La Ferrari 499P Hypercar à la loupe : Tout ce qu’il faut savoir sur cette icône du Mans
Les Hypercars à la loupe | Depuis sa première apparition en piste au début de l’année 2023, la Ferrari 499P a conquis tous les fans d’endurance. Deux victoires aux 24 Heures du Mans plus tard, sa cote de popularité n’a jamais été aussi haute, alors qu’elle aborde cette 93e édition de la classique mancelle en favorite. Mais pourquoi est-elle si performante ?
Dès sa conception, la 499P était destinée à un brillant avenir. Fidèles à leur habitude, les ateliers de Maranello ont concocté un concentré de technologie à la pointe de l’innovation. Et si c’était cela, la recette pour faire naître une icône ?
L’ADN Ferrari au cœur de la bête
Tout commence par le moteur. Si de nombreuses architectures différentes ont un temps été envisagées, Ferrari a retenu le V6 pour une raison très simple : la firme possédait déjà une très bonne base, utilisée dans la Ferrari 296 GTB de route. Les équipes ont sélectionné ce V6 bi-turbo de trois litres, ouvert à 120°, en l'adaptant, bien évidemment.
C'est l’angle d’ouverture le plus élevé de tous les blocs de la catégorie Hypercar. Ceci offre la possibilité de loger facilement les deux turbos dans le « V », entre les deux rangées de cylindres, alors qu’ils sont généralement situés à l’extérieur sur les moteurs plus conventionnels. Cette architecture très compacte, appelée « Hot V », permet surtout de gagner de l'espace, et donc, de profiter d’une plus grande liberté de placement. Sur la 499P, il fait partie intégrante du châssis, ce qui n’est pas le cas sur la Ferrari 296 GTB. Cette adaptation a nécessité beaucoup de travail, mais ça paye. « Le bloc a totalement été repensé pour la 499P. Les tests de fiabilité, à eux seuls, ont représenté à peu près 1000 heures », affirme Lucio Calogero, directeur du département dédié aux unités de puissance pour le programme d’endurance. Le V6 est relié à une boîte de vitesses séquentielle à sept rapports fabriquée par Xtrac.
Ce n’est pas tout. La 499P est également dotée d’un moteur électrique (MGU), capable de délivrer environ 270 chevaux aux roues avant. Les batteries se remplissent sur les phases de freinage, et permettent ainsi à l’Hypercar Ferrari de passer en quatre roues motrices à partir d’une certaine vitesse définie par la Balance de performance (BoP) :190 km/h dans le cas de la 499P. C’est un avantage non négligeable, en particulier sur les Hypercars qui n’ont pas la capacité de se transformer en 4X4, à l'image de la Porsche 963, la BMW M Hybrid V8, l’Alpine A424, l’Aston Martin Valkyrie et la Cadillac V-Series.R. « Dans les virages rapides, comme dans les S Porsche, on peut économiser les gommes arrière, car le train avant emmène aussi la voiture. Sur le mouillé, c’est d’autant plus utile, ça apporte plus d’adhérence », précise Ye Yifei, pilote sur la 499P #83 AF Corse.
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Le passage aux quatre roues motrices permet d'aider les pilotes à aller plus vite dans les longues courbes, comme le virage Porsche ici à l'image.
Antonin VINCENT (ACO)
Un pont entre l’Hypercar et la Formule 1
L’aérodynamique est une science qu’il est essentiel de maîtriser pour gagner au Mans. En Championnat du Monde d’Endurance FIA WEC, le règlement limite l’appui qu’il est possible de générer. Il est nécessaire de rester dans une certaine fenêtre de performance, pour que tous soient sur un pied d’égalité. Pour faire simple, plus on cherche à augmenter l’appui pour plaquer la voiture au sol dans les virages, plus il faudra aussi augmenter la traînée – c’est à dire, ralentir volontairement la voiture en ligne droite. L’un ne doit pas aller sans l’autre, et c’est pourquoi il est encore plus difficile de se différencier sur ce point. Pourtant, la 499P se démarque, notamment au Mans, où les longues lignes droites favorisent les Hypercars à faible traînée.
Pour accomplir un tel exploit, Ferrari s’est aidé de son expérience acquise en Formule 1, en faisant intervenir de nombreux ingénieurs venus du monde de la monoplace. Ferdinando Cannizzo, responsable des programmes d’endurance pour Ferrari et aérodynamicien de métier, est l’un de ces transfuges. Il explique l’approche de Ferrari, sans révéler les secrets de l’italienne : « Elle correspond bien à ce tracé, car nous l’avons dessinée pour qu’elle soit compétitive ici(avec deux victoires et une Hyperpole en deux ans, le pari est totalement réussi, NDLR). C’est pour cette raison que, au début, nous avions du mal sur d’autres pistes », explique-t-il. Depuis, les améliorations et les réglages ont permis de combler cette lacune. En témoigne cette victoire à Imola en FIA WEC il y a peu, sur un circuit bien plus tortueux que Le Mans.
De l’extérieur, la Ferrari 499P est immédiatement reconnaissable. Outre sa fameuse robe rouge ornée de bandes jaunes – couleur de Modène, ville de naissance d’Enzo Ferrari –, ses formes aiguisées et son double aileron lui confèrent un look menaçant, mais ô combien apprécié par les fans ! Elle s’est imposée en quelques années comme l’une des icônes de l’endurance moderne, grâce à son palmarès, bien sûr, mais aussi ses lignes à la fois acérées et harmonieuses.
"Nous l’avons dessinée pour qu’elle soit compétitive au Mans"
Ferdinando Cannizzo, responsable des programmes endurance de Ferrari
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La 499P #83, pilotée par Ye Yifei, Robert Kubica et Philip Hanson, a brillé en ce début d'année. Elle est à suivre lors de ces 24 Heures du Mans.
TOSHIAKI UEDA (ACO)
Une histoire de compromis
Il ne sert à rien d’avoir un prototype rapide seulement en ligne droite ou sur un tour. Lorsque trois personnes se partagent le volant, la victoire revient souvent à la voiture la plus complète. Sur ce point, les pilotes Ferrari sont unanimes. C’est Robert Kubica, sur la 499P #83, qui en parle le mieux. « Il est essentiel de comprendre qu’on est trois à conduire. Quand toute l’équipe a la même vision, c’est plus facile, mais ce n’est pas toujours le cas ; certains ont des styles différents, et des opinions contraires quant à la direction à suivre. Il faut qu'un prototype d'endurance bénéficie d’une plage d’utilisation large, la plus large possible. Et c’est à nous de nous adapter. Si la 499P était trop pointue, trop aiguisée, ça conviendrait davantage à untel, mais nous serions moins performants et bien plus soumis aux changements de conditions », explique-t-il.
Si c’est au pilote de se conformer à son prototype, la 499P doit également pouvoir répondre présent, peu importe qui est au volant, et par tous les temps. Ferrari a beaucoup insisté sur la maniabilité et la polyvalence. C’est le paramètre dont Ferdinando Cannizzo est le plus fier. « Elle ne se démarque pas dans un domaine en particulier. C’est l’association d’un grand nombre d’éléments qui font de la Ferrari 499P une voiture géniale », confie-t-il. Robert Kubica, qui bénéficie d’une longue expérience en monoplace, est tout aussi élogieux : « Elle m’a tout de suite plu. Le retour d’information est très direct, et si je devais la décrire en un mot, je dirais qu’elle est facile à conduire ».
Cette année, comme en 2024, trois Ferrari 499P seront au départ des 24 Heures du Mans, et chacune a une bonne chance de s’imposer. Le début de saison FIA WEC a été marqué par la domination de la firme italienne : trois victoires en autant de courses (dont un triplé au Qatar), accompagnées de trois poles. Au vu de ces résultats, le Cheval cabré revêt naturellement le costume de favori.
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À partir du volant, le pilote peut régler des centaines de paramètres : par exemple, mettre plus de puissance de freinage sur l'avant ou sur l'arrière en fonction des virages qui arrivent.
JORDAN BONNIN (ACO)
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