à trois reprises dans la grande classique de l’endurance que sont les 24 Heures du Mans, d’abord avec la 905 en 1992 (Blundell-Dalmas-Warwick) et 1993 (Hélary-Bouchut-G. Brabham), puis avec la 908 HDi FAP en 2009 (Wurz-D. Brabham-Gené). Espérer un top 10, voilà à quoi sont réduits aujourd’hui les espoirs du Lion. Les adversaires sont nombreux et souvent plus rapides, contraignant les pilotes Peugeot à batailler, au mieux, dans le cœur du peloton. Pourtant en 2023, à la faveur de conditions météo changeantes et d’une stratégie au top niveau, la 9X8 a mené les 24 Heures du Mans. Un exploit qu’elle n’a pas été en mesure de rééditer lors de l’édition suivante. En 2025, le règlement Hypercar continue d’attirer de nombreux constructeurs et la concurrence se renforce encore. Cette saison, la Peugeot peine à s’extraire du paquet par le haut pour viser enfin les trois places du podium. La quatrième manche du championnat du monde sonnera-t-elle l’heure du réveil pour l’équipe française ? Une certitude : Peugeot TotalEnergies va abattre toutes ses cartes. Rendez-vous dimanche à 16 heures pour savoir si la 9X8 est digne de ses aînées des années ‘90 et 2000.
Ne manquez pas les autres épisodes de notre série « Les Hypercars à la loupe », dans laquelle nous décryptons les prototypes engagés dans cette édition 2025 plus relevée que jamais.
À suivre, la Ferrari 499P.
Précédemment, la Cadillac V-Series.R, l'Alpine A424, l'Aston Martin Valkyrie et la BMW M Hybrid V8.
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