Entouré pour Le Mans Classic de deux adjoints et dix commissaires de piste, Serge Letulle a en charge la zone 5 du circuit. Entre deux plateaux, il revient sur trente ans d’engagement bénévole au service d’une passion.
Sa passion, ce sont les sports mécaniques. Jeune homme, il s’adonne d’abord à la moto. A la course de côte. Mais, après son mariage et la naissance de son premier enfant, il arrête de courir – sans renoncer à sa passion. Le voilà donc qui vire vers le sport auto, côté coulisse. Un parcours qui passe entre autres par le poste de responsable du matériel dans l’écurie Tour Auto le conduit, en 1984, à devenir commissaire et à rejoindre le corps fédéral. Une trentaine d’années plus tard, on le retrouve au Mans, chef de zone de la zone 5, autrement dit les « S » de la Forêt, sa zone attitrée sur le grand circuit. Membre de l’ACO (où il est également licencié) et de l’Amicale des commissaires, il officie lors de toutes les courses du Mans : « C’est une grande chance d’être dans le secteur d’un tel circuit ! » Mais cela ne suffit pas tout à fait à nourrir sa passion.
Commissaire européen
Titulaire d’une licence internationale, il s’exporte volontiers sur les circuits d’Europe, de Spa à Silverstone en passant par Goodwood. Aller plus loin, sortir d’Europe ? Il ne serait pas contre ! Il observe avec intérêt les différences culturelles entre les pays. « En Grande-Bretagne, les commissaires sont presque tous issus des sports mécaniques – ce sont souvent d’anciens mécaniciens – et sont considérés par tous comme des officiels. » Les interprétations du règlement, aussi, ou les innovations, comme la création des « slow zones », partie du Mans, qui a fait école.
A la retraite, il passe entre 40 et 43 week-ends par an en course. « Il y a deux ans, précise-t-il, j’ai gagné le challenge de l’Amicale avec 112 points, ce qui correspond à une centaine de jours sur un circuit au cours de l’année. Lorsque j’étais en activité, je ne pouvais pas me libérer autant même si, technicien chez Michelin, j’avais la chance d’avoir un employeur conciliant. »
Aventure humaine
Certes, la course automobile évolue ; certes, la proximité entre les différents acteurs est moins grande qu’à l’époque où, en cas de panne « il nous arrivait de passer discrètement une pince ou un tournevis à un gars – je peux le dire, maintenant : il y a prescription ». N’empêche que les relations humaines ne sont pas pour rien dans l’attachement des commissaires à leur poste. Les équipes, constituées depuis parfois 25 ans, sont très soudées même si certains ne se voient qu’une fois par an tandis que d’autres partent en vacances ensemble, voire sont commissaires « en famille ». « Chez les jeunes générations, on a même assisté à quelques mariages de couples qui s’étaient rencontrés à leur poste de commissaire. » La centaine de commissaires internationaux qui se retrouvent souvent sur les circuits européens forme elle aussi un club informel.
Partout, on retrouve cette ambiance de fête entre copains liés par la passion de la mécanique et le bonheur d’appartenir « au milieu ».